Le 1er septembre dernier, le fonds A&M Capital Europe rachetait Isla Délice, leader du halal en France. Cette acquisition intervenait alors que, quelques jours plus tôt, son partenaire stratégique, Alvarez & Marsal, choisissait Tel-Aviv pour implanter une nouvelle filiale cyber. Une concomitance qui place la première marque halal de France dans une posture délicate.
Le 1er septembre 2025, A&M Capital Europe (AMCE) officialisait l’acquisition d’Isla Délice, jusque-là détenue par le fonds britannique Perwyn. Quelques jours auparavant, alors que le génocide israélien à Gaza se poursuivait, Alvarez & Marsal, partenaire stratégique d’AMCE, retenait Tel-Aviv pour implanter le siège de sa nouvelle filiale, A&M Cyber Risk Services LTD. Un enchaînement de dates qui entre en collision avec la stratégie et l’image du leader du halal. Une information révélée et expliquée par le média Al-Kanz.
Rumeurs incessantes et démentis
Jusqu’à présent, les appels au boycott d’Isla Délice s’appuyaient sur des suppositions. L’implantation de la filiale d’Alvarez & Marsal change la donne. Alors que la marque cherche depuis des années à se défaire de rumeurs l’associant à Israël, l’installation d’A&M Cyber Risk Services LTD risque d’affecter son récent rachat, tout comme ses perspectives de développement, en France et à l’international.
Fondée en 1991 par Jean-Daniel Hertzog, Isla Délice fait l’objet, depuis plusieurs années, de soupçons persistants : remise en cause du caractère halal de certains produits et, surtout, accusations de financement d’Israël.
« La société Zaphir, qui commercialise la marque Isla Délice, appartient à un Français. La société est également française et en aucun cas israélienne », se défendait la marque dans un communiqué officiel. Si ces accusations ont longtemps constitué un handicap, l’implantation récente d’Alvarez & Marsal Cyber Risk Services à Tel-Aviv en modifie aujourd’hui la portée.
Je pose ça la pic.twitter.com/vcjhmdqpwo
— vaudais toujours 🍉 🍉 (@TFilastin) December 14, 2025
Un partenaire au cœur de la machine génocidaire israélienne
A&M Capital Europe (AMCE) est juridiquement distinct d’Alvarez & Marsal (A&M) et n’en est pas une filiale. Les deux entités sont néanmoins liées par un « partenariat stratégique » revendiqué publiquement. AMCE souligne, dans plusieurs communiqués, que cette alliance « lui permet d’accéder à l’expertise opérationnelle de tout premier plan des quelque 5 700 consultants d’Alvarez & Marsal, répartis dans 25 bureaux en Europe et 69 bureaux dans le monde ».
Le calendrier apparaît particulièrement sensible. Tandis qu’AMCE s’apprêtait à annoncer le rachat d’Isla Délice, son partenaire stratégique Alvarez & Marsal enregistrait, le 27 août dernier, sa filiale A&M Cyber Risk Services LTD à Tel-Aviv. Un élément notable : l’entreprise s’est installée dans l’Azrieli Center, juste en face de la tour Matcal, où se trouvent l’état-major de Tsahal et le ministère israélien de la Défense.
Cette implantation intervient alors qu’Israël est accusé de crimes de guerre et de génocide par de nombreux experts en droit international, des ONG comme Amnesty International et Human Rights Watch, ainsi que par plusieurs États.
Isla Délice appartient désormais à A&M Capital Europe, un fonds d’investissement européen.
— Boycott X (@boycottxapp) December 15, 2025
Ce fond a pour partenaire stratégique le cabinet Alvarez & Marsal, qui dispose notamment d’une filiale implantée à Tel-Aviv, en Israël. THREAD sur cet achat ⬇️ 1/7 pic.twitter.com/1HG6JGs3nd
Une marque à boycotter ?
Alvarez & Marsal ne s’est pas limité à l’ouverture d’un simple bureau à Tel-Aviv. Le cabinet y déploie son activité Global Cyber Risk Services, spécialisée dans les cyber war rooms, la gestion de crise, les simulations de conflits et la coopération avec les autorités sécuritaires, dans un dispositif étroitement coordonné et placé sous l’autorité d’Israël.
Cette situation place Isla Délice dans une position inconfortable. Alors que la marque avait multiplié ces dernières années les démentis pour contenir les appels au boycott, ce qui relevait jusqu’ici de soupçons repose désormais sur des éléments établis. À la suite de ces révélations relayées par Al-Kanz, l’application Boycott X a d’ailleurs ajouté Isla Délice à sa liste des marques à boycotter.
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