Menacée de fermeture par le préfet pour la deuxième fois en un an, la mosquée marseillaise des Bleuets a tenu une conférence de presse ce mercredi 24 septembre. Entouré de ses avocats et de nombreux soutiens, l’imam Ismail (Smaïn Bendjilali) a dénoncé « un acharnement » et affirmé être « prêt à un bras de fer » avec la préfecture.
La mosquée des Bleuets de Marseille est une nouvelle fois menacée de fermeture par le préfet des Bouches-du-Rhône. Dans un courrier daté du 15 septembre, la préfète déléguée à la police affirme « envisager la fermeture temporaire » de l’édifice, évoquant des publications de l’imam « appelant à la haine, à la violence ou à la discrimination », toujours visibles en ligne, ainsi que le maintien de ses fonctions au sein de la mosquée.
Lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi, l’avocat de la défense, Me Sefen Guez Guez, a indiqué se préparer à saisir le tribunal administratif de Marseille afin de contester l’arrêté de fermeture du lieu de culte situé dans les quartiers nord.
L’imam Ismail dénonce « un acharnement politique »
Devant les fidèles, plusieurs élus de gauche – dont le député LFI Sébastien Delogu et la conseillère municipale EELV Nouriati Djambae – ainsi que ses avocats, l’imam Ismail (Smaïn Bendjilali) a dénoncé « un acharnement politique » et affirmé « avoir les outils juridiques et intellectuels » pour s’opposer à la décision préfectorale.
Pour les avocats, la procédure engagée « repose sur pas grand-chose ». « Il n’y a rien sur des propos tenus dans cette mosquée. 98 % de ce qui est notifié provient d’anciennes publications sur les réseaux sociaux, datant de plus d’un an », détaille Me Guez Guez.
« On lui reproche aussi des citations du prophète contenues dans un livre offert aux fidèles. Des textes par nature polysémiques, et dont le préfet fait une interprétation extrême. Si des choses sont répréhensibles par la loi, que le préfet les signale aux juges. Mais nous ne sommes pas là pour avoir des conversations théologiques avec le représentant de l’État. »
Dénoncer l’islamophobie et la génocide à Gaza ne sont pas des crimes
Depuis mai, l’imam Ismail a repris ses fonctions après avoir obtenu son diplôme universitaire. Condamné à six mois de prison avec sursis pour apologie du terrorisme, en raison d’un retweet lié au génocide à Gaza, il n’avait cependant pas été frappé d’une interdiction d’exercer, contrairement à ce qu’avait requis le parquet.
« On ne peut pas punir tous les fidèles et fermer un lieu qui rassemble le quartier, musulmans ou pas, pour des motifs bassement politiques », souligne l’imam. « Malgré les réquisitions du procureur, le juge m’a autorisé à animer les prêches. J’aimerais donc que le préfet respecte l’état de droit ».
« Au nom de quel titre le préfet se croit légitime à dire quelle est la bonne pratique du dogme ? », questionne Me Rafik Chekkat. « On lui reproche aussi ses positions politiques, comme l’usage du terme islamophobie d’État ou son soutien à la Palestine, comme si c’était un crime ».
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Les fidèles font bloc
Cette fois, l’idée d’un retrait semble exclue. « L’hypothèse d’un départ de l’imam des Bleuets est rejetée par tous les fidèles, et même par le conseil départemental du culte musulman, solidaire de la mosquée », confirme Me Chekkat. « Il faut engager un bras de fer avec l’État ».
Avant la conférence, un rassemblement de soutien s’était tenu. « Les Bleuets ne sont pas une colonie », a lancé le député LFI Sébastien Delogu. « C’est fini le temps des punitions collectives. S’il y a un problème avec l’imam, c’est à la justice de le régler ».
Interrogé sur ces critiques, le préfet Georges-François Leclerc a réaffirmé jeudi ses motivations : « Il y a là un imam condamné par la justice pour apologie du terrorisme. Il continue à proférer des propos que j’estime incitatifs à la haine. J’ai donc engagé une procédure contradictoire ».
