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jeudi 28 mars 2024

Le sacrifice d’Ibrâhîm, une relecture biaisée de la miséricorde divine

Mostafa Brahami.

Elève historique du grand penseur Malek Bennabi, diplômé en physique quantique, docteur en économie, Mostafa Brahami est l’ancien directeur de la revue universitaire algérienne « Tadhkir » et l’auteur de nombreux ouvrages sur l’islam. Dans une tribune que publie en exclusivité Mizane Info, Mostafa Brahami apporte une réponse argumentée et méthodique au prêche de l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou sur le sacrifice d’Ibrahim. Il y réfute point par point les éléments de langage mobilisés par Tariq Oubrou pour justifier une interprétation psychanalytique et anthropologique désacralisante de ce sacrifice, ouvrant, par-là même, un débat fécond sur les limites de l’approche sectorisée des sciences humaines dans l’étude des sources textuelles de l’islam. 

Il y a quelques-temps de cela, Tareq Oubrou, « imam de profession » (titre de l’ouvrage co-écrit avec Cédric Baylocq et Michaël Privot) a effectué un prêche concernant une relecture du sacrifice d’Ibrâhîm, relecture aux accents « psychanalytiques et anthropologiques ». Une relecture sous-tendue par le rejet de la violence. Cette relecture de Tareq Oubrou comporte néanmoins, pour sa part, des contradictions grossières avec le texte coranique ainsi qu’avec son pendant, le hadith, que nous voulons relever dans cette courte étude. Cet essai parle du prêche et de sa démonstration, non de la personne que je respecte par ailleurs.

Première problématique : le songe des prophètes provient-il d’une révélation ou non ?

Tareq Oubrou déclare d’emblée dans son prêche que tous les songes des prophètes ne participent pas de l’ordre de la révélation divine. Jetant le bébé avec l’eau du bébé bain à partir de cette généralisation, l’imam de Bordeaux écarte l’aspect de la révélation dans le songe d’Ibrâhîm. Tout étudiant de sciences islamiques sait que les prophètes et messagers de Dieu ont deux aspects dans leur vie : ce qui en relève en tant qu’humain, et ce qui relève du Message divin et des divers modes de sa transmission (par la parole, les actes, les approbations etc.). Il y a toujours lieu d’opérer cette distinction, faite d’ailleurs par le Prophète de manière explicite plusieurs fois. C’est l’un des grands chapitres de la science des fondements du droit musulman (oussoul fiqh) sur lequel s’opère bien des divergences, notamment entre la tendance des textualistes-littéralistes (zâhiriyûn) et ceux qui vont plus en profondeur des textes et les relient à d’autres facteurs avant d’en tirer une quelconque règle. La dimension purement humaine des prophètes et messagers peut fonder une permission de faire ou, parfois, une interdiction de faire (sur des éléments spécifiques de leur actes). Pour ce qui relève de la prophétie et du message proprement dit, il y a unanimité (et pas seulement consensus) des savants pour considérer leur faire et leurs paroles comme relevant de la révélation. À Abdallah Ibn ‘Amr Ibn Al ‘Âs qui demandait au Prophète s’il pouvait écrire ce qu’il disait, il lui répondit : « Écris, Par Celui qui a ma vie entre Ses mains, il ne sort de cette bouche que la vérité ». [Rapporté par Tirmidhî, Abû Dâwûd, Al-Hâkim, Ahmad et d’autres]
« اكتب فوالذي نفسي بيده ما يخرج منه إلا حق.» (رواه الترمذي 3646 وأبو داود والحاكم وأحمد)
Les deux domaines (humain et révélation) sont aisément identifiables et discriminables : soit que le prophète lui-même l’indique ou le mentionne, soit qu’il s’agit d’un acte, d’un geste inintelligible, ou touchant à la foi et ses fondamentaux, au message, aux grandes valeurs éthiques etc.
Ceci ne concerne pas seulement le Prophète de l’islam. Rappelons que c’est sur les mêmes bases que les musulmans ne croient pas que Jésus ait pu appeler à la trinité, ni qu’il se soit considéré fils de Dieu. De même, nous ne pouvons croire qu’un prophète eut été un assassin ou avoir ordonné des assassinats, ou commis un adultère ou ordonné de le faire, de voler, de tricher, de brigander etc. Les grandes valeurs éthiques ne peuvent être transgressées par les prophètes et messagers, ils en sont les emblèmes.

