Depuis lundi, la région de Gaza, sous blocus israélien depuis plus de seize ans, est sous un siège complet avec le consentement d’une multitude d’Etat dits démocratiques. Sous le feu des bombardements, l’enclave palestinienne est aujourd’hui inaccessible avec un lourd bilan de perte humaine de 770 morts et 4 000 blessés. Focus.
Gaza, sous blocus depuis 16 ans, est sous le feu des bombardements israéliens depuis dimanche. Un siège inhumain et scandaleux, est venu s’ajouter, ce lundi, dans cette enclave d’environ 2,3 millions habitants.
Le lundi 9 octobre, au troisième jour des affrontements avec les mouvements militants en Palestine, le ministre de la Défense de l’état hébreux, Yoav Gallant, a annoncé « un siège complet de la bande de Gaza. »
« J’ai ordonné un siège complet de la bande de Gaza. Pas d’électricité, pas de nourriture, pas de gaz, tout est fermé. Nous combattons les animaux humains et nous agissons en conséquence. »
Un crime de guerre aux yeux du monde
Depuis trois jours, les explosions se suivent sans discontinuer à Gaza. Les quartiers résidentiels sont pilonnés sans relâche par les avions de chasse de l’armée israélienne. Najla Shawa, travailleuse humanitaire de la région, témoigne :
« L’ampleur des destructions dépasse celles de la guerre de 2014 ou de 2021. C’est en continu et on ignore quand cela va s’arrêter. (…) Tout ça dépasse l’entendement. »
Mosquées, habitations, écoles, université, aucun bâtiment de ce petit territoire de 360 kilomètres ne semble à l’abri des frappes israéliennes. Selon le ministère gazaoui de la santé, sept structures médicales ont été visées depuis samedi, notamment des ambulances.
L’organisation de défense des droits humains gazaouie Al-Mizan dénonce « un crime de guerre aux dimensions inédites ». Un coordinateur de Médecins du monde, Mahmoud Isleem, a demandé à la communauté internationale de « faire pression pour la mise en place d’un corridor humanitaire ».
L’enclave martyre de Gaza subit donc un siège « interdit par le droit international humanitaire » que seul le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a osé dénoncer publiquement dans un communiqué :
« Imposer des sièges qui mettent en danger la vie des civils en les privant de biens essentiels à leur survie est interdit par le droit international humanitaire. »
Imbroglio en Europe autour de l’aide financière pour la Palestine
Alors que l’Allemagne et l’Autriche annonçaient, dans un élan d’humanité, l’interruption des paiements bilatéraux à la Palestine pour un total d’environ 144 millions d’euros, l’Union européenne leur emboitait le pas en annonçant, à leur tour, la suspension de tous les paiements de son aide en faveur des Palestiniens par la voix du commissaire européen, Oliver Varhelyi.
Une suspension des programmes de développement représentant un total de 691 millions d’euros. La décision sera contestée, quelques heures plus tard, par l’Espagne et l’Irlande.
En soirée, la Commission européenne rétropédale et affirme lancer finalement « un réexamen urgent de l’assistance de l’Union européenne à la Palestine » et non plus une suspension comme indiquée la veille.
Une attitude somme toute scandaleuse qui contraste avec les fondements démocratiques dont se targue l’organisation. Elle s’ajoute aux nombreuses restrictions élémentaires que le monde « civilisé » dénie à la bande de Gaza.
Le soutien publique à la Palestine interdit en France ?
Aux Etats-Unis, en Espagne, au Royaume-Uni et dans tout le Moyen-Orient, des manifestations de soutien aux Palestiniens se sont déroulées depuis ces trois derniers jours.
En France, le seul rassemblement pro-palestinien, annoncé dans la région lyonnaise, a été interdit à la demande de la Place Beauvau, alors que, dans le même temps, au moins trois manifestions en soutien à l’état d’Israël ont été autorisées.
Le rassemblement sur Paris organisé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), auquel de nombreux politiques ont participés, a fini au pied de la Tour Eiffel illuminé aux couleurs du drapeau israélien.
La France se déshonore ainsi dans un parti pris assumé qui se vante de camoufler volontairement et pénalement tout soutien publique en faveur du peuple martyrisé en Palestine, jusqu’au déploiement d’une simple banderole, comme l’affirme le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.
Cette position nationale est confirmée par une récente déclaration conjointe avec les Etats-Unis, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni indiquant qu’ils « soutiendraient Israël dans ses efforts pour se défendre ». Quitte à bafouer ses propres valeurs ?
Ibrahim Madras
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