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« La richesse véritable est dans le contentement et non dans l’accumulation de biens »

Sur Mizane.info, suite des enseignements sur la notion de chevalerie spirituelle (futuwah) extraits de l’oeuvre de Sulami. Du point de vue de la tradition spirituelle de l’islam, le cheminant ne se projette pas dans une temporalité factice dont il n’est pas certain. Il vit le moment présent avec intensité et présence d’esprit. Ainsi l’Homme est-il débarrassé de son ego au moment où il « ne prend plus en considération d’autre temps que celui dans lequel il se trouve. »

La Futuwah est de se protéger des périls en abandonnant ses désirs.

Abu Turab al Nakhshabi a dit : – Ta protection des désastres dépend de ta capacité à ne pas répondre aux désirs de ton ego.

La Futuwah consiste à ne prétendre à la réalisation de tes buts qu’en t’assurant de l’authenticité de tes états.

Ibn ‘Ata a dit : – Celui qui ne maîtrise pas les bases élémentaires de cette voie ne pourrait certes prétendre évoluer dans ses plus hauts degrés. Or, ces bases élémentaires sont tout d’abord les devoirs rituels que Dieu nous a imposés, la pratique du Dhikr, le fait d’emprunter les voies du bien, la détermination de la volonté. Celui qui parvient à maîtriser cela se voit gratifié par Dieu des connaissances qui en procèdent.

La Futuwah consiste à s’opposer aux désirs (passionnels) de l’âme afin de parvenir par ce lien à en dévoiler les voies d’action.

C’est ainsi que l’on rapporte qu’un certain connaissant de Dieu a pu dire : – Celui qui se trouve en difficulté de prendre une décision, et ne trouve pas pour s’orienter d’argument décisif, doit considérer lequel des choix qui s’offrent à lui se trouve être le plus proche de son penchant passionnel et en prendre le contre-pied : il ne tardera pas alors à voir se dévoiler devant lui la réalité de cette situation

La Futuwah consiste à se sentir être pour Dieu, par Dieu et avec Dieu.

Le signe selon lequel on est par Dieu est de ne pas chercher à abolir ce qui est advenu et d’abandonner tout choix personnel dans ce qui advient.

Le signe selon lequel on est pour Dieu est que rien ne puisse enfreindre cet état d’être ; que l’on ne s’arrête pas à l’accomplissement de degrés spirituels ou de miracles et que l’on n’ait point en vue de récompenses pour ses actions.

Le signe selon lequel on est avec Dieu est que tout autre chose s’évanouisse en Sa présence, ne pouvant constituer ni voile ni préoccupation.

La Futuwah est dans cette réponse d’Abul Hassan al Bushanji – que Dieu l’ait dans Sa miséricorde !

– Elle se trouve dans la beauté de ta relation intime avec Dieu et dans le fait de désirer pour tes frères ce que tu voudrais pour toi-même, ou bien plus encore, de les préférer à toi-même.

Dieu le Très-Haut a dit : « …qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne trouvent dans leurs propres cœurs aucune envie pour ce qui leur a été donné, car ils leur donnent la préférence même s’ils sont eux-mêmes dans le besoin » (Coran LIX, 59/9).

Et le Prophète a dit : « Votre foi n’est pas complète avant que vous ne désiriez pour vos frères ce que vous désirez pour vous-même ». Celui en lequel se sont réunies ces deux qualités est alors reconnu comme un homme de Futuwah, doué de finesse de caractère.

La Futuwah est que le serviteur de Dieu n’ait à chaque moment d’autre préoccupation que celle de l’instant même où il se trouve.

C’est ainsi que l’on demanda à Sahl Ibn Abdullah al Tustari :

– Quand est-ce que le disciple de la Voie est débarrassé de son ego ? Il dit : – Lorsqu’il ne prend plus en considération d’autre temps que celui dans lequel il se trouve.

La Futuwah est finesse de caractère.

On demanda à Abu Sa‘id al Kharraz ce qu’est la Futuwah, il répondit : – Laisser de côté tout a priori, vaincre son ego par la patience, ne rien attendre d’autrui, éviter les situations de désaccord, dissimuler sa pauvreté et faire montre d’abondance et de dignité.

La Futuwah est un comportement de générosité :

C’est aller vers celui qui se détourne, donner à celui qui refuse et rendre le mal par le bien. C’est l’enseignement qui nous fut rapporté de l’Envoyé de Dieu.

La Futuwah est de se contenter de peu afin d’éviter tout asservissement.

Hasan al Musuhi a dit : – Un jour d’hiver, revêtu d’une vieille pièce d’étoffe, je tremblais de froid lorsque Bishr Ibn Harith qui passait par là s’approcha de moi et récita ces vers :

« Traverser le défilé des jours et des nuits avec une vieille étoffe pour abri. Le sommeil enseveli sous le cortège des peines et des chagrins. Tout cela vaut bien mieux pour moi que de m’entendre dire demain avoir brigué des biens auprès d’êtres créés.

Ils dirent : « Es-tu satisfait de ton état ? » Je répondis : « La richesse véritable est dans le contentement et non pas dans l’accumulation de biens ou de billets de monnaie. J’ai trouvé une satisfaction en Dieu, dans le bien-être comme dans la difficulté. Seul je me tournerais vers Celui par Lequel les chemins sont éclairés. »

La Futuwah consiste en la réalisation de certaines qualités telles celles qui furent énoncées par Sari al Saqati.

On rapporte de Abdus Ibn al Qasim qu’il a entendu Sari dire : – Que la paix de l’homme se trouve dans les cinq qualités suivantes : abandonner la fréquentation des déviants, ne pas s’en remettre aux hommes, ne trouver la saveur de ses actions que lorsque celles-ci leur sont voilées, ne pas les juger au point de ne plus savoir s’il en est parmi eux qui commettent encore des actions blâmables.

Il faut aussi, dit-il, que l’homme puisse abolir en lui cinq choses qui sont : le fait de chercher à « paraître » devant les autres, l’esprit de polémique, le doute, les attitudes surfaites et la recherche des honneurs, et enfin se défaire de ces cinq autres : l’avarice, l’ambition, la colère, l’envie et l’avidité.

La Futuwah est recherche de l’authenticité des actions et des états intérieurs.

On rapporte que Dhul Nun al Misri – que Dieu l’ait en Sa miséricorde ! – a dit :

– Celui qui « authentifie » (ses états et ses actions) trouve la paix, celui qui cherche à s’approcher se rapproche, celui qui reste pur est purifié, celui qui s’en remet à Dieu trouve la sécurité et celui qui se préoccupe de ce qui lui est inutile finit par perdre ce qui lui est utile.

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