Le mot arabe utilisé dans le verset est ru’yâ (رؤيا) qui est le même utilisé pour Ibrâhîm d’ailleurs. Le songe est donc révélation ici. C’est aussi par songe que Yûsuf, avant de devenir prophète, vit onze planètes ainsi que le soleil se prosterner devant lui [Coran 12/4]

Certains pourront dire : qu’en est-il de Mûsâ (Moïse) ? Ce dernier tua un Égyptien, mais c’est en voulant aider un Israélite et par excès de force, non par « désir enfoui » ou « appel » de sa psyché, ou par tradition des peuples d’alors ! Mûsâ se repentit et Dieu accepta son repentir (Coran 28/16). Ce qui vient d’être dit est la croyance unanime de tous les musulmans sur les prophètes, sans avoir recours à la psychanalyse ou l’anthropologie. Le songe des prophètes et des messagers procède de cet ordre : il est des songes qui sont de l’humain, et d’autres qui sont de l’ordre du divin. Les messagers savaient les distinguer. Les songes, procédant du message et de sa transmission, sont de plusieurs types : avertissements, prémonitions ou annonces. On en trouve dans le Coran et dans les hadiths authentiques. Tareq Oubrou dit, dans son discours, que le hadith sur le songe dont il est question –sans le citer d’ailleurs– est faible. Mais s’il ne le cite pas, comment pourrait-on savoir que le hadith est authentique, bon ou faible et quel degré de faiblesse dans ce cas ? Dans le Coran nous trouvons le verset suivant qui mentionne le songe de notre Prophète : « C’est ainsi que Dieu confirma le songe par lequel Il avait annoncé à Son Envoyé en toute vérité : ‘Vous entrerez en toute sécurité… » [Coran Al-Fath 48/26]
﴿ لَقَدْ صَدَقَ اللهُ رَسُولَهُ الرُّؤْيَا بِالْحَقِّ لَتَدْخُلُنَّ الْـمَسْجِدَ الْحَرَامَ إِنْ شَاءَ اللهُ آمِنِينَ مُحَلِّقِينَ رُءُوسَكُمْ وَمُقَصِّرِينَ لَا تَخَافُونَ…﴾ (سورة الفتح 26)
Le mot arabe utilisé dans le verset est ru’yâ (رؤيا) qui est le même utilisé pour Ibrâhîm d’ailleurs. Le songe est donc révélation ici. C’est aussi par songe que Yûsuf, avant de devenir prophète, vit onze planètes ainsi que le soleil se prosterner devant lui [Coran 12/4]. Bukhârî, dans son commentaire du hadith (n°859) dit : « Le songe des prophètes est révélation. Puis il lut : ‘Je vois en songe que je te sacrifie… »
عن عُبَيدَ بنَ عُمَيرٍ يقولُ : إن رؤيا الأنبياءِ وَحيٌ، ثم قرأ : { إِنِّي أَرَى فِي المَنَامِ أَنِّي أَذْبَحُك}

Tareq Oubrou.

Bukhârî (6581) rapporte la parole de l’épouse du prophète et mère des croyants, ‘Âïsha : « La révélation a d’abord commencé, auprès du Prophète (a) par le songe attesté. À chaque fois qu’il faisait un songe, la révélation apparaissait claire comme l’aube… » [Bukhârî (6982), Muslim (160), Tirmidhî (3951), Ahmad ()]
عن عائشة رضي الله عنها أنها قالت: « أول ما بدئ به رسول الله صلى الله عليه وسلم من الوحي الرؤيا الصادقة في النوم فكان لا يرى رؤيا إلا جاءت مثل فلق الصبح…»
Le hadith est on ne peut plus authentique. Il y a donc bien des songes des prophètes qui sont de l’ordre de la révélation. La généralisation de Tareq Oubrou sans autres spécifications est malvenue dans ce contexte. D’autre part, le verset coranique suivant résume bien la situation, une binarité dans la personnalité des prophètes, un être humain, mais à qui il est révélé un message : « Dis : je ne suis qu’un être humain pareil à vous, à qui il est révélé… » [Coran 17/110]
﴿ قُلْ إِنَّمَا أَنَا بَشَرٌ مِّثْلُكُمْ يُوحَى إِلَيَّ … ﴾ (الكهف 110)
En conclusion, s’il est vrai que les prophètes et messagers partagent avec les autres hommes une bonne partie de leur quotidien, il est tout aussi vrai que, concernant le message à transmettre, c’est-à-dire la révélation, les prophètes se distinguent notamment par leurs songes qui ont fonction de révélation.

