La maison d’édition Ribat annonce sa fermeture après le gel de ses avoirs décidé par les autorités françaises en juin dernier. Dans un communiqué publié dimanche, l’édition indique qu’aucun ouvrage ne sera réimprimé et que ses comptes sur les réseaux sociaux seront désactivés. Une procédure de recours contre l’arrêté ministériel reste néanmoins en cours.
À la suite du gel des avoirs décrété par les autorités françaises en juin dernier, la maison d’édition musulmane Ribât a annoncé, ce dimanche, cesser définitivement son activité. « C’est avec une profonde tristesse (…), que nous sommes contraints d’annoncer la dissolution des éditions Ribât », indique, dans un communiqué diffusé hier, l’équipe éditoriale.
« Nous sommes contraints d’annoncer la dissolution des éditions Ribât »
Visée par un arrêté ministériel ordonnant la suspension des avoirs de son fondateur ‘Issa Meyer, le 24 juin 2025, la structure a déclaré, ce dimanche, sa fermeture dans un long message posté sur ses principaux réseaux sociaux.
« Les restrictions draconiennes auxquelles nous sommes soumis, à titre professionnel comme à titre personnel, ne nous permettent malheureusement pas de poursuivre notre activité d’une quelconque manière. C’est donc avec une profonde tristesse — mais avec la certitude que, lorsqu’Allah ferme une porte, Il en ouvre bien d’autres — que nous sommes contraints d’annoncer la dissolution des éditions Ribât. Aucun de nos ouvrages ne sera réimprimé. Nos comptes sur les réseaux sociaux seront désactivés dans les jours qui viennent. »
Un recours contre l’arrêté ministériel engagé
Accusée par les autorités françaises de s’adonner, à travers ses ouvrages, à la « promotion d’une version contemporaine du djihad armé sous couvert d’une valorisation historique d’événements et de personnalités », la maison d’édition prévoit tout de même de récuser « avec force » ces motifs dans une procédure de recours contre l’arrêté.
« À notre demande, notre avocat, Me Guez Guez, a engagé une procédure de recours pour excès de pouvoir dans laquelle nous réfutons point par point les accusations portées contre nous et rappelons que nos ouvrages ne comprennent absolument aucune incitation à commettre des actes terroristes et que la narration historique, aussi lyrique et engagée soit-elle, relève de la liberté littéraire et artistique la plus élémentaire. »
Chasse aux sorcières contre les éditeurs et intellectuels musulmans ?
Créée en 2018, les éditions Ribât se définit comme « une maison d’édition indépendante qui se donne pour mission de promouvoir l’Histoire de l’Islâm et de sa civilisation ainsi que des hommes et des femmes qui l’ont bâtie ». Elle s’est fait remarquer en publiant plusieurs ouvrages grandement appréciés auprès de la communauté musulmane francophone.
Parmi les titres les plus connus figurent Le Roman des Janissaires, Le Roman des Andalous, Femmes d’Islam, Héros de l’Islam, ou encore Le Feu et la Foi. Son catalogue couvre notamment l’histoire, la jurisprudence islamique, le roman ou les portraits biographiques de figures musulmanes.
Après la dissolution des éditions Nawa en 2021, puis le gel des avoirs des éditions Sarrazins en mars, ainsi que celui des dirigeants de l’IESH, certains observateurs dénoncent des arrêtés successifs du ministère de l’Intérieur prenant des allures de véritable chasse aux sorcières visant la communauté musulmane.
