Edit Template

‘Othman Ibn Madh’oun, le compagnon qui renonça à ce monde

Convertis de la première heure, ‘Othman Ibn Madh’oun est le premier mecquois musulman émigrant (muhajir) à mourir à Médine et le premier à être enterré dans le cimetière d’Al-Baqi’. Connu pour son ascétisme et son renoncement « aux plaisirs de ce bas monde », le Prophète ﷺ dira de lui : « ô Abu Saʾib, tu es parti de ce monde sans qu’il n’ait rien pris de toi et sans que tu n’aies rien pris de lui ». Portrait.

Son nom complet est Abou Saʾib ʿOthman Ibn Madhʿoun Ibn Habib Ibn Wahb. Dans l’échelle des convertis de la première heure, ʿOthman Ibn Madhʿoun occupe la quatorzième place. L’historien Ibn Ishaq rapporte : « Il s’est converti à l’islam après les treize premiers musulmans. » Il fut également le premier Mouhajir (émigrant) à mourir à Médine et le premier musulman inhumé au cimetière d’al-Baqi’. Dès sa conversion à l’islam, il mena une vie d’ascète jusqu’à sa mort.

Sa mère se nommait Soukhayla Bint ʿAnbas, et son épouse était Umm Hakim, Khawla Bint Hakim Al-Ansariyya. Il eut d’elle deux fils : ʿAbd Al-Rahman et Saʿib. Plus tard, après le décès d’ʿOthmān, Umm Hakim épousera le Prophète ﷺ. La sœur dʿOthman, Zaynab, était l’épouse de ʿOmar Ibn Al-Khattab ; ainsi ʿAbd Allah Ibn ʿOmar, Hafsa et ʿAbd Al-Rahman Ibn ʿOmar furent ses neveux et nièces.

ʿOthman ainsi que son frère ʿAbd Allah Ibn Madhʿoun et son fils Saʿib participèrent à la migration vers l’Abyssinie, puis à celle vers Médine, et enfin à la bataille de Badr.

‘Othman Ibn Madh’oun

Une éclosion spirituelle au contact du Prophète

Issu du petit peuple mecquois, ʿOthman Ibn Madhʿoun se convertit très tôt à l’islam. Selon les chroniqueurs, il fut la quatorzième personne à prononcer la double profession de foi. De sa conversion, on rapporte le récit suivant : « Assis dans la cour de la Mosquée sacrée, le Messager de Dieu ﷺ vit ʿOthman Ibn Madhʿoun passer devant lui et le salua. Le Prophète l’invita à s’asseoir près de lui. Bien qu’il éprouvât encore de l’aversion pour l’islam, ʿOthman accepta et prit place auprès du Messager de Dieu.

Il l’écoutait avec attention lorsque soudain il le vit lever les yeux vers le ciel, puis les baisser vers le sol, se lever et s’arrêter à l’endroit qu’il fixait, hochant la tête comme pour méditer ce qu’il entendait, avant de lever à nouveau le regard vers le ciel, où ses yeux semblèrent se perdre un moment. Puis le Messager de Dieu ﷺ revint s’asseoir à la place qu’il avait quittée.

ʿOthman Ibn Madhʿoun lui dit alors : “Mohammad, il m’est arrivé de passer des heures en ta compagnie, je ne t’ai jamais vu agir comme tu viens de le faire. Je t’ai vu regarder le ciel, puis le sol, te lever et fixer à nouveau le ciel comme si tu écoutais quelque chose.” “L’as-tu remarqué ?”, répondit le Prophète ﷺ avant d’ajouter : “Eh bien, Djibril m’est apparu pendant que nous étions assis.” “Et que t’a-t-il dit ?”, demanda ʿOthman.

Le Messager de Dieu ﷺ répondit : “Il m’a dit : ‘Dieu recommande la justice, la charité et la bienfaisance envers les proches. Il interdit la turpitude, l’injustice et l’oppression. Il vous exhorte. À vous de vous en souvenir.” C’est alors que la foi remplit le cœur de ʿOthman Ibn Madhʿoun ».

La Mecque (reconstitution)

Persécution des Qoraïchites et émigration en Abyssinie

Dès sa conversion à l’islam, ʿOthman devint un habitué de la maison d’al-Arqam, où le Prophète ﷺ transmettait et expliquait les principes de l’Islam. Mais très vite, les persécutions des notables qurayshites s’abattirent sur lui. À l’instar des musulmans faibles, dépourvus de soutien clanique, il subit toutes sortes d’exactions. Pour fuir les railleries et les tortures, ʿOthman Ibn Madhʿoun émigra avec d’autres musulmans en Abyssinie. Il fut alors désigné émir du premier groupe d’émigrés.

Dans le pays du Négus, les exilés purent pratiquer librement leur religion. Plus tard, alors qu’ils se trouvaient encore en exil, une information leur parvint de La Mecque : les habitants de la ville sainte se seraient tous convertis à l’islam. À cette nouvelle, une immense joie emplit leurs cœurs. Mais sur le chemin du retour, ils déchantèrent : on les informa qu’il ne s’agissait que d’une rumeur sans fondement. La ville sainte restait tenue d’une main de fer par les Qurayshites.