2ème problématique : le songe d’Ibrâhîm était-il une révélation divine ou un songe purement humain ?
Les versets qui mentionnent le sacrifice répondent d’eux-mêmes à la question : il s’agit d’une révélation divine. En effet, on ne peut aborder l’exégèse de versets coraniques en isolant un verset des autres versets et hadiths qui vont dans le même thème : « Et lorsque l’enfant fut en âge d’accompagner son père, celui-ci lui dit : ‘Mon cher fils, j’ai vu en songe que je t’immolais. Regarde ce que tu vois de ta part ! L’enfant dit : Fais ce qui t’a été ordonné de faire ! Tu me trouveras parmi les patients s’il plait à Dieu. Lorsqu’ils se résignèrent à la volonté de Dieu, et que le fils mit front à terre, Nous l’appelâmes : ‘Ô Ibrâhîm, tu as attesté de la véracité du songe ! C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants. » [Coran 102-106]
قال تعالى﴿ فَلَمَّا بَلَغَ مَعَهُ السَّعْيَ قَالَ يَا بُنَيَّ إِنِّي أَرَى فِي الْمَنَامِ أَنِّي أَذْبَحُكَ فَانْظُرْ مَاذَا تَرَى. قَالَ يَا أَبَتِ افْعَلْ مَا تُؤْمَرُ سَتَجِدُنِي إِنْ شَاءَ اللَّهُ مِنَ الصَّابِرِينَ * فَلَمَّا أَسْلَمَا وَتَلَّهُ لِلْجَبِينِ * وَنَادَيْنَاهُ أَنْ يَا إِبْرَاهِيمُ قَدْ صَدَّقْتَ الرُّؤْيَا إِنَّا كَذَلِكَ نَجْزِي الْـمُحْسِنِينَ.﴾ (الصافات 102)

Ibrâhîm voit en songe qu’il devait immoler son fils Ismaël. C’est un ordre très difficile, très dur, insupportable (au sens premier du terme). Il veut donc le confirmer à travers son fils. Celui-ci, sachant que son père, prophète et messager, ne pouvait recevoir qu’une révélation dans cet acte très difficile, le conforte dans son obéissance à l’ordre de Dieu : « Fais ce qui t’a été ordonné de faire ! » (mâ tu’marr ما تؤمر). L’enfant précise : oui, c’est un ordre de Dieu, obéis, père ! Puis, au moment de l’acte, Dieu sauve les prophètes, père et fils et la communauté des croyants après eux. Et le verset précise : « Nous l’appelâmes : ‘Ô Ibrâhîm, tu as attesté de la véracité du songe ! » En arabe : « saddaqta ar-ru’yâ ». Il n’y a pas plus clair que cela. Dieu atteste que la vision provenait de Lui, et qu’Ibrâhîm en exécutant l’ordre, a attesté de la véracité de la révélation. Si Ibrâhîm, comme le prétend Tareq Oubrou, s’était engouffré dans une désobéissance aussi grande que l’immolation de son enfant, comment Dieu l’aurait-il félicité de la désobéissance ? Tareq Oubrou va plus loin en stipulant qu’Ibrâhîm avait été à l’écoute d’un désir surgi du plus profond de lui-même, le désir de tuer ! Mais où va-t-il puiser de telles choses ? Dans le Coran, le hadith ? Non, rien de tout cela. Tareq Oubrou a-t-il vraiment besoin de faire appel à la psychanalyse ou à l’anthropologie (cette dernière est très à la mode dans certains milieux), plus de 30 siècles après, pour expliquer le geste d’Ibrâhîm. Faut-il rappeler que la stricte scientificité, d’un point de vue épistémologique, des analyses psychanalytiques ou anthropologiques n’est pas du tout établie, ce que lui-même sait très bien ? Tareq Oubrou dit que si c’était une révélation, Ibrâhîm n’aurait pas consulté son fils ! Qu’est-ce qui s’y oppose ? Ibrâhîm a peut-être un doute, je ne l’affirme pas pour ma part, car l’ordre est terrible ; une confirmation de la part de son fils, prophète, ne pouvait que le conforter dans sa vision. Mais l’enfant lui dit : « Accomplis ce qui t’a été ordonné de faire ! » Il s’agit donc bien d’un ordre de Dieu et non d’une pulsion satanique ! Oui le verbe (‘ce qui t’a été ordonné’) est de forme indirecte, passive (للمجهول), mais le mot ordre est là. Ibrâhîm a donc reçu un ordre, selon même la parole de son fils ! Tareq Oubrou dit que c’est un désir enfoui, mais le désir est un désir, pas un ordre. L’enfant le dit clairement : accomplis ce qui t’a été ordonné de faire. Tareq Oubrou s’est donc embrouillé dans sa théorie et enfoncé inutilement dans ses contradictions, car le texte coranique se tient et il est clair ! La vision d’Ibrâhim est une révélation, confortée par la réponse de son fils, re-confortée par le verset qui finit l’histoire : « ‘Ô Ibrâhîm, tu as attesté de la véracité du songe !’ » Tout simplement !

