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Décès de la figure salafiste controversée Rabi’ Ibn Hadi Al-Madkhali

Une des figures historiques et controversées du salafisme saoudien, Rabi’ Al-Madkhali, est décédé dans la nuit du jeudi 10 juillet 2025. Il était considéré comme la référence principale du courant salafiste qui porte son nom : le madkhalisme. Sa prière funéraire (janaza) a été accomplie ce jeudi matin à la mosquée du Prophète, à Médine. Focus.

Rabi’ Ibn Hadi Al-Madkhali est décédé ce jeudi 10 juillet à l’âge de 92 ans. Ancien professeur à l’Université islamique de Médine, ses enseignements ont donné naissance à un courant sectaire du salafisme, connu sous le nom de « salafisme madkhaliste ». Son mouvement prône une obéissance quasi absolue aux dirigeants des pays musulmans et la réfutation systématique des autres courants de l’Islam sunnite.

Rhétorique salafiste et réfutation des Frères musulmans

Né en 1933 à Jizan, près de la frontière yéménite, Rabi’ al-Madkhali poursuit ses études à l’Institut éducatif de Samita, puis à l’Université islamique de Médine, où il étudie pendant quatre ans. Il étudiera sous la direction de figures majeures du salafisme saoudien comme le Mufti ‘Abd Al Aziz Ibn Baz et Muhammad Nasir-ud-Din Al-Albani.

Durant ses études, il développe une rhétorique salafiste qui font de lui un codificateur influent du courant. Ce n’est que plus tard qu’il va devenir une figure très controversée. Sa notoriété explose après la publication d’un ouvrage critiquant les Frères musulmans, notamment Hassan Al Banna et Sayyid Qutb.

Fervent défenseur radical de la famille royale saoudienne, il est repéré dans le tournant des années 1980 pour son travail de réfutation alors que, dans le même temps, les « Ikhwan » profitaient d’une rare ouverture politique en Egypte. Il sera notamment nommé professeur permanent à la faculté de hadith de Médine.

Une soumission absolue aux détenteurs de l’autorité

Selon le chercheur Laurent Bonnefoy, « Rabi’ Al-Madkhali était rattaché à un mouvement qui se projetait volontiers comme apolitique mais qui se rangeait systématiquement aux côtés des pouvoirs autoritaires. Soutien de la monarchie saoudienne, affilié à la prestigieuse université islamique de Médine, viscéralement hostile aux Frères musulmans, il avait été marginalisé au cours de la dernière décennie. »

Les préceptes de Rabi al-Madkhali donnent naissance à un courant du salafisme sectaire appelé le « salafisme madkhaliste » -appellation rejetée par ses adeptes qui se revendiquent uniquement comme simple « salafistes ». Ce courant se bâti sur l’idée d’une soumission inconditionnelle au « wali al-amr », le détenteur de l’autorité.

Il s’oppose frontalement à la démocratie et aux pratiques électorales : il recommande ainsi aux musulmans de « ne pas voter, et de ne pas s’impliquer dans la démocratie américaine, parce que là n’est pas la vraie voie salafiste ». Le madkhalisme se distingue également par ses nombreuses réfutations, visant non seulement les soufis, acharites, tablighistes, réformistes, mais aussi d’autres courants salafistes concurrents.

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Un apolitisme au bénéfice du pouvoir en place

« Rabi’ al-Madkhali était l’objet de bien des controverses parmi les salafis mais il était aussi une figure tutélaire avec un rayonnement réellement transnational », poursuit Laurent Bonnefoy. Dans les années 1990, son influence s’étend à l’étranger, en Europe, Afrique du Nord, et au Moyen-Orient.

Dans les années 2000, il suscite de nombreuses critiques en interdisant toute participation aux soulèvements populaires, y compris pendant les révolutions arabes. « Certains sheikhs madkhalistes avaient pris la parole lors du soulèvement populaire contre le régime de Damas. Ils appelèrent les habitants à ne pas se révolter », note le doctorant et analyste Cédric Labrousse. Même ligne de conduite durant les révoltes en Égypte ou en Libye.

« Plusieurs pays disposent encore de courants madkhalistes plutôt solides, notamment en Libye. On peut aussi souligner la présence d’une influence certaine au Koweït ou encore au Kazakhstan. Certains prêcheurs madkhalistes ont aussi une certaine influence en Égypte, comme le sheikh Muhammad Saïd Raslan » ajoute Cédric Labrousse tout en mentionnant une perte d’influence notable en Occident notamment en France.

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