L’Unicef avertit que l’effondrement des systèmes d’approvisionnement en eau à Gaza menace la survie des enfants. Tandis que la famine s’aggrave, les tentatives d’accéder à l’aide humanitaire deviennent elles-mêmes fatales.
L’effondrement des systèmes d’approvisionnement en eau à Gaza menace le territoire d’une sécheresse dévastatrice ainsi que de la faim, a averti l’Unicef. James Elder, porte-parole de l’organisation, a déclaré à Genève : « Nous sommes bien en deçà des normes d’urgence en matière d’eau potable pour la population de Gaza. Les enfants vont commencer à mourir de soif… Seulement 40 % des installations de production d’eau potable sont encore fonctionnelles. »
L’eau, enjeu vital dans un territoire ravagé
La pénurie d’eau s’explique aussi par le manque de carburant, indispensable aux pompes des puits et à la seule usine de dessalement encore opérationnelle. Depuis la fin du cessez-le-feu en mars, aucun carburant n’a été autorisé à entrer. L’ONU a réduit d’un cinquième les heures de fonctionnement des installations d’eau, d’assainissement et d’hygiène en mai, mais les réserves sont désormais presque épuisées.
Accéder à l’aide, au péril de sa vie
Vendredi, au moins 25 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au sud de Netzarim, alors qu’elles attendaient des camions d’aide, selon les autorités sanitaires locales. Mohammad al-Mughayyir, directeur de l’approvisionnement médical de l’agence de défense civile de Gaza, a affirmé : « Quarante-trois martyrs sont tombés à cause des bombardements israéliens en cours sur la bande de Gaza depuis l’aube aujourd’hui, dont 26 attendaient une aide humanitaire. »
Plus de 100 Palestiniens sont morts ces derniers jours en tentant d’atteindre des points de distribution gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël, ou en cherchant à décharger les rares véhicules de l’ONU. Elder a relaté : « Il y a eu des cas où des informations ont été partagées selon lesquelles un site [de distribution] était ouvert, mais ensuite il a été communiqué sur les réseaux sociaux qu’il était fermé, mais cette information a été partagée alors que l’Internet à Gaza était en panne et que les gens n’y avaient pas accès. »
Tirs, frappes, chaos : une population prise au piège
Des frappes aériennes israéliennes ont également causé la mort d’au moins 12 personnes vendredi, dans une maison de la famille Ayyash à Deir al-Balah. L’armée israélienne a indiqué avoir ciblé 300 personnes à Gaza cette semaine, y compris des militants et des positions armées. Elle a nié avoir visé des civils et affirme que les soldats ont tiré sur des « suspects » perçus comme une menace.
Elder a aussi témoigné : « J’ai de nombreux témoignages de femmes et d’enfants blessés alors qu’ils tentaient de recevoir de l’aide alimentaire, y compris un jeune garçon blessé par un obus de char et décédé plus tard des suites de ses blessures. »
Un système humanitaire contesté
Depuis la levée partielle du blocus, l’aide reste entravée par les frappes, les restrictions militaires et l’anarchie. Nombre de convois sont interceptés ou vidés par la population. La GHF affirme avoir fourni plus de 30 millions de repas « en toute sécurité et sans incident » depuis un mois. Mais les grandes ONG dénoncent un dispositif « peu pratique, inadéquat et contraire à l’éthique ». Elles rejettent aussi les accusations de détournement d’aide par le Hamas. L’ONU estime que 2,3 millions de Gazaouis sont aujourd’hui confrontés à un « risque critique de famine ».