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Palestine : la protestation ne doit pas faiblir tant que subsiste l’injustice

« Rester dans la rue ne signifie pas rejeter la négociation ; c’est exiger que celle-ci ait un sens concret. (…) La paix véritable ne peut co-exister avec l’occupation ». Pour le journaliste, Adnan Hmidan, « tant que les Palestiniens resteront privés de leurs droits, notre devoir est de maintenir leur cause visible, urgente et humaine ». Un article tiré du site Middle East Monitor.

Chaque fois que le monde entend parler d’un « nouveau développement » – une feuille de route, un cadre, ou maintenant la première phase de l’accord de Trump – beaucoup sont encouragés à croire que cela pourrait être le dénouement tant attendu. Des déclarations sont faites, l’optimisme est mis en scène, et la communauté internationale s’empresse de se féliciter des « progrès ». 

Mais pour les Palestiniens, de telles annonces ne suscitent pas d’espoir, mais évoquent le souvenir – le souvenir d’innombrables « phases » et « initiatives » antérieures qui promettaient le calme, mais n’ont apporté que davantage de destruction. C’est pourquoi nous continuons à marcher. 

Parce que chaque prétendue avancée a laissé intacte l’injustice fondamentale – le même siège, la même dépossession, la même impunité – le tout enrobé d’un nouveau langage et vendu au monde sous couvert de diplomatie. Pour ceux qui vivent ou travaillent au sein des communautés palestiniennes, il est douloureusement évident que le problème n’a jamais été l’absence d’accords, mais l’absence de justice. 

Adnan Hmidan

La pression morale ne doit pas faiblir

Chaque annonce d’accord est accompagnée d’un bref moment de soulagement. Des camions d’aide franchissent un poste de contrôle. Les dirigeants politiques parlent de « stabilité ». Les gros titres s’atténuent. Mais bientôt, le même schéma réapparaît : bombardements renouvelés, faim accrue, déplacements supplémentaires. Ce qui change, ce n’est pas la réalité de l’oppression, mais le langage utilisé pour la justifier. « Phases » remplace « opérations » ; « dispositifs de sécurité » remplace « occupation ». C’est un vocabulaire cruel destiné à rendre l’injustice raisonnable. 

Lorsqu’on nous demande : « Pourquoi continuer à protester maintenant qu’un accord a été conclu ? », notre réponse est simple : rien d’essentiel n’a changé. Le siège n’est toujours pas définitivement levé, les auteurs de crimes de guerre n’ont pas été traduits en justice, et les personnes déplacées n’ont aucune garantie de retour chez elles. Le droit à vivre librement et dignement n’est pas reconnu. Un accord qui laisse des personnes affamées, sans abri ou apatrides n’est pas un pas vers la paix ; c’est la continuation du même crime par des moyens différents. 

Rester dans la rue ne signifie pas rejeter la négociation ; c’est exiger que celle-ci ait un sens concret. Notre présence rappelle que la pression morale ne doit pas faiblir simplement parce que les politiciens ont trouvé un nouveau langage pour masquer l’injustice. En l’absence de responsabilité, la protestation devient un acte de préservation morale – la conscience collective refusant d’être réduite au silence

La marche pour Gaza, juin 2025

La liberté véritable ne peut coexister avec l’occupation

C’est pourquoi la rue est importante. C’est le seul lieu où les citoyens ordinaires peuvent s’exprimer sans filtre ni condition préalable. Les manifestants britanniques – de tous horizons et de toutes confessions – ont construit une ligne de front morale qui refuse que les droits humains soient réduits à des arguments diplomatiques. Leur persévérance a forcé les médias et les dirigeants politiques à affronter la dure réalité : la Grande-Bretagne ne peut prétendre soutenir le droit international tout en tolérant ses violations. 

Continuer à marcher, c’est aussi rejeter la fatigue. Habituer le monde à la souffrance des Palestiniens est en soi une tactique politique. La fatigue affaiblit la solidarité et normalise l’intolérable. Continuer à marcher, c’est résister à cette érosion morale – insister sur le fait que la compassion ne doit pas avoir de date de péremption. Chaque chant, chaque pancarte, chaque rassemblement est un petit acte de défiance contre l’idée que les puissants peuvent décider quand la justice est « opportune ». 

Le mouvement pour la Palestine n’est pas seulement motivé par la colère. Il repose sur la conviction que la justice, même différée, mérite d’être recherchée. Nous marchons non pas parce que nous rejetons la paix, mais parce que nous comprenons qu’aucun accord imposé sans justice ne peut jamais la créer. La paix véritable ne peut coexister avec le siège, ni la liberté sous occupation. 

Maintenir la cause Palestinienne visible et urgente

C’est pourquoi nous devons continuer. Parce que la première phase de l’accord de Trump, comme tous les plans précédents, offre une chorégraphie politique dénuée de toute substance morale. Elle modifie la forme, mais pas la réalité de l’oppression. Et tant que les Palestiniens resteront privés de leurs droits, notre devoir est de maintenir leur cause visible, urgente et humaine. 

Nous marchons pour ceux qui ont été déplacés à maintes reprises, pour les familles qui ont tout perdu mais refusent de perdre espoir, et pour un monde qui croit encore en la dignité de chaque vie humaine. Tant que la justice et la liberté ne seront pas instaurées pour la Palestine, nos pas ne s’effaceront pas. 

Adnan Hmidan 

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