Convoquée dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme », la députée européenne LFI Emma Fourreau a été auditionnée, ce mercredi, au commissariat de Caen. L’enquête fait suite à des signalements visant l’un de ses tweets saluant le « combat » et la libération du militant libanais Georges Ibrahim Abdallah. L’élue dénonce une « répression politique ». Récap.
La députée européenne Emma Fourreau, élue de La France insoumise, a été entendue mercredi 13 août pendant « une heure et demie » par la police judiciaire de Caen dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme ». Cette procédure découle d’un message publié le 17 juillet sur X, où l’élue saluait la libération de Georges Ibrahim Abdallah, militant libanais, détenu quarante ans en France.
Elle écrivait : « Il était le plus vieux prisonnier politique, et la France devrait avoir honte de l’avoir enfermé si longtemps. (…) Que vive son combat, que vive la Palestine ! »
40 signalements pour un message de soutien à Georges Abdallah
Dans un entretien à France 3 Normandie, Emma Fourreau précise que c’est la dernière phrase — « que vive son combat » — qui est visée par la procédure, déclenchée par le parquet après quatorze signalements via Pharos. « Il s’agit d’une interprétation de mauvaise foi de mon tweet », affirme-t-elle.
Elle réfute toute infraction : « Quand je parle de son combat, je parle de son engagement pour la Palestine, ce qu’on peut comprendre quand on est en plein génocide, avec des tirs visés sur les journalistes, avec des bombes qui pleuvent. » Convoquée en audition libre, elle explique : « J’estime que je peux rendre des comptes sur mes expressions publiques, donc je m’y suis rendue », tout en jugeant la procédure injustifiée.
« Je n’avais rien à faire dans ce bureau pour ‘apologie du terrorisme’ alors qu’on a des dizaines de tweets chaque jour qui font réellement l’apologie du génocide à Gaza. »
🔴 Je suis convoquée ce jour par la police dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme », pour un tweet sur la libération de Georges I. Abdallah.
— Emma Fourreau (@emma_frr) August 13, 2025
La criminalisation des voix pour la Palestine ne faiblit pas, notre mobilisation non plus : nous ne nous tairons pas !
« La macronie réinvente la police politique »
L’élue avait récemment embarqué sur le navire humanitaire Handala en route pour Gaza et dénoncé le génocide israélien en cours. Le bateau avait été intercepté par l’armée israélienne le 27 juillet ; arrêtée, elle avait entamé une grève de la faim avant d’être expulsée le 29.
Lire sur le sujet : Marc Trevidic critique « l’usage dévoyé de la loi » sur l’apologie du terrorisme
Pour elle, cette convocation relève de la « répression politique » : « Quand on a une voix pour la Palestine, on subit une répression politique ». Elle cite les auditions précédentes de Mathilde Panot et Rima Hassan pour « apologie du terrorisme ». « On voit bien que ça se systématise. La police a autre chose à faire que d’auditionner des eurodéputés », conclut-elle.
Sur X, le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a aussi dénoncé l’affaire : « Des policiers interrogent pendant des heures des députés sur leurs opinions. La macronie réinvente la police politique ». Le dossier est désormais entre les mains du procureur, chargé de décider des suites.
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