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Francesca Albanese en lutte contre « la corruption morale du monde »

« Les sanctions de l’administration Trump à l’encontre de Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies, annoncent la fin de règne du droit international ». Pour l’auteur américain Chris Hedges, la lutte de la juriste italienne pour le peuple Palestinien « met à nu les stratagèmes que nous [l’Occident] utilisons pour nous tromper nous-mêmes et tenter de tromper les autres ». Un texte traduit par le site Chroniques de Palestine.

Lorsqu’on écrira l’histoire du génocide à Gaza, Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale des Nations unies, qui fait aujourd’hui l’objet de sanctions de la part de l’administration Trump, sera reconnue comme l’une des défenseuses les plus courageuses et les plus éloquentes de la justice et du respect du droit international. 

Rapporteuse spéciale des Nations unies, Francesca Albanese est chargée de surveiller et de signaler les violations des droits humains commises par Israël à l’encontre des Palestiniens. La juriste, qui reçoit régulièrement des menaces de mort et subit des campagnes de dénigrement orchestrées par Israël et ses alliés, s’efforce courageusement d’obliger ceux qui soutiennent et entretiennent le génocide à rendre des comptes.

En lutte contre « la corruption morale et politique du monde »

Francesca Albanese fustige ce qu’elle appelle « la corruption morale et politique du monde » qui permet au génocide de se poursuivre. Son bureau a publié des rapports détaillés documentant les crimes de guerre commis à Gaza et en Cisjordanie, dont l’un, intitulé « Genocide as colonial erasure ». Elle a informé des organisations privées qu’elles étaient « pénalement responsables » pour avoir aidé Israël à mener à bien le génocide à Gaza. 

Elle a appelé les hauts responsables de l’Union européenne (UE) à répondre de leur complicité dans des crimes de guerre pour leur soutien au génocide, affirmant que leurs actions ne pouvaient pas rester impunies. Elle a défendu la flottille Madleen qui cherchait à briser le blocus de Gaza et à acheminer de l’aide humanitaire.

Son dernier rapport répertorie 48 entreprises et institutions, dont Palantir Technologies Inc., Lockheed Martin, Alphabet Inc. (Google), Amazon, International Business Machine Corporation (IBM), Caterpillar Inc., Microsoft Corporation et le Massachusetts Institute of Technology (MIT), ainsi que des banques et des sociétés financières telles que BlackRock, des assureurs, des sociétés immobilières et des organisations caritatives, qui, en violation du droit international, tirent des milliards de dollars de l’occupation et du génocide des Palestiniens. 

Rapport sur l’économie du Génocide à Gaza

Les sanctions américaine contre la juriste italienne

Le secrétaire d’État Marco Rubio a condamné le soutien de Francesca Albanese à la CPI, dont quatre juges ont été sanctionnés par les États-Unis pour avoir émis des mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant l’année dernière. Il lui a reproché de vouloir traduire en justice les ressortissants américains ou israéliens qui soutiennent le génocide, et affirmé qu’elle n’était pas apte à exercer les fonctions de rapporteure spéciale. 

Marco Rubio a également accusé Albanese d’avoir « régurgité un antisémitisme éhonté, exprimé son soutien au terrorisme et manifesté un mépris ouvert envers les États-Unis, Israël et l’Occident ». Les sanctions empêcheront très probablement Mme Albanese de se rendre aux États-Unis et gèleront tous les avoirs qu’elle pourrait avoir dans ce pays. 

L’attaque contre Francesca Albanese laisse présager d’un monde sans règles, où des États voyous, comme les États-Unis et Israël, pourront commettre des crimes de guerre et des génocides sans aucune restriction ni aucun compte à rendre. Elle met à nu les stratagèmes que nous (l’Occident) utilisons pour nous tromper nous-mêmes et tenter de tromper les autres. Elle révèle notre hypocrisie, notre cruauté et notre racisme. 

Désormais, plus personne ne prendra au sérieux notre soi-disant engagement en faveur de la démocratie, de la liberté d’expression, de l’État de droit ou des droits de l’homme. Et comment pourrait-on en vouloir à quiconque ? Nous ne parlons que le langage de la force, le langage des brutes, le langage du massacre de masse, le langage du génocide. 

« Ceux qui défendent les opprimés, seront traités comme les opprimés »

« Les meurtres, les massacres, les tortures psychologiques et physiques, les dévastations, la sujétion à des conditions de vie qui ne permettent pas aux habitants de Gaza de vivre, la destruction des hôpitaux, les déplacements forcés et le nombre considérable de sans-abri, alors que les gens sont bombardés quotidiennement et réduits à la famine… Comment pouvons-nous considérer ces actes isolément ? » m’a demandé la juriste italienne lors d’une interview que j’ai réalisée avec elle pour parler de son rapport. 

Lire sur le sujet : Francesca Albanese reconduite à l’ONU malgré les pressions pro-israéliennes

Les drones militarisés, les hélicoptères de combat, les murs et les barrières, les postes de contrôle, les rouleaux de barbelés, les tours de guet, les centres de détention, les expulsions, la brutalité et la torture, le refus des visas d’entrée, la ségrégation qui accompagne le statut de sans-papiers, la perte des droits individuels et la surveillance électronique sont aussi familiers aux migrants désespérés qui tentent de franchir la frontière mexicaine ou d’entrer en Europe qu’aux Palestiniens.

C’est le sort réservé à ceux que Frantz Fanon appelle « les damnés de la terre ». Ceux qui défendent les opprimés, comme Francesca Albanese, seront traités comme les opprimés. 

Chris Hedges 

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