Coincé dans la cité mecquoise, ʿOthman dut recourir à la vieille coutume arabe du jiwār, c’est-à-dire le droit de protection accordé par un notable à une personne menacée. À cette fin, il sollicita la protection de Al-Walid Ibn al-Mughira, un notable mecquois. Dès lors, il pouvait entrer librement à La Mecque. En revanche, pour beaucoup de ses coreligionnaires d’exil qui n’avaient pu obtenir pareille protection, les persécutions reprirent de plus belle.

Ne supportant plus que ses compagnons continuent à être maltraités, il alla trouver son protecteur Ibn al-Mughira pour lui demander de lever publiquement la protection qu’il lui accordait. Étonné, ce dernier lui dit : « Pourquoi, ô fils de mon frère ! Un des hommes de mon clan t’a-t-il fait du tort ? ». « Non, mais la protection de Dieu me suffit et je ne veux pas que quelqu’un d’autre me protège », répondit ʿOthman. Al-Walid se rendit alors près de la Kaaba et proclama publiquement qu’Ibn Madhʿoun n’était plus sous sa protection.

Une vie d’ascétisme et de renoncement

Suite à cette levée de protection, ‘Othman se plaça ainsi dans les mêmes conditions que ses frères en islam, partageant leurs souffrances avec patience. Pour fuir, à nouveau, les persécutions, il émigra une seconde fois, mais cette fois-ci définitivement, à Médine. Dans la ville lumineuse, il put enfin se consacrer en paix à l’adoration de Dieu. En effet, ʿOthman était un compagnon singulier. Depuis qu’il avait embrassé l’islam, il jeûnait le jour et passait la nuit à prier.

ʿOthman avait renoncé à tous les plaisirs de ce bas monde. Il s’habillait de haillons et ne consommait qu’un minimum de nourriture, juste de quoi subsister. Son ascétisme était si profond qu’il s’abstenait même de tout rapport conjugal. À ce sujet, Ibn Jurayj rapporte qu’Ikrima a dit : « Un groupe d’hommes dont ʿOthman Ibn Madhʿoun, Ibn Masʿoud, Al-Miqdad Ibn Al-Aswad et Salim, l’affranchi de Ḥudhaifa, voulurent se consacrer entièrement au culte de Dieu.

À ces fins, ils se cloîtrèrent dans leurs demeures, s’abstinrent des femmes, portèrent des vêtements modestes et s’interdirent de manger. Ils passèrent leurs nuits et leurs jours à prier. Dieu fit alors descendre le verset 31 de la sourate Al-Aʿrāf (7) : { Ô enfants d’Adam ! Dans chaque lieu de prière, portez votre parure, mangez et buvez, et ne commettez pas d’excès, car Il [Allah] n’aime pas ceux qui commettent des excès }.

Après la révélation de ce verset, le Prophète ﷺ les convoqua et leur dit : « Vos âmes et vos yeux ont des droits sur vous : jeûnez et rompez le jeûne, priez la nuit et dormez. N’appartient pas à ma communauté celui qui se détourne de ma voie ». Ils répondirent alors : « Nous sommes soumis et nous nous conformerons à la révélation » ».

« Quel bon prédécesseur fut pour nous ʿOthman Ibn Madhʿoun »

‘Othman Ibn Madhʿoun, l’ascète, fut le premier musulman émigrant (muhajir) à mourir à Médine en l’an 623, environ trente mois après l’arrivée du Prophète ﷺ dans la cité. Il fut également le premier à être enterré dans le cimetière d’Al-Baqiʿ. Selon Ibn ʿAbd al-Barr, certains rapportent qu’il mourut peu après la bataille de Badr. L’Envoyé de Dieu nourrissait pour lui un grand amour.

Le jour de son décès, des larmes coulèrent sur le visage béni du Messager ﷺ. Il posa ses mains sur la tête du défunt et l’embrassa sur le front en disant : « Que Dieu te soit miséricordieux, ô Abu Saʾib ! Tu es parti de ce monde sans qu’il n’ait rien pris de toi et sans que tu n’aies rien pris de lui ». Dans une autre variante, le Prophète l’embrassa entre les yeux et dit : « Quel bon prédécesseur fut pour nous ʿOthman Ibn Madhʿoun ».

Cimetière d’Al Baqi’, Médine

ʿOmar Ibn al-Khattab pensait que seule la mort en martyr était vraiment digne et honorable. À ses yeux, quelle que soit la piété d’un croyant, sa rétribution ne pouvait égaler celle de celui qui se sacrifie sur le sentier de Dieu. Il déclara donc quelque temps après le décès d’Othman : « Lorsque ʿOthman Ibn Madhʿoun mourut d’une mort naturelle, il perdit un peu de mon estime dans mon cœur. Je me suis dit : “Regardez un peu celui d’entre nous qui était le plus renonçant à ce monde. Voilà qu’il meurt d’une mort naturelle”.

Mais lorsque le Prophète mourut de mort naturelle, et après lui Abu Bakr, je me suis dit : “Malheur à toi, ʿOmar ! Les meilleurs d’entre nous meurent de mort naturelle”. Et il (Ibn Madhʿoun) reprit l’estime qu’il avait dans mon cœur ». Le fils d’Othman, Saʿib, qui émigra avec son père en Abyssinie puis à Médine, mourut en martyr à la bataille de Yamāma, à l’âge de trente ans.

Ibrahim Madras

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Prouvez votre humanité: 5   +   1   =  

NEWSLETTER

PUBLICATIONS

À PROPOS

Newsletter

© Mizane.info 2017 Tous droits réservés.

slot777