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La Palestine est devenue la conscience du monde

« L’accord de Trump est une tentative de transformer la défaite en triomphe (…). Mais Israël n’est pas triomphant, il est isolé ». Pour l’auteure tunisienne, Soumaya Ghannoushi, le véritable objectif du plan « de paix » de Trump est de « briser la vague de solidarité mondiale avec la Palestine ». Un article tiré du site Middle East Eye. Focus.

Sous couvert de diplomatie, la proposition Trump-Netanyahou n’est rien d’autre qu’une tentative d’imposer la reddition. Trump était assis, l’air triomphant, aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, le remerciant d’avoir « accepté » un plan qu’il avait lui-même rédigé, tandis que les Palestiniens étaient absents. Pas de Hamas, pas d’Autorité palestinienne – pas même une présence symbolique pour donner un soupçon de crédibilité à cette mascarade.

Il perpétue la même logique coloniale qui a donné naissance aux accords d’Abraham : conclure des accords sur la Palestine sans les Palestiniens. Célébrer la « paix » tout en ignorant l’occupation, le blocus et le nettoyage ethnique. Répandre le langage de la réconciliation tout en excluant systématiquement les seuls peuples qui ont le droit de s’exprimer. Cet accord n’est pas une négociation ; c’est une imposition. C’est une capitulation déguisée en diplomatie.  

Un plan pour dissimuler la défaite d’Israël à Gaza

Netanyahou a déjà assassiné ou tenté d’assassiner des négociateurs, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh aux personnes ciblées à Doha alors qu’elles discutaient du projet d’accord de Trump. Sa politique a toujours été claire : éliminer les négociateurs, mettre fin aux négociations, puis se tenir aux côtés de Washington pour annoncer un plan élaboré par des partenaires du génocide.

Pour honorer ce spectacle, une multitude de dirigeants arabes et musulmans ont été convoqués – non pas pour défendre les Palestiniens, mais pour faire pression sur eux. Leur rôle est de servir de couverture à Trump et Netanyahou ; leur devoir n’est pas de protéger la Palestine, mais de la contraindre à la soumission.

« Toutes les clauses du plan de Trump ne sont que poudre aux yeux. Aucune garantie de retrait, aucun engagement contraignant ; seulement de vagues promesses, tandis que les troupes israéliennes restent retranchées. Un seul point concret : le retour des otages. »

Donald Trump

Ce que Trump a offert à Netanyahou n’était pas un compromis, mais une victoire : la même victoire qu’il n’a pas réussi à obtenir par la force, après deux ans de bombes et de massacres. Israël n’a pas réussi à écraser Gaza. Il n’a pas réussi à rapatrier ses otages par la guerre. Il n’a pas réussi à briser la volonté palestinienne.

Briser la vague de solidarité avec la Palestine

L’accord de Trump est une tentative de transformer la défaite en triomphe ; de conquérir par la diplomatie ce qui n’a pu être gagné sur le champ de bataille. Mais Israël n’est pas triomphant ; il est isolé. A l’assemblée des Nations Unies, Netanyahou était à la tribune tandis que 77 délégations quittaient le pays, le laissant déclamer devant des sièges vides.

Les sondages en Europe et aux États-Unis montrent que l’opinion publique penche résolument contre Israël. La vague de solidarité mondiale avec la Palestine s’amplifie, et rien ne terrifie davantage Washington et Tel-Aviv. Tel est le véritable objectif de cet accord : briser cette vague. Enrayer la dynamique des boycotts, des manifestations et la prise de conscience mondiale.

Invisibiliser la solidarité palestinienne par une tutelle imposée, un « Conseil de la paix » présidé par Trump et supervisé par Tony Blair – un homme dont les illusions coloniales et le bilan sanglant en Irak le disqualifient pour administrer une cour d’école, sans parler de l’avenir de Gaza.  Ce n’est pas la paix. C’est la Fondation pour l’humiliation de Gaza , le même appareil de contrôle externe, habillé de jargon humanitaire. 

Tony Blair

Et les dirigeants musulmans qui siègent aux côtés de Netanyahou – des Émiratis qui ont chuchoté avec lui tandis que le monde se détournait de l’ONU, à ceux qui défilent aujourd’hui derrière la tribune de Trump – ne sont pas des partenaires de paix. Ils sont complices de la capitulation. 

Priver les Palestiniens de leur voix

Ce « plan de capitulation » réduit au silence les Palestiniens, les prive de toute représentation et offre à Netanyahou la victoire absolue qu’il avait promise et qu’il n’a pas remportée. L’histoire ne sera pas clémente avec ce moment. Un plan de cessez-le-feu excluant les territoires occupés n’est pas un plan de paix. C’est un diktat colonial – le langage du mandat et de la tutelle remis au goût du jour pour le XXIe siècle.

« C’est la même vanité qui a promis la cession des terres palestiniennes en leur absence, sans leur consentement, dans la déclaration Balfour de 1917. Mandats, protectorats, tutelles – tous les euphémismes de l’empire sont recyclés pour priver les Palestiniens de leur voix. »

Trump et Netanyahou peuvent élaborer autant de plans qu’ils le souhaitent, mais en dehors de leurs salles de conférence, le monde est en pleine mutation. Des millions de personnes manifestent, les boycotts s’intensifient, l’opinion publique bascule. Le vent tourne, et aucun accord sur le papier ne peut l’enrayer. La Palestine est devenue la conscience du monde – et cela ne peut être occulté par la négociation. 

Soumaya Ghannoushi 

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