L’université islamique d’al-Azhar, en Egypte, a supprimé mardi un message publié sur X appelant à « une mobilisation mondiale urgente pour sauver Gaza de la famine ». Ce retrait a suscité une vive polémique en ligne. De nombreux internautes égyptiens ont interpellé le président Abdel Fattah Sissi, l’accusant de « complicité de génocide ». Récap.
Dans un message, en ligne, désormais supprimé – mais dont des captures d’écran ont largement circulé – l’université d’al-Azhar avait lancé « un cri de douleur » et un « appel mondial », exhortant les « personnes libres, sages et honnêtes du monde » à se mobiliser face à la souffrance causée par le génocide en cours à Gaza.
Pression des autorités égyptiennes ?
Dans un publication, publié ce mardi, l’institution religieuse avait dénoncé le silence international face à la famine de masse à Gaza et appelait les responsables mondiaux à se prononcer « contre cette entité monstrueuse », en référence à Israël. La suppression de cette déclaration a suscité un tollé en ligne. De nombreux internautes égyptiens ont interpellé le président Abdel Fattah Sissi, l’accusant de « complicité de génocide ».
Mercredi, Al-Azhar a publié un nouveau communiqué pour justifier la suppression de son précédent message. Le centre médiatique de l’institution a expliqué avoir pris cette décision au moment où ils ont réalisé que « cette déclaration pourrait avoir un impact sur les négociations en cours concernant une trêve humanitaire à Gaza pour sauver des vies innocentes ».
L’instance précise également avoir supprimer sa déclaration afin qu’elle soit pas utilisée « comme prétexte pour se retirer des négociations ou faire un compromis ».
Le compte officiel de la grande mosquée d'#Al_Azhar en #Égypte supprime un tweet portant sur un appel mondial en faveur d’une action urgente pour sauver #Gaza de la famine.
— Hasni Abidi (@hasniabidi) July 23, 2025
Il est fort probable que les autorités n’ont pas apprécié cet appel à la mobilisation et exigé son… pic.twitter.com/MSLZvlEK6l
La collaboration de l’Egypte avec Israël
Pour Hasni Abidi, politologue franco-algérien, cette suppression traduit une pression probable du pouvoir égyptien : « Les autorités égyptiennes n’ont probablement pas apprécié cet appel à la mobilisation et ont exigé son retrait ». Il y voit une « continuité » avec l’interdiction récente par Le Caire d’une marche internationale de solidarité vers Gaza via Rafah, annulée dès le mois de juin avant même son départ.
L’Égypte, qui contrôle la frontière sud de la bande de Gaza en coordination avec Israël, empêche régulièrement l’organisation de manifestations propalestiniennes sur son territoire ainsi que le passage d’activistes humanitaires vers l’enclave. Aucun des deux pays ne permet aujourd’hui une libre circulation de et vers Gaza.
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Une famine sans précédent à Gaza
Selon les Nations unies, plus de 1.000 Palestiniens cherchant à se procurer de la nourriture ont été tués par les forces israéliennes depuis la fin du mois de mai. Le Programme alimentaire mondial (PAM) décrit une situation de famine sans précédent : la crise a atteint « des niveaux de désespoir nouveaux et stupéfiants ».
D’après Ross Smith, directeur du programme d’urgence du PAM, près de 100.000 femmes et enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère, et un tiers de la population gazaouie passe plusieurs jours sans nourriture. Des milliers de camions d’aide, y compris ceux de l’ONU, restent bloqués à la frontière, en attente d’une autorisation israélienne pour entrer dans Gaza.
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