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Gaza et l’autel de Sion

Gaza et l’autel de Sion Mizane.info

Un trou noir s’est ouvert dans la conscience mondiale, Gaza. Quelque chose a changé. L’horreur a engendré l’espoir, et la destruction des corps, la force de vie. Une lumière douce brûle les faces compromises, et calcine les langues de la honte. Une chronique apocalyptique signée Fouad Bahri.   

La Palestine est une terre sacrée. Trois fois sacrée nous dit-on. La Terre des miracles. Le lieu d’où surgit l’improbable. La Terre des holocaustes aussi, offrandes de soi au Soi divin. Mais plus que tout, la Terre des sacrifices. Le monothéisme avait, ne l’oublions jamais, condamné définitivement toute forme de sacrifice humain, héritage antique du paganisme, au terme de cette épreuve inaugurale de l’ère abrahamique, le sacrifice du fils d’Ibrahim.

Le destin funeste d’Israël

Par ce geste ultime, Dieu avait testé la foi d’Ibrahim. Le patriarche, père des prophètes post-diluviens, avait réussi l’épreuve. Aimer Dieu est une entreprise redoutable, de celle qui s’éprouve par le sacrifice de tout être aimé. En retenant la main d’Ibrahim, le messager céleste avait définitivement repoussé dans les ténèbres de l’oubli ce type de pratique que l’on croyait déchu.

Le peuple d’Israël, ou plutôt sa version contemporaine édulcorée par toutes formes de métissage si l’on en croit Shlomo Sand, a comme souvent dans son histoire, fait un autre choix. Le choix de suivre son hubris, sa démesure, sa passion de la destruction. L’Ancien Testament raconte en long, en large et en travers cette capacité d’une partie non insignifiante des Israélites à se dévoyer, à trahir les messagers, à tourner le dos à Moïse en adorant le Veau d’or, à vénérer des idoles, à détruire le message des Prophètes soit en l’altérant, soit à la source, en tuant le prophète. Curieuse destinée funeste d’un peuple jadis élu, puis déchu.

Les Israéliens sont les héritiers de cette relation morbide à l’holocauste. Quand Dieu rejette toute forme d’idolâtrie et de sacrifice humain, le peuple déchu sacrifie des innocents sur l’autel de Sion. La barbarie israélienne a atteint des sommets qui a choqué le monde entier. Des actes dignes des Nazis, ont commenté des membres du gouvernement espagnol. Des psychopathes, des êtres sadiques qui tuent, brûlent, affament et torturent à longueur de journée une population qui refuse d’abdiquer de sa terre, de se rendre, de rendre raison.

Gaza, trou noir du monde

Une expression populaire dit que « presque tout est produit en Chine, sauf pour le courage. Il est produit en Palestine ». Cette expression est encore en dessous de la vérité.

Le peuple palestinien a fait face, avec une abnégation inimaginable, à toute la violence israélo-américaine, et il l’a fait seul. Devant une planète de spectateurs. La Palestine est un cimetière, certes, mais jamais n’a-t-on vu cimetière plus vivant, de braves fourmillants. Aucune bombe n’est parvenue à les arrêter. Aucune armée ne freinera leur avancée irrésistible dans le royaume de la conscience.

Par leur déchaînement de barbarie, par cette certitude d’exercer, grâce à un pacte de sang scellé avec Washington, leur hégémonie dans l’impunité la plus complète, les Israéliens ont fait trembler toutes les lignes, violé toutes les constitutions, brûlant d’une main les 10 commandements, étranglant de l’autre la Torah. Ce séisme dévastateur a provoqué un événement extraordinaire, inattendu. Un trou noir. Ce que des scientifiques obtus appelleraient une anomalie spatio-temporelle.

De quoi s’agit-il ? De cette explosion massive de colère, de cette libération des langues et des âmes, de ce cri primal de l’être humain consterné, qui refuse d’accepter l’inacceptable, le sacrifice d’enfants sur l’autel de Sion. Partout, y compris aux Etats-Unis, et jusqu’au sein de l’enceinte pourpre de Tel Aviv, les cris de l’âme palestinienne ont ébranlé l’édifice de la honte.

Sur les plateaux télé, dans les réseaux sociaux, au cœur des citadelles sombres où se décident la politique mondiale, des signaux rouges clignotent. La vague de colère mondiale qui s’est lentement levé menace à présent de s’abattre sur les Israéliens et leurs légions de mercenaires.  Les sionistes de gauche, qui ont hurlé avec les loups de la vengeance, tentent à présent de montrer patte blanche. C’est la faute à Netanyahu ! Snif, snif, je ne veux pas voir disparaître Israël. Blabla indécent, aveu consternant.  

Le chantage à l’antisémitisme, le « c’est la faute au Hamas », toute cette panoplie du mensonge éculée jusqu’à la moelle ne fonctionne plus. Les gens savent. Les spectateurs évaluent les jeux d’acteurs, ils en ont le loisir et par dessus tout connaissent ceux qui ne jouent pas. Gaza est un trou noir qui avale tout. Les fausses valeurs, la « bonne » conscience humaniste, la volonté de puissance déchaînée. Rien ne lui résistera.

Le soleil se lèvera à Gaza

Le monde musulman ne sera pas plus épargné. La compromission des lâches, l’hypocrisie des sultans aux gants de velours, la horde enturbannée des savants du trône, tout s’envolera, s’envole déjà, en poussière. Gaza est le sabre qui tranche les choses, le feu de la vérité qu’on ne peut regarder dans les yeux. Cette épreuve sera décisive. La vérité de la foi sera éprouvée, l’impuissance des eunuques du minbar, dévoilée, la collaboration des despotes, honnie.

Demain, le soleil se lèvera à Gaza. A l’aube d’un nouveau monde où le souvenir de la chute de Sion, la cité du crime, sera enseignée aux générations futures comme le rappel si proche, si lointain que l’homicide ne peut pas régner, ni la honte durablement gouverner. De cette terre sacrée, ensemencée du sang des martyrs, naîtra une nation parée des vertus universelles, la nation du peuple-monde, le peuple palestinien.

Fouad Bahri

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