Depuis le 7 octobre 2023, la dynamique visant à imposer une souveraineté israélienne sur l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est, s’est dangereusement intensifiée. Un rapport publié récemment accuse le gouvernement d’Israël de « violer délibérément le statu quo » à la mosquée Al-Aqsa, avertissant que son contrôle permanent sur le site constitue « une escalade irréversible ».
Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’est rendu ce mercredi sur le site hautement sensible de l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem. Une initiative perçue comme une provocation par les Palestiniens. C’est au moins la onzième fois qu’il s’y rend depuis la formation du gouvernement de Benjamin Netanyahu, fin 2022.
En vertu du statu quo établi après l’annexion de Jérusalem-Est par Israël en 1967, les non-musulmans peuvent se rendre sur l’esplanade à des heures précises, sans y prier. Le statu quo désigne la mosquée Al-Aqsa comme un site exclusivement islamique, où seuls les musulmans sont autorisés à pratiquer leur culte. Mais cette règle est de plus en plus bafouée par un nombre croissant de juifs israéliens. Au fil des années, ces atteintes sont devenues la norme.
Ce qui n’était, au départ, que des incursions ponctuelles de colons israéliens limitées dans le temps et en nombre, s’est progressivement transformé en une pratique régulière et de plus en plus massive. En 2009, on comptait plus de 5 000 colons ayant participé à ces incursions. Dix ans plus tard, ils étaient plus de 30 000.

Le mépris israélien du statut quo d’Al-Aqsa
Dès 2017, ces incursions ont pris un rythme quasi quotidien (hors vendredi et samedi) et sont désormais organisées selon un horaire calqué sur celui des cinq prières musulmanes. Les Palestiniens dénoncent la volonté israélienne de transformer la mosquée – historiquement et religieusement islamique – en un espace de prière partagé entre musulmans et juifs.
Depuis le 7 octobre, cette dynamique s’est considérablement accélérée. Alors que l’attention mondiale se concentre sur Gaza et les tensions régionales, Al-Aqsa se trouve à un tournant. Beaucoup de Palestiniens redoutent que la mosquée ne perde bientôt son identité religieuse au profit de ce qu’ils craignent depuis longtemps : sa transformation en « troisième Temple » juif.
Un nouveau rapport, publié par un observatoire israélien, accuse le gouvernement d’Israël de violer directement le statu quo à la mosquée Al-Aqsa, avertissant que son contrôle permanent constitue une « escalade dangereuse ». Le statu quo définit la mosquée Al-Aqsa comme un site exclusivement islamique, où seuls les musulmans sont autorisés à pratiquer leur culte. Selon les conclusions de l’association Ir Amim, le gouvernement exploite particulièrement les fêtes juives pour accroître la présence juive sur le site, tout en violant les droits des musulmans.

« La vieille ville de Jérusalem est devenue une ville fantôme »
« Sous le couvert d’un lien religieux avec le judaïsme, Israël prend progressivement le contrôle du site sacré », a déclaré Aviv Tatarsky, chercheur à Ir Amim, avertissant que ces décisions menacent « la stabilité de la vieille ville et du pays tout entier ». Aouni Bazbaz, directeur des affaires internationales du Waqf islamique, l’organisme qui administre Al-Aqsa, a affirmé que la situation sur le terrain était « pire que ce qui est mentionné dans le rapport ».
« La vieille ville de Jérusalem est devenue une ville fantôme. (…) Toute l’attention est tournée vers Gaza, tandis que la situation ici est oubliée. Ils utilisent la stratégie consistant à braquer les projecteurs sur un endroit tout en commettant de graves violations ailleurs. »
Autrefois fréquentée par des centaines de milliers de fidèles, la mosquée Al-Aqsa n’en accueille désormais plus que quelques milliers le vendredi et quelques centaines pour les prières quotidiennes. « En d’autres termes, le contrôle [israélien] sur la mosquée Al-Aqsa est malheureusement devenu une réalité », a ajouté Aouni Bazbaz.

Le monde musulman doit prendre la mesure de la menace
Durant le ramadan 2025, dans un geste sans précédent, les forces israéliennes ont interdit aux musulmans d’y accéder les vendredis. « Ce qui se passe à Al-Aqsa ne relève pas de simples violations passagères », alerte une source du Waqf.
« Il s’agit d’un projet de judaïsation systématique visant à établir une souveraineté israélienne totale sur la mosquée. Le peuple palestinien et le monde musulman doivent prendre la pleine mesure de cette menace – et s’y préparer – avant que la réalité imposée ne devienne irréversible ».