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samedi 27 avril 2024

Hussein, un modèle pour développer sa personnalité 1/2

Hussein, un modèle pour développer sa personnalité 1/2 Mizane.info

Enseignant, fondateur du mouvement Floraison et de l’institut Ha-Mim, Hamdi Ben Aïssa aborde la question du rapport entre la vie de Hussein, tué à Karbala le jour de Achoura, et la manière dont sa vie peut représenter un modèle de développement pour l’être humain. Mizane.info publie la première partie de cette chronique.

Nous vivons le début de la nouvelle année islamique, début d’année qui est marquée par le souvenir de la Hijra, la migration des compagnons (qui se conclura par celle du Prophète au mois suivant, le mois de Safar) de la Mecque vers Médine, mais aussi par celui du martyr et de l’ouverture de l’Imam al-Hussein (que Dieu continue de nourrir son être et nous connecte à son héritage).

Dieu a ainsi décidé de connecter l’histoire du petit-fils avec celle de son grand-père, et il en est toujours ainsi : l’histoire de l’héritier est toujours connectée à celle de son ancêtre.

L’histoire de l’imam de son temps est également toujours connectée à l’histoire du premier Imam (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière, la force de son âme, son héritage spirituel ainsi que notre connexion à lui).

Certes, nous savons que ce n’est pas par Révélation que la date de début d’année a été fixée au mois de Mouharram, en l’honneur de la Hijra. Mais en réalité, tout relève de la Volonté et du Dessein Divins, surtout dans ce genre de décision.

Il faut donc voir une Volonté Divine dans le fait que la Hijra et le martyr de l’Imam Hussein soient célébrés dans les mêmes jours, ainsi que dans le fait que ces événements marquent une nouvelle année, un nouveau cycle, un nouveau départ. A nous d’en tirer les enseignements.

Méditation sur la Hijra : sortir de sa zone de confort pour devenir plus fort

Dieu veut que notre vie soit une vie de migration, une vie faite de mouvement qui vise à nous faire passer de notre zone de confort à notre zone de Renfort : celle de la confiance en Dieu et de la confiance en soi.

Tout ce chemin de vie n’a pour but que cette philosophie, et c’est ainsi que l’on écrit son histoire avec Dieu : lorsque l’on décide de laisser derrière soi tout ce qui empêche la croissance et que nous nous donnons et nous abandonnons entièrement à ce chemin..

La zone de confort est une zone dangereuse, mortelle. En effet, on peut se sentir “confortable”, très à l’aise dans des situations très compliquées, étranges voire même vraiment inconfortables et périlleuses vues de l’extérieur !

Combien de personnes se sentent bien dans des situations qui ne sont pas confortables du tout, voire même des situations qui les détruisent chaque jour ? Et pourtant, elles sont à l’aise avec cela, habituées à ce confort/inconfort et ne cherchent pas à changer les choses, ni à quitter ces situations tant que rien ne les y pousse.

Toute la philosophie de la Hijra nous invite au contraire à abandonner notre zone de confort, à nous défaire des choses, des informations, des endroits auxquels nous nous sommes habitués. A se remettre en question et se mettre au défi au Nom de Dieu pour trouver la zone du Renfort qui vient de Dieu.

Réflexion sur le jour de Achoura : l’Imam Hussein comme patrimoine universel pour toute l’humanité

En ce jour de Ashoura, beaucoup cherchent à se remémorer les faits qui se sont produits ce triste jour de Kerbala, jour du martyr de notre bien-aimé Imam Hussein. Cependant, je pense qu’il existe quelque chose de prioritaire au fait de s’intéresser aux faits en eux-mêmes. Car l’histoire n’est pas seulement là pour nous faire apprendre des événements, des faits et des dates. L’histoire vient en tout premier lieu nous parler de ces hommes et ces femmes qui ont fait l’histoire.

Qui est l’Imam Hussein ? Qui étaient ces gens qui l’ont accompagné, ces gens qui ont réussi à bien vivre le contexte le plus difficile ? Qui sont ces personnes qui ont lutté et n’ont pas laissé le passage du temps modeler leur personnalité et en faire des gens ratés et amers ? Qui sont ces gens qui ont résisté à la pression du temps (al-asr) qui vient comme une essoreuse, laissant nombre de gens corrompus et perdus (khusr), écrasés par le poids de leur époque et de leur contexte ?

Ces gens dont Dieu nous parle dans la sourate 103 (al-’Asr) :

“Par la pression du temps,

L’être humain est par nature et par défaut en train d’être corrompu et en perdition,

Sauf ceux qui placent leur confiance et leur foi en Dieu,

Qui s’efforcent d’agir dans le bien,

Qui s’appellent mutuellement à la Vérité,

Et qui s’encouragent et se soutiennent les uns les autres à être fermement engagés et dévoués”.

Lorsqu’on pense que l’Imam Hussein a quitté le monde terrestre à l’âge de 45 ans… Que savons-nous de lui, de sa vie avant son dernier jour ? Avons-nous conscience de ce qu’il représente, du fait que nous devrions tous et toutes nous intéresser à qui il était, au-delà de toute appartenance religieuse.

L’Imam Hussein n’est ni sunnite, ni chiite, ni même une exclusivité du club des “musulmans” tel qu’on le conçoit aujourd’hui. Il est bien plus que tout cela : c’est un être humain accompli, complet dont l’histoire relève du patrimoine universel de toute l’humanité. Chaque être humain, quelle que soit son ethnie, sa culture ou sa religion devrait pouvoir avoir accès à lui.

