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Gaza : le paradigme humanitaire comme alibi de l’inaction face au génocide

« Que cherche vraiment à protéger la communauté internationale ? Les Palestiniens de la famine, ou elle-même de sa complicité manifeste dans le génocide ? ». Dans un texte, issu du site Middle East Monitor, la journaliste, Ramona Wadi, affirme que le ralliement tardif de la communauté nationale aux appels demandant l’arrêt de la famine à Gaza est une manœuvre politique visant à invisibiliser sa complicité dans le génocide israélien. Focus.

Si la communauté internationale avait décidé de prendre une position unifiée contre les premiers plans mis en œuvre pour affamer la population de Gaza, Israël n’aurait aujourd’hui plus aucun recours.

Il a fallu les atrocités commises lors des distributions organisées par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), des Palestiniens mourant de faim et, plus récemment, une photo montrant un enfant palestinien tenu dans les bras de sa mère, pour que les condamnations contre la politique de famine d’Israël — que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu continue pourtant de rejeter — commencent enfin à se multiplier. 

Le ralliement sélectif de la communauté internationale est une manœuvre politique

Bien sûr, ces condamnations sans équivoque finiront, malgré tout, par servir les intérêts d’Israël. Le génocide à Gaza a été laissé libre de se développer beaucoup trop longtemps. Rien de ce que la communauté internationale peut dire maintenant ne pourra annuler le processus de colonisation de Gaza par Israël, à moins qu’elle n’intervienne pour empêcher à la fois le génocide et la colonisation. Ce qui, bien sûr, n’arrivera pas.  

Le système international des droits de l’homme est enraciné dans le racisme. D’où ce cycle sans fin où l’on supplie d’anciens empires coloniaux pour obtenir des droits, alors que ces mêmes puissances soutiennent le dernier projet colonial de peuplement au monde, qui sert leurs intérêts occidentaux. Se rallier tardivement aux cris des masses demandant l’arrêt de la famine à Gaza est une manœuvre politique.

Il n’y avait nul besoin que cette photo fasse le tour des réseaux sociaux pour que le Premier ministre australien, Anthony Albanese, déclare qu’il partageait « la détresse que ressentent les gens du monde entier en regardant le petit Mohammed, âgé de 1 an ».   Les gens, partout dans le monde, sont bouleversés par le génocide depuis qu’il a commencé ; ils n’avaient pas besoin d’une preuve photographique d’un enfant affamé pour en être bouleversés. Les politiciens, en revanche, fonctionnent autrement. Il leur faut une photo à l’esthétique macabre pour ressentir une quelconque détresse. 

Invisibiliser sa complicité dans le génocide en cours

Et alors qu’Israël remet en cause l’authenticité de cette image, il existe d’autres photos d’enfants palestiniens affamés qui n’ont pas eu le même impact. Donc, lorsque Israël nie l’existence de la famine, s’appuie-t-il sur une seule photo, sur toutes les photos, ou sur toute l’expérience de ce qu’est devenue la vie à Gaza ? 

Et que penser du soudain empressement de la communauté internationale à reconnaître la famine à Gaza, mais non le génocide ? Les dirigeants mondiaux feignent-ils de n’avoir aucune responsabilité dans cette famine, simplement parce qu’ils ont appelé à des « pauses humanitaires » et déploré la fin des opérations de l’UNRWA dans les territoires palestiniens occupés ?

Lire sur le sujet : Gaza : Vers la fin du soutien inconditionnel à Israël ?  

Le niveau de destruction causé par les bombardements israéliens à Gaza n’a jamais suscité de telles réactions, car la complicité dans cette partie du génocide est bien plus visible. La communauté internationale croit que le paradigme humanitaire peut encore protéger ceux qui l’ont conçu. D’où le fait de dénoncer la famine, notamment lorsqu’elle est illustrée par des images des mêmes personnes que la communauté internationale a aidé Israël à bombarder — une posture bien plus confortable. 

La journaliste, Ramona Wadi

Protéger son image ou la vie des Palestiniens ?

Mais il ne devrait pas s’agir ici de stratégie diplomatique. L’enjeu, ce sont les Palestiniens qui vivent un génocide à Gaza, dernière étape de la stratégie coloniale d’Israël. La famine fait partie intégrante de cette stratégie génocidaire, et les diplomates mettent en œuvre des démarches stratégiques qui permettent à Israël de réaliser ses ambitions territoriales, au prix de vies palestiniennes — des vies qui, selon le droit international, devraient compter, mais qui n’ont aucune valeur en termes de diplomatie.  

Alors, que cherche vraiment à protéger la communauté internationale ? Les Palestiniens de la famine, ou elle-même de sa complicité manifeste dans le génocide ? 

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