Le bombardement sur l’établissement médical de Khan Younès a fait 20 morts au total, dont plusieurs professionnels des médias internationaux. Des organisations de presse et des ONG réclament des explications urgentes à Israël.
Vingt personnes ont trouvé la mort lundi matin lors d’un bombardement israélien sur l’hôpital Nasser, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, a rapporté la protection civile palestinienne. Parmi elles, cinq journalistes travaillant pour des médias étrangers. Sollicitée par l’Agence France-Presse (AFP), l’armée israélienne a répondu qu’elle procédait à des vérifications.
Le porte-parole de la défense civile, Mahmoud Bassal, a expliqué que la première attaque avait été menée par un drone explosif, suivie d’un raid aérien qui a frappé alors que des blessés étaient en cours d’évacuation. Il a également confirmé la mort d’un membre du personnel médical.
Des journalistes de renom parmi les victimes
La chaîne Al-Jazira a indiqué que son photoreporter Mohammad Salama avait été tué sur place, deux semaines après la perte de plusieurs de ses collaborateurs lors d’une frappe ciblée. L’agence Reuters a précisé que le caméraman Hussam Al-Masri figurait parmi les victimes, tandis que le photographe Hatem Khaled avait été grièvement blessé dans une seconde attaque.
L’agence Associated Press (AP) a annoncé pour sa part que Mariam Dagga, l’une de ses contributrices, avait trouvé la mort, même si elle ne travaillait pas pour l’agence au moment du drame.
Le syndicat palestinien des journalistes a confirmé la disparition de quatre professionnels, citant également Moaz Abu Taha, qui collaborait avec divers médias locaux et internationaux.
Un journaliste de l’AFP présent sur place a décrit des scènes chaotiques, des blessés ensanglantés étant transportés en urgence vers l’hôpital Nasser, l’un des rares établissements encore partiellement opérationnels dans la bande de Gaza.
L’Association de la presse étrangère à Jérusalem (FPA) a publié un communiqué dénonçant ces frappes et réclamant « des explications » immédiates à Israël. Elle s’est dite « scandalisée et choquée », soulignant qu’aucun avertissement n’avait précédé l’attaque. « Nous exigeons des comptes de l’armée israélienne et du bureau du Premier ministre », a ajouté l’association, appelant Israël à « mettre fin à la pratique inacceptable consistant à viser des journalistes ».
RSF alerte le Conseil de sécurité de l’ONU
Reporters sans frontières (RSF) a de son côté « condamné avec la plus grande fermeté » l’attaque qui a coûté la vie à cinq journalistes.
« Jusqu’où iront les forces israéliennes dans leur entreprise de musellement progressif de l’information à Gaza ? Jusqu’à quand bafoueront-elles le droit humanitaire international ? », a déclaré Thibaut Bruttin, directeur général de l’ONG.
RSF a rappelé que dix ans après l’adoption de la résolution 2222 du Conseil de sécurité de l’ONU, garantissant la protection des journalistes en zones de conflit, cette règle restait ignorée. L’organisation appelle à une réunion urgente du Conseil de sécurité afin de mettre fin à l’impunité, protéger les journalistes palestiniens et permettre un accès libre à l’enclave pour tous les reporters.
Selon RSF, Ahmad Abu Aziz travaillait pour plusieurs médias locaux ainsi que pour la radio tunisienne Diwan FM, tandis que Moaz Abu Taha collaborait comme correspondant avec la chaîne américaine NBC.