L’insistance de Tarek Oubrou de dégager l’islam de toute violence voudrait-elle répondre au matraquage quotidien alléguant que la violence n’est que d’origine religieuse, et principalement islamique ?

Faut-il rappeler que le Prophète Mohamed a aussi consulté ses compagnons maintes fois, y compris dans la révélation, non sur le fond du message mais plus précisément dans certains aspects pratiques du message ? Dans chacune des batailles engagées, il a consulté ses compagnons, à l’exception de celle de Hudaybiyya, pour laquelle la visée du Prophète était bien éloignée de la perspective plus immédiate des compagnons. En effet, ses compagnons ne voulaient pas d’un traité de paix dans lequel, selon leurs avis du moment, ils étaient désavantagés ! Mais lui l’a signé, car sa vision était bien plus profonde. D’ailleurs, juste après l’avoir signé, il leur demanda de se couper les cheveux ou de se raser le crâne pour signifier la fin de la sacralisation (ihrâm), car ils étaient venus pour accomplir la ‘umra et les Mecquois les en empêchèrent. Les compagnons tardèrent à obéir. Le Prophète consulta alors son épouse Oumm Salama qui lui conseilla de se faire raser le crâne devant ses compagnons. Ce qu’il fit, et les compagnons le suivirent promptement. De même, lors de la conquête de la Mecque pacifiquement, le Prophète interdit, aux pèlerins en état de sacralisation (ihrâm), de couper toute plante verte ou sèche. Mais son oncle Al-Abbâs lui dit que les gens avaient grandement besoin d’une plante médicinale (idkhir إدخر) ; le Prophète fit alors exception [Musim (1353), Bukhârî (1737) et d’autres] en en permettant sa coupe et son utilisation.

3ème problématique : la violence dans le Coran
Peut-être que Tareq Oubrou était parti d’une intention, en soi louable, celle de défendre l’idée que le Coran ne contient pas de violence. Mais cette entreprise aussi louable soit-elle ne peut se faire en tordant le cou aux textes, comme lui-même le reproche souvent à d’autres.
En effet, l’ordre du sacrifice est terrible. S’il était resté tel quel, cela aurait pu constituer une forme de violence, acceptable difficilement. Mais la miséricorde de Dieu arrive au moment voulu ; elle est là, elle arrête le geste prophétique, remplace l’enfant par un bélier (ou agneau peu importe) et soulage le père et l’enfant ainsi que la communauté des croyants. Peut-on, après cela, parler de violence dans ce cas ? Non, mais seulement d’une épreuve que Dieu finalise par son infinie miséricorde ! Ibrâhîm et son fils n’y ont pas vu de violence, ils ont vu ce que peut faire l’immense miséricorde de Dieu. Et le Prophète Mohamed va encore symboliser cette miséricorde divine : le sacrifice d’un bélier (ou agneau) n’est plus obligatoire, il devient recommandation prophétique (de forte intensité sunna mu’akkada).

La violence, ou ce qui peut y ressembler de très loin, est dissoute dans la miséricorde divine qui triomphe. Tel est le message du sacrifice ! Si on veut rechercher de la violence dans les textes religieux, il faut aller ailleurs : dans le Livre de Josué, dans les Psaumes ou ailleurs. Où ? Dans le monde contemporain, le monde moderne.

4ème problématique : la construction de la Kaaba
Tareq Oubrou, toujours dans son approche psychanalytique, va poursuivre son interprétation en affirmant qu’Ibrâhîm a construit la Kaaba tout comme son peuple idolâtre avait construit des temples ! Une affirmation toute aussi surprenante, bien que logique et cohérente avec la méthode qu’il utilise dans ce prêche et ses prémisses posées par lui. Mais Tareq Oubrou sait bien différencier entre ce qui relève du cultuel (‘ibâdât) et du relationnel (mu‘âmalât) ! Je n’ai pas besoin de rappeler qu’autant le premier est réservé à Dieu seul, autant le second est, par principe, licite sauf là où les textes mentionnent une autre règle que la licéité originelle (al-ibâha al-asliya). Tareq Oubrou pense-t-il un seul instant que les prophètes peuvent nous enseigner d’adorer Dieu, et comment le faire, de leur propre chef, sans révélation ? Peut-il citer des cas où cela est arrivé concernant le Prophète de l’islam ou les autres ? La communauté des croyants peut édifier un lieu d’adoration (mosquée, église, ermitage, synagogue etc.) selon ses besoins, en satisfaisant à certaines spécificités cultuelles ou culturelles ou de nécessités (avec école ou institut, avec pensionnat ou non etc.). Mais la Kaaba n’est pas n’importe quel édifice religieux ou temple construit selon les besoins de la communauté des croyants. Elle a une fonction bien précise comme le précise Dieu. C’est le lieu où convergent les croyants pour adorer Dieu, et ceci bien avant la venue du Prophète !

