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Irlande : la victoire de Catherine Connolly, l’instinct moral de l’Europe

Pour le journaliste, Adnan Hmidan, la victoire de Catherine Connolly à la présidence de l’Irlande a envoyé un message « à l’Europe, à la Palestine et à toutes les nations qui nous regardent : l’ère où la violence coloniale jouissait d’une immunité morale touche à sa fin. ». Un article tiré du site Middle East Monitor.

La victoire de Catherine Connolly à la présidence de l’Irlande a eu un impact bien au-delà de Dublin. Sa victoire n’était ni un geste symbolique, ni un événement politique de routine. C’était une réprimande morale directe adressée à l’occupation israélienne et aux réseaux de lobbying qui, depuis des décennies, s’appuient sur la muselage, l’intimidation et l’imposition du discours européen sur la Palestine. 

Ces réseaux ont immédiatement compris le danger. Leur panique ne concernait pas les pouvoirs constitutionnels limités de la présidence irlandaise ; elle était liée à quelque chose de bien plus menaçant pour eux : l’effondrement de l’obéissance narrative en Europe. L’ascension de Connolly a montré qu’un électorat européen, pleinement conscient et informé, ne peut plus être manipulé pour qualifier le génocide à Gaza de « légitime défense » ou l’occupation israélienne de « sécurité ». 

Le journaliste britannique Adnan Hmidan 

Un peuple solidaire de la Palestine

L’Irlande connaît l’occupation non pas par les manuels scolaires, mais par l’expérience. C’est une nation qui se souvient du siège, de la dépossession et des rouages du pouvoir colonial. Aucun discours médiatique, aussi bien financé soit-il, ne peut persuader un tel peuple que le massacre de civils pris au piège est un « droit ». C’est pourquoi les rues irlandaises ont débordé en solidarité avec Gaza lors des récentes atrocités israéliennes.

Comme l’a déclaré Nelson Mandela : « Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens. » Pour de nombreux électeurs irlandais, Connolly incarnait cet instinct moral : sans filtre, sans complexe et sans peur.  La réaction pro-israélienne fut rapide et violente. L’objectif n’était pas de débattre, mais de délégitimer, d’intimider et de réduire au silence.

Ils craignent Connolly non pas pour ce qu’elle peut signer, mais pour ce qu’elle peut dire – car elle énonce des vérités sans fard : nettoyage ethnique, châtiments collectifs, crimes de guerre. Des mots qui brisent les illusions confortables sur lesquelles reposait la complicité européenne. Frantz Fanon a écrit que le colonialisme « n’est pas une machine à penser… c’est une violence pure et dure ». Ceux qui défendent cette violence savent qu’une fois exposée, elle commence à s’effondrer.

L’Irlande a choisi le camp des opprimés

Connolly a fait tomber le masque. Elle a refusé de répéter le vocabulaire lâche qui assimile occupant et occupé, ou les euphémismes derrière lesquels se cachent les dirigeants occidentaux. Elle a dénoncé le crime – et, ce faisant, a brisé le charme de la peur. Cette victoire à la tête du pays est un moment de vérité morale pour un continent qui a prôné les droits humains tout en armant ceux qui les violent.

Aimé Césaire a averti l’Europe que « nul ne colonise innocemment, ni ne colonise impunément ». Aujourd’hui, l’Europe se trouve face à un miroir : soit elle honore les valeurs qu’elle prétend défendre, soit elle admet que ces valeurs n’ont jamais été universelles. L’Irlande, fidèle à son histoire, a choisi le camp des opprimés. 

Pour les Palestiniens, notamment ceux de la diaspora, la victoire de Connolly prouve que la bataille du discours en Occident est gagnable. L’occupation israélienne peut certes dominer les armes, les entreprises et les lobbies, mais elle perd l’argument moral. Chaque voix honnête, notamment en Europe, accélère cette perte. 

Manifestation en Europe

L’expérience irlandaise offre une leçon

Ce n’est pourtant pas le moment de s’appesantir et de se reposer. Il s’agit d’une ouverture stratégique qu’il faut élargir – pour construire des alliances plus solides, défier la censure et mieux faire entendre la voix des Palestiniens dans la société civile européenne. L’expérience irlandaise offre une leçon claire : lorsque la vérité est dite clairement, le peuple choisit la justice.  

L’Irlande a envoyé un message – à l’Europe, à la Palestine et à toutes les nations qui nous regardent : l’ère où la violence coloniale jouissait d’une immunité morale touche à sa fin. La fonction de Connolly est peut-être solennelle, mais sa victoire ne l’est pas. L’histoire ne se range pas du côté du colonisateur. Elle se range du côté de ceux qui s’expriment, résistent et refusent de s’agenouiller. Et aujourd’hui, l’Irlande a choisi de se lever. 

Adnan Hmidan 

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