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vendredi 19 avril 2024

Mustafa Siba’i : soufisme négatif et engagement politique

Mustafa Siba’i, au cours d’un congrès.

Docteur en sciences islamiques sur le thème de « La position de la Sunna dans la législation », professeur de droit à l’université de Damas, Mustafa Siba’i est le fondateur de la branche syrienne des Frères musulmans en 1945. Dans son ouvrage traduit en français sous le titre « Nos valeurs sociales », Mustafa Siba’i formule une critique contre l’apolitisme de ce qu’il nomme « le soufisme négatif ».

La première catégorie [de savants] se compose des savants vertueux et pieux, dévoués à Allâh dans leur adoration et leur science, mais qui sont éloignés des affaires de ce bas-monde sans être au courant des problèmes des musulmans de près ou de loin.

Cette catégorie de savants ressemble à la catégorie de savants musulmans de ces derniers siècles, profondément influencés par le soufisme négatif et portés sur le retrait de la vie active.

Le retrait politique des savants de l’islam

Ces savants voyaient le salut et la proximité d’Allâh dans le renoncement à ce bas-monde, dans l’éloignement par rapport à ses habitants et ses événements.

C’est cela au demeurant qui a fait en sorte que les musulmans tombent sous l’emprise des tyrans et des oppresseurs durant ces temps-là, dans la mesure où ces savants avaient abandonné la mission de défendre les droits des musulmans, leur dignité et leur profession de foi.

De ce fait, les tyrans se sont comportés comme ils ont voulu en semant la terreur et la corruption sur terre, sans trouver celui qui leur rappelle la vérité, les remet sur le droit chemin et leur fait craindre la réaction du peuple s’ils persistent dans leur iniquité. C’est ainsi que se sont comportés leurs prédécesseurs hier et c’est ainsi qu’ils se comportent aujourd’hui.

Je ne sais pas s’ils se rappellent, dans leur retraite, ce qu’Allâh a imposé aux savants comme obligation de donner des conseils, d’enseigner aux gens, de les exhorter, de les guider, et de défendre les limites sacrées d’Allâh ?

Ou bien interprètent-ils tout cela à la lumière de certains hadîths qui incitent à l’isolement, alors que la plupart d’entre eux n’ont pas de fondement dans la Sunna et que le sens apparent de ceux qui sont authentiques possèdent une interprétation conforme aux principes de la Sharî’a et de ses règles ?

L’engagement social, une nécessité

Je ne sais pas comment ils interprètent cette parole du Très-Haut :

Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront. 》[S. 3 – v. 104]

Ceux qui délaissent cette mission et se permettent de l’abandonner, ont-ils oubliés cette parole du Prophète ﷺ : « Le meilleur jihâd est une parole de vérité face à un monarque injuste. » [Ahmad | At-Tabarâni | Ibn Mâjah]

L’accomplissement du devoir de conseil, d’enseignement et de défendre de l’Islâm, est meilleur aux yeux d’Allâh que les œuvres surérogatoires de dévotion.

Les premiers musulmans avaient compris cette réalité et, à ce titre, ils ne sont pas permis de s’isoler des gens pour de consacrer à la dévotion, malgré l’essor du bien et la rareté du mal à leur époque. Que dire alors de notre époque ?

Chihâb Ibn ‘Abdallâh al-Khoulâni a dit : « Sa’d – qui était un des compagnons de Ya’la Ibn Oumeyya – est venu un jour à Médine chez ‘Umar qui lui a dit : « Où veux-tu aller ? » « Faire le jihâd » Répondit-il. « Retourne chez toi, lui dit ‘Umar, car dire la vérité est un bon jihâd ! » Ce sont là les propos de ‘Umar à l’adresse d’un savant voulant partir faire le jihâd. Que dire de celui qui s’isole des gens et préfère la tranquillité à l’épreuve ?

Mustafa Siba’i – Nos valeurs sociales

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