À l’initiative du Qatar, les dirigeants des pays arabo-musulmans étaient réunis ce lundi à Doha afin de condamner collectivement l’attaque israélienne menée contre l’émirat, la semaine passée. Si une critique commune de l’entité israélienne a été largement exprimée, le sommet s’est conclu avec très peu de mesures concrètes. Récap.
Les dirigeants arabes et du Golfe ont vivement critiqué Israël lundi lors d’un sommet d’urgence organisé à Doha, après l’attaque récente visant des responsables du Hamas dans la capitale qatarie. La déclaration commune finale réaffirme l’attachement des États présents au droit international et « condamne fermement les actions génocidaires d’Israël à Gaza comme à Doha ».
En revanche, le communiqué ne mentionne aucune mesure concrète de représailles contre Israël comme une suspension des relations commerciales ou diplomatiques.
« Pourquoi assassinez-vous tous les négociateurs ? »
L’attaque israélienne, qui a fait cinq morts parmi les proches des cadres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a déclenché une vague de condamnations, y compris parmi les monarchies du Golfe, alliées des États-Unis. Washington a d’ailleurs formulé une réprobation inédite contre son allié israélien.
Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) visait à hausser le ton face à cette agression inédite à Doha — ville médiatrice des négociations pour un cessez-le-feu à Gaza. L’émir du Qatar a ouvert la réunion en accusant Israël de ne pas se soucier des otages à Gaza et de vouloir « assurer que Gaza ne soit plus habitable ».
« Si Israël souhaite assassiner les dirigeants du Hamas, pourquoi alors s’engager dans des négociations ? » a interrogé Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani. « Si vous insistez sur la libération des otages, pourquoi alors assassinez-vous tous les négociateurs ? » a-t-il ajouté, accusant Israël de tenter « de faire échouer les négociations ».
🇶🇦 Réunis en urgence en sommet à #Doha, les dirigeants arabes et musulmans ont appelé à "revoir" les liens avec #Israel après l'attaque ayant ciblé des responsables du #Hamas au Qatar pic.twitter.com/sdYxmrgy21
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) September 16, 2025
« Nous devons nous unir »
Parmi les pays présents figuraient les voisins du Qatar — Émirats arabes unis, Bahreïn — ainsi que l’Égypte, la Jordanie et le Maroc, tous ayant reconnu Israël. Les Émirats, Bahreïn et le Maroc ont toutefois délégué de hauts représentants plutôt que leurs chefs d’État.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, premier État arabe à avoir reconnu Israël, a averti que cette attaque « érige des obstacles devant toute perspective de nouveaux accords de paix et compromet même les accords existants ». « Demain, ce pourrait être le tour de n’importe quelle capitale arabe ou musulmane », a mis en garde le président iranien Massoud Pezeshkian, appelant à l’unité : « Le choix est clair. Nous devons nous unir ».
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Les déclarations ne libéreront pas la Palestine
Si une riposte militaire directe semble exclue, les conséquences devraient être principalement symboliques. Le projet de communiqué invitait les États à « revoir » leurs relations avec Israël et à « engager des poursuites » à son encontre ; la version finale se contente d’appeler à « prendre toutes les mesures légales et efficaces possibles pour empêcher Israël de continuer ses actions contre le peuple palestinien ».
Les divergences entre pays détenteurs d’accords avec Israël ont cependant limité toute décision radicale. Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, présent, a résumé la frustration : « Les condamnations n’arrêteront pas les missiles. Les déclarations ne libéreront pas la Palestine ». Il a demandé, en vain, « des actions sévères et punitives ».