Une étude récente, interne du gouvernement américain, affirme n’avoir trouvé aucune preuve de détournement systématique de l’aide humanitaire par le Hamas à Gaza. Cette conclusion remet en cause l’un des principaux arguments avancés par Israël et les États-Unis pour justifier la mise en place du système militarisé de distribution d’aide (GHF), vivement critiqué par les ONG. Zoom.
Un rapport interne de l’USAID, l’Agence américaine pour le développement international que Donald Trump avait tenté de démanteler, réfute toutes les affirmations israéliennes selon lesquelles le Hamas « vole » l’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza.
44 des 156 incidents sont liés à Israël
Cette enquête, menée par un bureau de l’USAID et achevée fin juin, n’avait pas encore été rendue publique. Elle a porté sur 156 incidents de vol ou de perte de fournitures financées par les États-Unis, signalés par des organisations partenaires entre octobre 2023 et mai dernier.
Selon une présentation des résultats consultée par Reuters, elle n’a relevé « aucun rapport alléguant que le Hamas » ait bénéficié de ces fournitures. Au contraire, l’analyse indique qu’au moins 44 des 156 incidents sont « directement ou indirectement » dus à des actions militaires israéliennes, selon les diapositives internes. L’armée israélienne n’a pas répondu aux questions concernant ces conclusions.
Israël affirme depuis des années que le Hamas est responsable de la crise humanitaire à Gaza. Cette accusation a été le principal argument avancé par Israël et les États-Unis pour justifier en mai 2025 la création d’une nouvelle entité armée privée, la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), chargée de la distribution de l’aide à Gaza — une initiative fermement rejetée par l’ONU et plus de 170 ONG.
USAID finds no evidence of Hamas Gaza aid looting
— The Cradle (@TheCradleMedia) July 25, 2025
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A confidential US government review has found no evidence that Hamas systematically stole US-funded humanitarian aid, undercutting a key justification cited by both Israel and the US for supporting a new armed private aid… pic.twitter.com/NhFq57OPkN
Un rapport publié alors que la famine s’étend à Gaza
Un responsable de la sécurité du Hamas a déclaré que plus de 800 policiers et gardes affiliés au mouvement palestinien avaient été tués par Israël alors qu’ils tentaient de protéger les véhicules humanitaires et les itinéraires des convois. Ces missions, a-t-il précisé, étaient coordonnées avec les Nations unies.
Le rapport de l’USAID paraît alors que la faim s’aggrave dans l’enclave palestinienne ravagée. Les conclusions ont été transmises au bureau de l’inspecteur général de l’USAID ainsi qu’aux responsables du département d’État chargés de la politique au Moyen-Orient.
Il faut le faire savoir. L'étude de l'agence des USA sur Gaza montre qu'il n'y a jamais eu de détournement massif de l'aide humanitaire par le Hamas. L’instauration de la GHF se confirme comme un acte volontairement sadique à l'origine de milliers de morts civiles. #GazaStarving pic.twitter.com/rlYpIXs9kq
— Manès Nadel (@ManesNadel) July 25, 2025
Aucune preuve fournis par les US ou Israël
L’ONU déclare que les forces israéliennes ont tué plus de 1 000 personnes tentant de se procurer de la nourriture, en majorité à proximité des zones militarisées de distribution de la GHF. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies rapporte que près d’un quart des 2,1 millions d’habitants de Gaza vivent dans des conditions proches de la famine.
Un porte-parole du département d’État a contesté le rapport, affirmant qu’« il existe des preuves vidéo montrant le Hamas pillant l’aide humanitaire dans des entrepôts et des camions », sans toutefois présenter aucune preuve visuelle à ce jour.
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