Après plus de 900 jours de guerre, le Soudan se trouve au bord d’une catastrophe humanitaire sans précédent. Des millions de personnes sont touchées par la faim, les déplacements forcés, les maladies et l’effondrement des services essentiels. « Aujourd’hui, le Soudan connaît la pire crise de déplacements au monde », alertent quatre organisations des Nations unies.
Quatre organisations onusiennes – l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), l’UNICEF et le Programme alimentaire mondial (PAM) – appellent la communauté internationale à agir immédiatement au Soudan. Avec plus de 30 millions de personnes en détresse, dont 9,6 millions de déplacés et 15 millions d’enfants, le pays connaît l’une des pires crises humanitaires au monde.
La plus grande crise humanitaire mondiale
Lors d’un point de presse tenu vendredi à l’issue d’une visite conjointe au Soudan, Ugochi Daniels, directrice générale adjointe des opérations de l’OIM, a décrit le pays comme étant « au bord du gouffre ». « Aujourd’hui (…) le Soudan connaît la pire crise de déplacements dans le monde », a-t-elle alerté, précisant que plus de 30 millions de personnes nécessitent une aide humanitaire et que 4,3 millions ont trouvé refuge dans les pays voisins.
Kelly Clements, commissaire générale adjointe du HCR, a rapporté être revenue d’un voyage de cinq jours au Soudan, où elle a visité Port-Soudan et Khartoum. Selon elle, depuis avril 2023, 12 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. « Cela représente un Soudanais sur trois déplacé ».
De son côté, Ted Chaiban, directeur exécutif adjoint de l’UNICEF, a qualifié le Soudan de « plus grande crise humanitaire mondiale ». « Le conflit s’intensifie et les enfants paient le prix le plus élevé chaque jour », a-t-il ajouté, soulignant que 1,4 million d’enfants vivent actuellement dans des zones frappées par la famine.
L'ONU appelle la communauté internationale à se préoccuper du Soudan, où une guerre civile fait rage depuis 2023, entraînant la fuite de 4 millions de personnes. Le quart de ces réfugiés sont accueillis par le pays voisin, le Tchad. @SRClanglois pic.twitter.com/IlGFsiOOMa
— Céline Galipeau (@CGalipeauTJ) October 24, 2025
El-Fasher aux mains des forces d’oppositions
Depuis le début de l’année, plus d’un million de personnes sont retournées à Khartoum et environ 2,6 millions dans tout le pays. Beaucoup retrouvent leurs maisons détruites, privées d’eau et de soins. Quatorze des dix-sept millions d’enfants en âge scolaire ne peuvent plus fréquenter d’établissement. Des états proches de la famine persistent, la malnutrition reste non soignée et des maladies telles que le choléra, la dengue ou la malaria se propagent.
Au Darfour du Nord, région de l’ouest soudanais frappée par la famine, la situation atteint son paroxysme. Plus d’un million d’habitants ont fui la capitale, El-Fasher, récemment tombée aux mains du FSR. Selon l’ONU, plus d’un million de personnes ont quitté la ville depuis le début de la guerre, tandis que les quelque 260 000 habitants restants, dont la moitié sont des enfants, manquent de nourriture, d’eau et de soins.
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« Le monde doit maintenant agir »
Le plan de réponse humanitaire 2025, estimé à 4,2 milliards de dollars, n’est financé qu’à hauteur de 25 %. Sans ressources supplémentaires, des programmes vitaux risquent d’être interrompus. L’insécurité, les lourdeurs administratives et l’accès limité entravent déjà l’acheminement de l’aide.
Les quatre organisations réclament un cessez-le-feu immédiat, la protection des civils, un accès humanitaire sans entraves, un financement urgent et flexible, ainsi que des solutions durables pour les déplacés et les rapatriés. « La communauté humanitaire est prête – mais elle ne peut pas agir seule. Le monde doit maintenant agir », déclarent conjointement l’OIM, le HCR, l’UNICEF et le PAM.
Le Soudan, déjà amputé du Sud en 2011, risque désormais la fragmentation, selon plusieurs experts. Depuis avril 2023, le conflit entre l’armée soudanaise et les FSR a fait plus de 20 000 morts et 14 millions de déplacés, selon l’ONU. Toutefois, des recherches menées par des universités américaines estiment ce bilan à près de 130 000 morts.
