Avec “Human Chat”, l’Arabie saoudite veut s’imposer comme pionnière de l’intelligence artificielle arabophone et défier les géants occidentaux. Ce robot conversationnel promet des réponses “culturellement authentiques” pour 400 millions d’Arabophones et deux milliards de musulmans.
Le 25 août, l’entreprise saoudienne Humain a dévoilé son nouveau projet phare : Human Chat, un robot conversationnel destiné à concurrencer ChatGPT et autres outils occidentaux. “Cible 400 millions de locuteurs arabes et 2 milliards de musulmans à travers le monde en proposant des réponses intelligentes du point de vue culturel qui reflètent les valeurs et l’héritage arabo-musulman”, écrit fièrement Asharq Al-Awsat, quotidien panarabe qui y voit l’aube de “l’âge de l’intelligence artificielle arabe”.
Pour Tareq Amin, patron de l’entreprise, il s’agit d’une “étape historique dans notre travail de construction d’une intelligence artificielle souveraine et culturellement authentique”. Présenté à Riyad, le chatbot sera d’abord disponible en Arabie saoudite avant d’être déployé dans le reste du monde. Il fonctionnera aussi bien en arabe standard qu’en dialectes égyptien ou syro-libanais.
Une rivalité technologique dans le Golfe
Le projet n’est pas anodin : Humain appartient au Fonds souverain saoudien et a déjà noué des partenariats stratégiques avec Nvidia et AMD. Développée et hébergée localement, l’application se veut “entièrement saoudienne”, souligne Saudi Gazette.
Derrière ce lancement se cache aussi une bataille d’influence avec les Émirats arabes unis, eux aussi en quête de leadership dans le domaine. Comme le note Al-Monitor, “le lancement d’Humain semble moins chercher à gagner des parts de marché immédiates qu’à montrer des progrès dans ses efforts de devenir une plateforme de l’IA. Le défi consistera à aller au-delà du symbole et à séduire des utilisateurs dans la région.”
En face, Abou Dhabi compte frapper fort : début août, Bloomberg évoquait des investissements colossaux pouvant atteindre 25 milliards de dollars pour développer son propre écosystème. Dans ce duel technologique, Riyad espère bien prendre une longueur d’avance.