Pourtant, que savons-nous de lui ? De sa charité ? De sa manière d’interagir avec ses femmes, ou d’élever ses enfants ? De son comportement avec les gens ? Malheureusement, il a été comme réduit au jour de Karbala.

On ne connaît de lui que la façon dont sa vie s’est terminée, que ce tout dernier jour, chacun se repliant derrière son groupe, adoptant la position qu’on lui dit de prendre pour ne pas se voir remis en question dans son appartenance, comme si chercher plus loin reviendrait à détruire l’identité de ceux qui s’y risqueraient.

Notre identité de club ou de clan nous est si chère, elle qui n’est pourtant qu’une zone de confort extrêmement surcotée… car honnêtement, de quelle identité parle-t-on ? Ce n’est qu’un échec, ni plus ni moins. Comment pouvons-nous être attachés à une chose si corrompue ? Beaucoup sont dans la fierté de se targuer “je suis sunnite”, “je suis chiite”… Mais dans les deux cas, cela ne peut être une fierté en soi !

De plus lorsqu’on voit que notre identité sociétale ou politique n’est pas quelque chose qui nous bâtit en tant que personnalité saine, ce n’est plus que distraction et arrogance. Nous nous sommes réduits à une identité politique, une zone de confort que l’on ne veut pas quitter.

Ainsi, pour les sunnites, il est vu comme un personnage lointain, qui doit surtout rester loin et à propos duquel on ne dit pas trop chercher d’informations complémentaires. Pour les chiites, il est tel une image au ciel, un symbole qui doit surtout ne jamais descendre sur terre !

Un peu à l’image du christ dans le dogme chrétien : on le divinise pour pouvoir l’envoyer au ciel, procédé qui permet de vivre ici, sur terre, comme on l’entend. En effet, on ne peut avoir une relation avec une image, la relation ne peut se créer qu’avec un être vivant, et nous savons que les Hommes de Dieu, qui plus est l’Imam Hussein parti en martyr, ne meurent jamais.

La porte vers une relation authentique est donc toujours accessible, mais en en faisant une image, on le réduit à un abstrait lointain qui ne vient pas interférer dans nos affaires ici sur terre. En effet, le ciel ou le paradis restent des notions très abstraites et lointaines pour qui n’est pas dans une recherche de cet éternel.

Ainsi, nous pouvons dire que nous l’avons tout simplement éliminé. Il s’agit ni plus ni moins d’une élimination. En tant que muslims, nous avons tué l’Imam Hussein deux fois ! Ne soyez pas choqué, ce sont bien des musulmans qui l’ont tué, et non des “ennemis de l’islam”.

Chaque personne qui porte la foi en son cœur a donc une responsabilité, et un devoir de prendre position dans cette affaire. Se positionner sur ce qui s’est passé, chercher la vérité et la reconnaître fait partie du cheminement, on ne peut en faire l’impasse et dire “je n’y étais pas”..

Certes, tu n’y étais pas. Mais des parties de toi y étaient, en quelque sorte. Étaient présentes des personnes avec le même potentiel, qui étaient dans le même état intérieur que celui dans lequel tu te trouves actuellement. Tu n’y étais pas, mais ton manque de courage y était. Tu n’y étais pas, mais ton attachement à ta zone de confort y était. Tu n’y étais pas, mais ton matérialisme ainsi que ton manque de gratitude et tant d’autres choses qui sont actuellement en toi étaient déjà là, bien présents.

Achoura où la lutte intérieure entre le bien et le mal

Nous avons vu que l’histoire nous parle des êtres humains avant de nous parler de faits et de dates. Il nous faut préciser que l’histoire ne vient pas nous parler de ces gens pour qu’on les voie comme des personnages théoriques et surtout très extérieurs à nous.

Ce sont plutôt des projections des bonnes et mauvaises qualités qui sont en toi et moi aujourd’hui. Ainsi, lorsque Dieu veut que nous apprenions un élément historique, c’est pour nous montrer comment vraiment développer nos personnalités, pour nous inviter à l’introspection.

Il ne s’agit pas de choisir un clan juste pour se bâtir une identité sociale ou politique. Il s’agit de s’interroger : qu’est-ce que j’aurais fait à leur place ? Quels choix aurais-je pris ? Car, soyons honnête, personne ne veut être dans le mauvais camp. Même devant un film, ceux qui sont criminels dans la vie vont refuser de s’identifier à ceux qui jouent les criminels à l’écran.

La théorie est une chose, mais la question que l’on doit honnêtement se poser est : comment est-ce que je me serais positionné dans les faits ? Aurais-je été avec l’Imam Hussein ce jour-là ? Ou contre lui ?

Aurais-je été de ceux qui ont dit “mon cœur est avec toi, mais mon épée est contre toi”, incapables d’avoir le courage de choisir la Vérité face à l’oppression d’une masse inconsciente et criminelle ? Ou aurais-je plutôt été avec ceux qui auraient choisi son camp, celui du bien et du vrai, quitte à tout perdre sur le plan matériel et social, quitte à perdre la vie ?

Ce qui se joue ici, c’est une bataille sur le plan des qualités humaines, des vertus et de la morale. C’est un affrontement entre l’être humain bon et fiable qui a nourri les qualités de la personnalité saine contre l’être humain corrompu qui a laissé le vide en lui le dévorer.

En effet, nous avons tous des vides en nous, mais allons-nous laisser ces vides devenir des trous noirs et nous dévorer, nous aspirer tout entier ? Et allons-nous nous laisser définir par cette bassesse en nous ? Telle est la question.

Hamdi Ben Aïssa

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