Le maire de Meyzieu, près de Lyon, avait interdit le salon islamique Aux Sources, prévu les 17 et 18 mai, en justifiant cette interdiction par la participation des prédicateurs Vincent Souleymane et Yusuf Ibram. L’association organisatrice a néanmoins obtenu la levée de cette interdiction en référé. Explications.
Le salon islamique Aux Sources, prévu les 17 et 18 mai à Meyzieu, près de Lyon, aura finalement lieu. L’annonce de son interdiction faite mardi soir par le maire divers droite, Christophe Quiniou en raison de la participation des prédicateurs Vincent Souleymane et Yusuf Ibram, n’aura pas convaincu la justice qui atranché en référé en faveur de l’association musulmane.
Une polémique lancée par la fachosphère
Ce salon, axé sur une série de conférences autour du thème « agir pour demain », a suscité la polémique après une alerte lancée par Tiffany Joncour, députée RN du Rhône. La présence du prédicateur français Vincent Souleymane a particulièrement attiré l’attention des autorités. « Nous connaissons parfaitement cet individu », a déclaré Bruno Retailleau à l’Assemblée nationale mardi.
Le ministre de l’Intérieur, avait alors donné « des instructions très claires » à la préfète du Rhône pour faire interdire l’événement. Pour les services ministériels, plusieurs des intervenants annoncés étaient soupçonnés, sans fournir d’éléments probants, d’être « salafo-fréristes », notamment Vincent Souleymane et le prédicateur suisse Yusuf Ibram.

Deux prédicateurs particulièrement visés
Dans un arrêté préfectoral, datant du mercredi 14 mai, Vincent Souleymane avait été accusé d’afficher « régulièrement son rejet de “l’islamophobie d’État”, du “sionisme” et des mouvements féministes ou LGBT », et de relayer « des propos à connotation complotiste ». On lui reprochait également sa dénonciation du génocide à Gaza.
Contacté par Mizane.info, Vincent Souleymane avait dénoncé une campagne calomnieuse menée sur la base d’une dénonciation de l’extrême droite contre sa personne.
« Cette interdiction émane du signalement d’un influenceur d’extrême droite, relayé par une députée également d’extrême droite. Elle repose sur des accusations mensongères et sans fondement. Celles-ci furent reprises par la plupart des médias sans qu’aucune vérification ne soit effectuée, ni droit de réponse de ma part, comme la déontologie journalistique l’exige. »
L’enseignant en sciences islamique avait qualifié par ailleurs les accusations de propos complotistes sur l’Ukraine comme étant « sans fondement ». En ce qui concerne les attentats djihadistes en France, il a réaffirmé sa condamnation sans réserve de ces attentats comme il l’a toujours fait.
« Il semblerait, estime Vincent Souleymane, que le problème vienne plus de ma foi que de mes positions, que je partage avec de nombreuses personnes sans qu’elles ne soient inquiétées. »
Concernant Yusuf Ibram, l’arrêté évoquait, toujours sans fournir d’éléments tangibles, des positions « condamnant le port de vêtements légers pour les femmes » ou encore des propos traitant de ce sujet. Une autre justification plutôt étonnante, de la préfecture, concerne « la présentation faite des intervenants sur le site internet de l’évènement », notamment en ce qui concerne « le positionnement de la femme par rapport aux hommes ».
« En effet, si chaque intervenant masculin est présenté avec la photographie de son visage, les deux seules femmes intervenantes sont chacune représentées par une silhouette sans visage et voilée, pratique caractéristique des mouvements fondamentalistes. »
Une décision « infondée et attentatoire aux libertés fondamentales »
Dans un communiqué, publié hier, l’association Aux Sources déclare avoir pris « acte avec indignation de l’arrêté municipal interdisant la tenue de la troisième édition de son événement » mais estime que cette interdiction apparaît « infondée, disproportionnée et attentatoire aux libertés fondamentales ».
Après avoir saisi la justice en référé pour obtenir le maintien de l’événement, l’association a obtenu gain de cause.

Cette tentative d’interdiction d’un événement culturel musulman s’inscrit dans un contexte répressif et attentatoire aux libertés. Des dissolution d’associations militantes sur la question palestinienne se poursuivent et des perquisitions visant les membres du Collectif contre l’islamophobie en Europe ont eu lieu récemment.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé dans plusieurs déclarations sa volonté de combattre ce qu’il nomme l’islamisme, sans plus de précisions. Beaucoup de commentateurs estiment que ces éléments de langage vise tout citoyen de confession musulmane portant une parole critique.
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