Dans un rapport rendu public ce mardi, Amnesty International dénonce les « crimes de guerre » commis lors de la prise d’El-Fasher, au Soudan, tombée aux mains des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) depuis le 26 octobre. L’ONG a recueilli les témoignages de 28 rescapés relatant les exactions subies.
Amnesty International accuse, dans un rapport publié ce mardi, les paramilitaires soudanais de « crimes de guerre » lors de la prise récente d’El-Fasher, dans le Darfour. L’organisation a recueilli 28 témoignages de rescapés décrivant les exactions commises par les FSR dans la ville, allant de viols contre des femmes à des exécutions sommaires.
28 témoignages de rescapés d’El-Fasher
Le Soudan est plongé depuis avril 2023 dans une guerre opposant les forces régulières du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) de son ex-adjoint Mohamed Daglo, qui ont pris fin octobre le contrôle d’El-Fasher, dernière grande ville du Darfour (ouest) encore hors de leur emprise.
Amnesty International rapporte les témoignages de 28 rescapés décrivant les exactions commises par les FSR à El-Fasher, allant des exécutions d’hommes non armés aux viols de femmes et d’adolescentes. « Ces violences répétées, massives, contre les civils constituent des crimes de guerre […] et les responsables doivent répondre de leurs actes », accuse Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, dans un rapport publié mardi.
El Fasher – 96 Hours of RSF Genocide
— Clash Report (@clashreport) October 29, 2025
– UAE-backed RSF executed civilians and hunted non-Arab groups.
-Satellite images show door-to-door killings and mass graves.
– Hospitals raided, medics attacked, aid routes cut off. pic.twitter.com/OuOj3fd8hY
Des atrocités soutenues par les Émirats arabes unis
Le document évoque notamment le récit d’une survivante d’El-Fasher, violée avec sa fille de 14 ans par des combattants FSR alors qu’elles tentaient de fuir la ville. « Les FSR tuaient des gens comme s’ils étaient des mouches […] Aucun de ceux que j’ai vu se faire tuer n’était un soldat armé », témoigne un autre rescapé cité dans le rapport.
« Les récits des survivants apportent une preuve supplémentaire de l’échec de la communauté internationale au Soudan », déplore encore la secrétaire générale. L’ONG met aussi en cause l’implication des Émirats arabes unis. « Ces atrocités ont été facilitées par le soutien des Émirats arabes unis aux FSR », accuse Agnès Callamard, appelant la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l’ONU à « exiger » que le pays « cesse son soutien ».
Le rôle d’Abou Dhabi avait déjà été dénoncé dans plusieurs rapports internationaux et enquêtes indépendantes. La monarchie du Golfe est accusée de fournir armes, combattants et carburant aux paramilitaires, ce qu’elle dément systématiquement.
Lire sur le sujet : Soudan : entre crise humanitaire et crimes de guerre à El Fasher
Des ingérences qui compromettent la paix
Bien que les Émirats et l’Égypte aient contribué à des efforts de médiation, Antonio Guterres dénonçait le 27 octobre des ingérences : « Il est clair qu’il ne s’agit pas seulement d’un problème soudanais, opposant l’armée et les Forces de soutien rapide. Nous assistons de plus en plus à une ingérence extérieure qui compromet toute possibilité de cessez-le-feu et de solution politique au conflit ».
« Les récits des survivants apportent une preuve supplémentaire de l’échec de la communauté internationale au Soudan », conclut enfin Agnès Callamard. Depuis deux ans, tous les cessez-le-feu ont été violés, entraînant l’échec des tentatives de négociation.
