L’agence Reuters a révélé que les États-Unis ont bien obtenu l’an dernier des renseignements indiquant que des juristes militaires israéliens reconnaissaient l’existence d’éléments appuyant les accusations de crimes de guerre commis par Israël durant le génocide à Gaza. Notamment des cas de civils Palestiniens utilisés comme bouclier humain.
Selon une enquête de l’agence Reuters, les services de renseignement américains ont obtenu l’an dernier des informations indiquant que des juristes de l’armée israélienne auraient alerté sur l’existence d’éléments susceptibles de soutenir les accusations de crimes de guerre visant Israël, dans le contexte du génocide perpétré à Gaza.
Crimes de guerre confirmés et documentés
Ces éléments, jusqu’alors non révélés, ont été décrits par d’anciens responsables comme parmi les plus marquants transmis aux hauts décideurs américains durant cette période. Deux d’entre eux précisent que ces renseignements ont été diffusés de manière large avant un briefing au Congrès en décembre 2024, à la fin du mandat de Joe Biden.
Selon deux anciens responsables américains, l’armée israélienne aurait notamment évoqué des situations où ses soldats auraient envoyé des Palestiniens dans des tunnels à Gaza, considérés comme potentiellement piégés d’explosifs.
Ces informations ont renforcé les préoccupations à Washington concernant la conduite de l’armée israélienne dans une « guerre » présentée comme nécessaire pour neutraliser les combattants du Hamas. Des doutes persistaient également quant à la possibilité qu’Israël ait visé volontairement des civils et des travailleurs humanitaires, ce qui relèverait de crimes de guerre.
This is the @Reuters template for stories about Israel: dramatic allegations in the headline then the buried fact at the end—U.S. agencies reviewed the evidence and found no Israeli war crimes, perhaps isolated incidents. Headline accuses; fine print at the very end clears. 1/ pic.twitter.com/6rtyLOHeFw
— Aizenberg (@Aizenberg55) November 13, 2025
Des informations sciemment ignorées
Les responsables américains se sont dits profondément préoccupés par ces conclusions, d’autant que le nombre croissant de victimes civiles à Gaza alimentait les interrogations sur le respect par Israël des normes internationales encadrant les dommages collatéraux acceptables.
Reuters a interrogé neuf anciens responsables de l’administration Biden, dont six disposant d’une connaissance directe des renseignements et des discussions internes qui ont suivi. Tous ont exigé l’anonymat en raison de la sensibilité du dossier.
Avant même que Washington ne collecte des informations sur des crimes de guerre potentiels au sein de l’armée israélienne, plusieurs juristes du département d’État — chargé d’évaluer la conduite de forces armées étrangères — avaient déjà alerté Antony Blinken, estimant qu’Israël pourrait être en train de commettre des violations graves, selon cinq anciens responsables.
Utilisations de Palestiniens comme boucliers humains : "ces accusations contre #Israël 🇮🇱 vis-à-vis de ces exactions à #Gaza ne sont pas nouvelles", rappelle @NTarnopolsky, notre correspondante pic.twitter.com/CHDWEVwehi
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) November 14, 2025
« L’administration Biden a sciemment détourné le regard »
L’absence de position tranchée de ces juristes est reflétée dans un rapport gouvernemental publié en mai 2024 sous l’administration Biden, indiquant qu’Israël pourrait avoir enfreint le droit international humanitaire à Gaza. Le document, rédigé par le département d’État, s’abstient de toute conclusion catégorique, invoquant « le brouillard de la guerre ».
Certains hauts responsables redoutaient qu’une reconnaissance formelle de crimes de guerre israéliens n’entraîne l’obligation de suspendre le soutien militaire et les échanges de renseignements — une décision qui, selon eux, aurait pu bénéficier au Hamas.
« L’administration Biden a sciemment détourné le regard face à des preuves accablantes de crimes de guerre commis avec des armes américaines à Gaza », a déclaré Van Hollen, élu du Maryland, à Reuters. L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Yechiel Leiter, n’a pas souhaité réagir lorsque Reuters l’a interrogé sur ces renseignements.
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