Alors que la famine et les bombardements s’intensifient à Gaza, la commissaire européenne à l’aide humanitaire, Hadja Lahbib, exhorte l’Union à parler d’une seule voix et à assumer son rôle international.
« Nous sommes à un carrefour et il est temps pour l’Union européenne d’intervenir d’une façon conforme à sa stature mondiale », a affirmé la commissaire européenne en charge de l’assistance humanitaire, Hadja Lahbib, lors d’un échange avec des journalistes. « L’heure est venue pour l’Europe de s’exprimer d’une seule voix sur Gaza. »
« Ce qui se déroule là-bas m’obsède et devrait tous nous marquer, car c’est une catastrophe, et l’histoire ainsi que nos petits-enfants nous jugeront », a-t-elle poursuivi. « Nous ne pouvons pas rester passifs et simplement observer des civils innocents, des travailleurs humanitaires, des journalistes être tués et mourir de faim. »
Une famine « évitable »
Les chefs de la diplomatie européenne se retrouveront vendredi et samedi à Copenhague pour une réunion informelle où la situation dans Gaza sera évoquée, sans attendre de décisions.
À Gaza, « on parle d’une famine au XXIe siècle, la première jamais enregistrée au Moyen-Orient », a insisté la commissaire. « Ce qui est particulièrement bouleversant et désolant, c’est qu’il s’agit d’une famine que nous aurions pu prévenir si nous avions pu fournir notre aide humanitaire. »
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, avait déclaré en juillet avoir conclu un accord avec Israël pour faciliter l’acheminement de l’assistance internationale. Mais cet accord n’a été que « partiellement » appliqué, a précisé Mme Lahbib. « Quelques avancées » existent, mais elles demeurent largement insuffisantes.
Nouvelles frappes et condamnations
Au moins dix Palestiniens ont péri dans des frappes israéliennes depuis mercredi à l’aube, d’après Associated Press. Une personne a été tuée près d’un centre de distribution dans le centre de Gaza. À Khan Younès, trois civils, dont une femme et un enfant, sont morts dans une frappe touchant des tentes de déplacés, faisant aussi 21 blessés. Trois attaques distinctes dans la même ville ont coûté la vie à six autres personnes, a indiqué l’hôpital Nasser.
La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a dénoncé l’assassinat « injustifiable » de journalistes à Gaza : « Il s’agit d’une attaque intolérable contre la liberté de la presse et contre tous ceux qui risquent courageusement leur vie pour relater la tragédie de la guerre. »
Selon le ministère de la santé de Gaza, soixante-seize personnes ont été tuées au cours des dernières vingt-quatre heures, dont 18 qui attendaient de recevoir de l’aide. Dix autres sont mortes de faim dans le même laps de temps.
Cisjordanie et Syrie également frappées
L’armée israélienne a mené à l’aube une vaste opération dans la vieille ville de Naplouse, mobilisant blindés et soldats. Mardi, elle avait déjà conduit un raid à Ramallah contre un bureau de change, saisissant plus de 385 000 euros, estimés liés à des activités terroristes.
En Cisjordanie, sous occupation israélienne depuis 1967, « 982 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes et des colons depuis octobre 2023, et plus de 42 000 ont été déplacés par des opérations militaires, des destructions de maisons et des agressions de colons », a dénoncé mercredi sur X le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits humains.
En Syrie, « six soldats de l’armée syrienne ont été tués par des frappes de drones israéliens » ayant visé mardi la zone de Kissoué, près de Damas, a annoncé la télévision d’État. Le ministère syrien des affaires étrangères a « condamné avec force l’attaque », dénonçant « une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie ».