Comment l’islam est-il arrivé au pays des hautes technologies et du taekwondo ? Bref retour sur l’histoire méconnue des musulmans de Corée.
L’afflux de musulmans dans la péninsule coréenne n’est pas un phénomène récent, mais plutôt un long processus historique. C’est sous la dynastie chinoise Tang (617-907) que le monde islamique a pris conscience de l’existence de la Corée, tandis que les Coréens ont rencontré des musulmans pour la première fois sous leur propre dynastie Goryeo (918-1392). Cependant, il n’y a eu aucune communauté musulmane ethnique en Corée avant la fin de la guerre de Corée (1950-1953). (Baker 2006, 25).
Premiers contacts et échanges anciens
Même sous la dynastie Silla, qui a précédé Goryeo, on suppose que les Coréens ont pu rencontrer des personnes issues du monde islamique dans de rares cas. Certains documents historiques des dynasties Silla et Goryeo évoquent des rencontres entre Coréens et Arabes. Par exemple, des poèmes traditionnels coréens comme « Cheoyongga » (Le Chant de Cheoyong) et « Ssang-hwajeom » (Le Magasin de raviolis) racontent des histoires de personnes d’origine arabe ou turque (Cheong 2002, 339).

De plus, des marchands musulmans avaient visité la péninsule coréenne pour commercer sous les dynasties Silla et Goryeo. Certains de ces premiers marchands reçurent même des noms de famille coréens et furent naturalisés, devenant ainsi les ancêtres fondateurs de clans tels que le clan Jang de Deoksu et le clan Seol de Gyeongju (Baker 2006, 27 ; Cheong 2002, 336-339). Cependant, ces cas étaient rares et plutôt symboliques. Ces cas n’ont pas non plus de répercussions significatives aujourd’hui, car les musulmans étaient autrefois isolés de leur culture d’origine et tous ont été assimilés et naturalisés dans la société locale.
La guerre de Corée, un tournant décisif
Les forces armées turques ont non seulement participé aux batailles, mais ont également pris part aux reconstructions d’après-guerre, comme la construction de l’école d’Ankara. Une communauté musulmane de facto est finalement apparue en Corée dans les années 1950, grâce à l’influence des troupes turques restées en Corée du Sud après la guerre de Corée.
En tant que membre des Nations unies, les forces turques ont participé aux combats et aux reconstructions. Les commandements militaires n’avaient pas autorisé les missions islamiques au début, mais ils ont tacitement approuvé des activités religieuses partielles après 1955. C’était la première fois que l’islam commençait à être reconnu par les Coréens. Le 15 septembre 1955, le Collège Nonghyup a organisé l’Association coréenne de l’islam avec 70 participants musulmans coréens.
Des mosquées pour sceller des alliances
Depuis, la communauté musulmane de Corée s’est tellement développée que l’Association islamique coréenne a changé de nom pour devenir la Fédération musulmane de Corée en 1967. À cette époque, le président Park Chung-hee envisageait de construire une mosquée afin d’améliorer les relations avec les pays du Moyen-Orient et d’attirer l’« argent du pétrole ».

Le président Park a proposé de fournir un terrain pour la construction d’une mosquée, tandis que les pays du Moyen-Orient ont répondu en finançant le projet. En septembre1970, un sitede 4 950 m² fut confirmé à Hannam-dong, à Séoul, et grâce à plusieurs levées de fonds, la première mosquée de Corée a finalement été construite en 1976 à Itaewon, ainsi qu’un orphelinat (Baker 2006, 28 ; Hong 2008, 25).
Croissance puis essoufflement de la communauté
La petite communauté musulmane des années 1950 s’est développée dans les années 1960 et 1970, en partie grâce aux conversions des ouvriers coréens travaillant sur des chantiers au Moyen-Orient. L’intérêt pour l’islam a ensuite décliné jusqu’aux Jeux olympiques de Séoul de 1988, après lesquels de nombreux travailleurs immigrés musulmans se sont installés en Corée.
En 1990, on estimait à 35 000 le nombre de musulmans en Corée, et des mosquées supplémentaires furent ouvertes à Busan et Jeonju. Aujourd’hui, on compte entre 130 000 et 140 000 musulmans en Corée, dont au moins 45 000 Coréens.
Malgré cette croissance, la communauté est restée marginale dans les années 1980 et 1990, considérée avant tout comme un ensemble d’étrangers. Ce n’est que récemment que des chercheurs ont commencé à s’y intéresser.
Immigration récente et diversité ethnique
De nombreux musulmans vivent aujourd’hui dans le « Village sans frontières » d’Ansan, organisant des prières dans des mosquées (masjid) ou des salles de prière (musallah). La communauté est hétérogène : Moyen-Orient, Asie centrale, Asie du Sud et Asie du Sud-Est. Les Ouzbeks, Indonésiens, Pakistanais et Bangladais forment les groupes les plus nombreux, souvent employés comme ouvriers non qualifiés.
L’arrivée d’étudiants étrangers soutenus par leurs gouvernements renforce aussi cette diversité. Le nombre d’immigrants d’Asie centrale progresse rapidement, bien qu’il soit difficile d’évaluer leur proportion musulmane. En 2006, les mariages entre Coréens et femmes étrangères atteignaient 30 000. Les musulmans du Golfe, bénéficiant de soutiens financiers étatiques, mènent une vie plus stable que ceux venus d’Égypte ou du Soudan, employés pour la plupart comme simples travailleurs.
2 réponses
Ma sha Allah
Ma sha Allah une religion pour l’humanité