Ibrâhîm a-t-il ce pouvoir de déclarer la Kaaba, d’origine et d’inspiration idolâtre selon Tareq Oubrou, centre du pèlerinage ? Les savants sont unanimes à déclarer qu’Ibrâhîm et son fils Ismaël ont édifié la Kaaba sur ordre de Dieu. Selon certains, il n’a fait que rebâtir la Kaaba, sur les fondations d’un premier temple détruit par la suite. C’est Dieu qui en a fait Le temple par excellence. Dieu va-t-il ordonner aux croyants de converger vers un temple qu’Il n’aurait pas ordonné de construire selon Sa volonté propre ? Voici ce que nous lisons dans le Coran (parties des versets référencés) : « C’est alors que Nous fîmes du temple de la Kaaba un lieu de retraite et de paix pour les hommes, en leur recommandant de faire de la Station d’Ibrâhîm un lieu de prière. Nous avons confié à Ibrâhîm et Ismaël le soin de maintenir en état de propreté Notre temple à ceux qui viendront y accomplir le tawâf, la retraite spirituelle ou s’y incliner et prosterner…
… Et pendant qu’Ibrâhîm et Ismaël édifiaient les assises de la Kaaba, ils disaient : ‘Seigneur, Accepte de nous cet ouvrage ! Tu es l’Audient et l’Omniscient ! » [Coran 2/125-129]
قال تعالى: {وَإِذْ جَعَلْنَا الْبَيْتَ مَثَابَةً لِلنَّاسِ وَأَمْنًا وَاتَّخِذُوا مِنْ مَقَامِ إِبْرَاهِيمَ مُصَلًّى وَعَهِدْنَا إِلَى إِبْرَاهِيمَ وَإِسْمَاعِيلَ أَنْ طَهِّرَا بَيْتِيَ لِلطَّائِفِينَ وَالْعَاكِفِينَ وَالرُّكَّعِ السُّجُودِ …
… وَإِذْ يَرْفَعُ إِبْرَاهِيمُ الْقَوَاعِدَ مِنَ الْبَيْتِ وَإِسْمَاعِيلُ رَبَّنَا تَقَبَّلْ مِنَّا إِنَّكَ أَنْتَ السَّمِيعُ الْعَلِيمُ… ﴾ {البقرة:125- 129}
L’ouvrage, le lieu, la forme, la fonction, tout cela relève du cultuel, de la révélation, pas de l’ijtihâd (effort de réflexion, ndlr) d’Ibrâhîm ! Ibrâhîm n’a que la marge de manœuvre d’y mettre ses efforts avec ceux de son fils pour le réaliser. Après avoir fini la réalisation, Dieu lui ordonne d’appeler les gens au pèlerinage vers Sa Maison : « Appelle les hommes à accomplir le pèlerinage, ils viendront alors à pied et sur toute monture, venant des contrées les plus éloignées… » [Coran 22/27]
﴿ وَأَذِّنْ فِي النَّاسِ بِالْحَجِّ يَأْتُوكَ رِجَالًا وَعَلَى كُلِّ ضَامِرٍ يَأْتِينَ مِنْ كُلِّ فَجٍّ عَمِيقٍ. ﴾ {الحج:27}

Postscriptum : la violence n’est-elle que religieuse ?
L’insistance de Tarek Oubrou de dégager l’islam de toute violence voudrait-elle répondre au matraquage quotidien alléguant que la violence n’est que d’origine religieuse, et principalement islamique ? Il serait aisé de démontrer l’inverse depuis les révolutions française, américaine et britannique, c’est-à-dire ce qui deviendra les prémisses du monde contemporain.

Mostafa Brahami

A lire sur le même thème : 

« Ce que vous ne savez par sur l´islam », Tareq Oubrou

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