Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) obtient le statut de « signaleur de confiance » auprès de l’Arcom, l’autorité de régulation de l’audiovisuel et du numérique. Cette attribution permettra à l’organisation communautaire de signaler plus « efficacement » les contenus antisémites en ligne. Pour certains, cette décision de l’Arcom « manque à la plus élémentaire des sagesses ». Explications.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) vient d’obtenir le statut de « signaleur de confiance » par l’Arcom, rejoignant six associations dont e-Enfance, Point de contact ou Addictions France. Ces structures sont chargées de signaler directement aux grandes plateformes comme Facebook, TikTok, Instagram, X ou Snapchat, les contenus illicites repérés en ligne.
Focalisation sur l’antisémitisme et le négationnisme
Selon l’Arcom, ces « signaleurs » sont des entités reconnues pour leur « expertise dans la détection, l’identification et la notification de contenus illicites ». Jusqu’ici, seules six associations détenaient ce statut, intervenant principalement sur les thématiques de protection des mineurs, cyberviolences, piraterie audiovisuelle, ou encore les dépendances et les droits des consommateurs.
« Ce travail de veille fait partie intégrante de notre mission sur l’antisémitisme, le négationnisme, et plus largement sur toutes les formes de haine que l’on peut croiser sur les réseaux sociaux. Le Crif est déjà un interlocuteur majeur de Pharos. Il était donc logique de formaliser ce rôle à travers cette reconnaissance », s’est rapidement réjoui le président du Crif, Yonatan Arfi.
Amendes et sanctions financières
Grâce à ce statut, les signalements effectués par le Crif devront désormais être traités de manière « prioritaire » par les plateformes, conformément au droit européen. En cas de non-respect répété de ces obligations, les plateformes risquent des amendes pouvant aller jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires mondial.

« Les moyens humains ont leurs limites face au flot de contenus problématiques », souligne Yonatan Arfi, avant d’ajouter : « avec ces outils renforcés, nous pourrons intervenir plus efficacement et suivre les signalements de manière plus systématique ».
Une décision inquiétante et partiale
Cependant, cette décision soulève des critiques. Confier un rôle aussi stratégique à une organisation communautaire au positionnement largement partial sur la question palestinienne, suscite des inquiétudes quant à la neutralité de l’Arcom.
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Rappelons que pour le Crif, l’antisionisme est de l’antisémitisme. Ses prises de positions (et de sanctions), surtout depuis le 7 octobre 2023, à l’encontre de multiples personnalités dénonçant le génocide israélien à Gaza ou défendant les Palestiniens, ne plaident pas vers une protection des libertés bien au contraire.
« En confiant à ses militants qui criminalisent plus vite qu’ils ne défendent les journalistes qui tentent d’informer sur Gaza, l’Arcom manque à la plus élémentaire des sagesses », fustige le média Blast.
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