Dans une tribune, paru hier dans Le Monde, Azzedine Gaci et Kamel Kabtane, respectivement recteurs des mosquées de Villeurbanne et de Lyon, déplorent les raccourcis suscités par le rapport sur les « Frères musulmans » jetant, sans preuves tangibles, le discrédit « sur des mosquées françaises parfaitement intégrées dans le tissu social national ». Récap.
« Assimiler les mosquées à un projet politique insidieux ou à des influences étrangères, sans preuves claires et tangibles, revient à criminaliser leur existence même » déclarent, dans une tribune publié ce lundi dans Le Monde, les deux recteurs Azzedine Gaci et Kamel Kabtane, en réaction au rapport « Frères musulmans et islamisme politique en France ».
Un rapport qui jette le discrédit sur les mosquées de France
« La publication du rapport intitulé : Frères musulmans et islamisme politique en France, le 21 mai, a suscité de nombreuses réactions, tant dans les milieux associatifs que religieux », soulignent, dans leur tribune, les deux recteurs qui déplorent un document « prend le risque grave de jeter le discrédit sur des mosquées françaises parfaitement intégrées dans le tissu social national ».
« Les mosquées visées dans ce rapport sont construites, financées et animées par des citoyens français », rappellent Azzedine Gaci et Kamel Kabtane. « Elles accueillent chaque jour des fidèles français, et jouent un rôle essentiel bien au-delà de la seule dimension spirituelle » poursuivent-ils.
« Ce sont des lieux de socialisation, d’entraide, d’éducation, de dialogue interreligieux, de soutien aux plus démunis (…) les premiers relais de prévention contre les dérives radicales. Leur engagement est constant, structuré, et profondément ancré dans les valeurs républicaines. »
De quoi le rapport sur l'entrisme supposé des Frères musulmans en France est-il le nom ? Le symptôme ? Quels sont les objectifs politiques de cette nouvelle campagne publique ? Retour sur l'info a mis le doigt sur les dessous d'un enfumage très français. https://t.co/ZZ54ysL0c3 pic.twitter.com/cDtFzDrSww
— Mizane.info (@MizaneInfo) May 23, 2025
« Assimiler ces mosquées à un projet politique revient à criminaliser leur existence »
Prenant en exemple le rôle du Conseil des mosquées du Rhône (CMR), fondé en 2019, les deux recteurs indiquent que le CMR se distingue « par son engagement dans la prévention de la radicalisation, en promouvant un discours religieux critique à l’égard des interprétations fondamentalistes et en valorisant une lecture contextualisée des textes sacrés ».
Lire sur le sujet : Frères musulmans en France : les contradictions d’un rapport d’état
Pour Azzedine Gaci et Kamel Kabtane, « assimiler ces mosquées à un projet politique insidieux ou à des influences étrangères, sans preuves claires et tangibles, revient à criminaliser leur existence même ». Ce genre de propos, devenu standard dans l’échiquier politique français, « alimente une suspicion généralisée envers des milliers de citoyens, et contribue à créer une fracture là où il faudrait renforcer la cohésion ».

« L’islam de France ne se construit pas dans les cabinets »
« L’islam de France ne se construit pas dans les cabinets ou les fantasmes dictés par des agendas politiques, mais dans les quartiers, les villes, les mosquées. Par des Français, pour des Français », rappellent les deux recteurs, qui appellent « à une démarche responsable, rigoureuse et équitable ».
« Les institutions religieuses doivent être jugées non pas sur des intentions supposées, mais sur leurs actions, qui sont exemplaires pour de nombreuses mosquées françaises. »
Pour les deux cadres du du Conseil des mosquées du Rhône (CMR), « ces rapports inquisitoriaux portent atteinte aux valeurs fondamentales de la démocratie ».