Une campagne publicitaire lancée par l’Eurométropole de Strasbourg à l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées a suscité une vaine controverse politicienne typiquement “française”. En cause : la présence, sur l’une des affiches, d’une citoyenne portant le voile.
Censée mettre en avant les seniors de la ville, une campagne de communication à Strasbourg (Bas-Rhin) a déclenché une polémique stérile. Sur l’une des huit affiches de la campagne municipale : une femme voilée de 66 ans. Les critiques n’ont pas tardé à émerger de la part de certaines figures politiques.
L’affiche divise la classe politique non les citoyens
La maire écologiste de la capitale alsacienne, Jeanne Barseghian, a présenté samedi dernier une campagne vantant la « douceur de ville » avec, sur chaque visuel, le portrait d’un senior. Parmi eux, une habitante nommée Nacera, décrite comme « une femme souriante de 66 ans » portant un hijab jaune.
Rien de choquant pour les Strasbourgeois, à l’image de ce retraité interrogé par franceinfo : « Ça ne me dérange pas. Franchement, qu’est-ce qu’il y a de dérangeant ? Elle sourit, elle a l’air heureuse chez nous. Qu’est-ce qu’on veut faire ? Peut-être qu’elle a vécu toute sa vie ici, on n’en sait rien ».
L’image a surtout divisé la classe politique. La présidente du collectif Némésis, Alice Cordier, a dénoncé : « Strasbourg, avec une maire de la honte qui affiche une femme portant un symbole d’oppression et d’inégalité ». Une militante LR a ensuite partagé l’affiche sur ses réseaux en estimant qu’elle trahissait la laïcité. Bilan : deux millions de vues.
Une polémique stérile et islamophobe
Dans la foulée, la conseillère municipale socialiste Pernelle Richardot a exprimé son indignation : « C’est une utilisation du fait religieux à des fins politiques, à des fins électoralistes, c’est-à-dire nous dire : regardez, nous allons jusqu’à afficher une femme voilée dans l’espace public ».
Pourtant, le port du voile, de la kippa ou d’une croix dans l’espace public n’est pas interdit. Cette polémique sert surtout de caisse de résonance à une campagne islamophobe en ligne visant Nacera et la mairie, dont l’objectif était de mettre en avant la diversité culturelle et générationnelle.
Un hommage aux bénévoles
Floriane Varieras, adjointe EELV à la maire, rappelle qu’il s’agissait d’un hommage aux bénévoles : « Durant l’été, on a voulu pouvoir les mettre à l’honneur pour les remercier du travail qu’ils font à nos côtés ».
Le premier adjoint, Syamak Agha Babaei, a fait part de sa « sidération » : « Certains s’en offusquent ? Moi, j’y vois Strasbourg : un sourire lumineux, une histoire de travail, de soin, de dévouement ». La campagne d’affichage doit s’achever mercredi.
