YouTube a discrètement supprimé, début octobre, plus de 700 vidéos et fermé les comptes de trois grandes organisations palestiniennes de défense des droits humains – le Centre Al-Mezan pour les droits humains, Al-Haq et le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR) – selon une enquête publiée par The Intercept.
Plus de 700 vidéos, reportages et témoignages sur le génocide israélien depuis deux ans à Gaza, ont été effacés le mois dernier par YouTube, filiale de Google, après la suppression des comptes de trois ONG palestiniennes : le Centre Al-Mezan pour les droits humains, Al-Haq et le Centre palestinien pour les droits humains (PCHR).
En cause : leur coopération avec la Cour pénale internationale (CPI)
Les chaînes supprimées appartenaient à Al-Haq, Al Mezan Centre for Human Rights et au Palestinian Centre for Human Rights. Depuis plusieurs années, ces organisations diffusaient des vidéos recensant des violations du droit international commises par Israël à Gaza et en Cisjordanie occupée.
Selon The Intercept, les vidéos supprimées comprenaient des enquêtes sur les bombardements israéliens, des témoignages de civils blessés et des images de l’assassinat de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh. Les suppressions ont eu lieu juste après que Washington a imposé des sanctions contre ces organisations pour leur coopération avec la Cour pénale internationale (CPI), laquelle enquête sur les crimes de guerre israéliens à Gaza.
Le prétexte invoqué par YouTube est qu’il applique les sanctions prononcées par la Maison-Blanche à l’encontre de la Cour Pénale Internationale (CPI), auprès de laquelle les trois ONG sollicitent justice.
🚫YouTube a supprimé les comptes de trois ONG palestiniennes: Al-Haq, Al Mezan et PCHR et plus de 700 vidéos documentant des crimes de guerre présumés à Gaza et en Cisjordanie.🇵🇸
— AJIB.fr (@AJIB_fr) November 6, 2025
Des ONG dénoncent une tentative d’effacement de preuves et une atteinte à la liberté d’information. pic.twitter.com/BLxbzkNooL
Des centaines de preuves vidéos effacées
YouTube a confirmé que la suppression des comptes découlait d’un examen interne consécutif aux sanctions américaines, déclarant devoir respecter la législation commerciale et les régimes de sanctions internationaux. Plusieurs journalistes et militants ont dénoncé une décision visant, selon eux, à étouffer les voix palestiniennes et à faire disparaître des preuves essentielles des crimes commis.
« Pionnière dans les luttes anti-coloniales en Palestine depuis 1979, l’ONG Al-Haq enquête sur les crimes de guerre commis par les forces d’occupation israéliennes. Le Centre palestinien pour les droits de l’homme est quant à lui reconnu comme la plus ancienne organisation présente à Gaza par l’ONU. Le Centre Al-Mezan, situé à Gaza, documente enfin les violations des droits humains depuis deux décennies. »
Les journalistes indiquent que les organisations ciblées n’ont reçu aucun avertissement préalable et que la plateforme a réagi contre des acteurs de la société civile documentant des abus, plutôt qu’envers des contenus réellement extrémistes.
Lire sur le sujet : Malgré les pressions israéliennes, la CPI maintient ses mandats d’arrêt
La CPI est saisi depuis décembre 2023
En décembre 2023, l’Afrique du Sud a saisi la Cour internationale de Justice (CIJ), accusant Israël de crimes de génocide à Gaza. Plusieurs pays — dont la Türkiye, l’Espagne, l’Irlande, la Libye, le Mexique et la Belgique — ont depuis rejoint la procédure. La CIJ a émis trois ordonnances de mesures provisoires, exigeant qu’Israël empêche tout acte génocidaire et permette l’accès de l’aide humanitaire à la population gazaouie.
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