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dimanche 28 avril 2024

Crimes de guerre ou terrorisme, il faut choisir !

A Khan Younès, l'armée israélienne détruit des cimetières Mizane.info

En France, la cérémonie d’hommage aux Franco-israéliens tués le 7 octobre à la suite d’une opération de résistance armée des brigades al Qassam contre des soldats israéliens a été l’occasion de nouvelles accusations de terrorisme portées contre l’organisation Hamas issu du mouvement national palestinien. L’ancien président François Hollande s’est illustré à cette occasion par une sortie sur la distinction entre crimes de guerre et terrorisme. Le billet de la rédaction.

Au moment où des hommages nationaux étaient célébrés pour pleurer la mort d’une quarantaine de Franco-israéliens, à la suite de l’opération militaire menée par les brigades al qassam le 7 octobre dernier, des accusations de terrorisme contre le Hamas ont été de nouveau portées par plusieurs éditorialistes et politiques, soutiens traditionnels de la politique israélienne.

Nous ne reviendrons pas dans ce billet sur le fait qu’au moins une quinzaine de ces Franco-israéliens ont été tués avec certitude par l’armée israélienne. Nous ne développerons pas davantage la campagne de propagande menée par l’état major israélien et largement relayée par les médias français jusqu’à ce jour.

Nous nous intéresserons plutôt sur la distinction intéressante à étudier entres crimes de guerre et terrorisme.

François Hollande et le protocole de l’hommage

Dans une séquence intéressante et révélatrice, l’ancien président de la République François Hollande, interrogé sur la perspective d’un hommage aux 30 000 Palestiniens tués par les Israéliens, répond par la négative. Cela ne sera pas possible. Hollande estime que les Palestiniens sont des victimes de guerre et que les Israéliens des victimes de terrorisme. Que les premières, selon le protocole, ne jouissent pas de cérémonie et que les secondes, si. L’usage dicte la règle. Premier usage de faux.

En parlant de victimes de guerre, Hollande se situe sur le terrain du droit, en faisant référence à la notion juridique de crimes de guerre. Les victimes de crimes de guerre sont reconnus en droit, pas les victimes de terrorisme. En droit, le terrorisme n’existe pas car le terrorisme n’a pas été défini juridiquement par les instances internationales. On comprendra mieux pourquoi.

Le terrorisme est une catégorie politique. Cette catégorie est employé par l’acteur géopolitique et militaire dominant pour disqualifier ses adversaires. Cela ne signifie pas que le terrorisme n’existe pas. Comment peut-on le définir ? Le terrorisme signifie l’emploi de la violence exercée contre des civils pour atteindre, par la peur et le chaos engendré, des objectifs politiques.

De ce point de vue, il existe toutes sortes de forme de terrorisme. On attribue le plus souvent l’étiquette à des groupes ou groupuscule ou des organisations paramilitaires. Mais le fait est que le terrorisme moderne a été d’abord un terrorisme d’état sous la forme de la Terreur robespierriste. Le terrorisme d’état est rarement évoqué car les états sont des entités politiques et juridiques internationales auxquels il est difficile d’accoler un terme de cette nature. En général, cela est fait par la médiation d’un groupuscule terroriste financé par un ou plusieurs états.

La confusion entre crimes de guerre et terrorisme

Pour autant, les exemples de terrorisme d’état sont légions. Du point de vue sémantique, les bombardements israéliens responsables du génocide en Palestine relèvent bien d’un terrorisme d’état destiné à dissuader définitivement les Palestiniens de résister militairement. Les civils sont ciblés et directement assimilés aux organisations de résistance qualifiées de terroristes pour mieux délégitimer leurs actions.

Ceci étant dit, il a existé dans le monde et il existe encore des organisations terroristes groupusculaires. Le plus souvent ces organisations ont un lien organique ou sont utilisés par des états contre un tiers. Les révélations du général Wesley Clark sur le financement par certains alliés américains de l’organisation Daesh contre le mouvement paramilitaire libanais du Hezbollah illustre bien ce cas de figure.

Il arrive donc que des actes de guerre soient également des actes de terrorisme en particulier pour le terrorisme d’état. Guerre et terrorisme ont donc sous certains rapports une parenté évidente au point qu’il est parfois difficile de les distinguer. « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens » écrivait le stratège prusse Clausewitz. Le terrorisme également. Cette confusion renforce donc le réflexe de l’attribution du terme terroriste à des groupuscules.

Soulignons encore que cette parenté entre guerre et terrorisme est d’autant plus significative que de nombreux chefs de résistance armées ont été dans le passé qualifiés de terroristes jusqu’au moment de leur victoire et ont même été, par la suite, félicités par ceux qui les condamnaient (Arafat, Mandela…). N’oublions pas que la politique est l’art de manier la contingence au service de la nécessité supérieure de l’état, de la classe, de l’ethnie ou de toute sorte de groupe politique, selon les idéologies du moment.

Une guerre se fait au moins à deux !

Revenons à François Hollande. En reconnaissant l’existence de crimes de guerres israéliens, Hollande reconnait malgré lui qu’il y a guerre et s’il y a guerre il n’y a plus de terrorisme car toute guerre implique au moins 2 belligérants et toute action armée émanant de l’un des deux belligérants devient acte de guerre. Il n’est pas possible d’attribuer à Israël des actes de guerre et au Hamas des actes de terrorisme car la guerre implique au moins deux belligérants. C’est la définition de la guerre.

L’emploi du terme terroriste aux organisations de résistance armée à une occupation vise, rappelons le encore une fois, à délégitimer cette résistance et à dépolitiser son action en ayant recours au registre de la condamnation morale. En ce sens, la catégorie de terrorisme est à la fois politique dès lors qu’elle est employée contre des cibles particulières et morale pour ses effets sur l’opinion publique.

A contrario, si Hollande considère les attaques du 7 octobre comme des actes de terrorisme car ils visaient des civils, alors les bombardements israéliens sont aussi des actes de terrorisme non dictés par une quelconque nécessité étant donné la disproportion asymétrique du rapport de forces. Rappelons qu’il y a eu au moins 30 000 morts civilis palestiniens depuis 4 mois contre 1500 israéliens. Le ratio parle de lui-même.

On nous rétorquera peut-être qu’il existe une « guerre contre le terrorisme ». La formule existe en effet. Sauf que cette formule n’est qu’un un slogan et non un qualificatif juridique. On nous opposera encore le fait que le terrorisme désigne des acteurs non étatiques car l’Etat aurait le monopole légitime de la violence (Weber), argument sur lequel nous nous sommes déjà prononcés.

Ajoutons néanmoins que la formule de Weber n’est pas prescriptive et ne légitime aucune violence mais est descriptive et se contente de reformuler de manière axiomatique la prétention des états modernes à cette légitimité du monopole de la violence, sans la leur attribuer de jure, seulement de facto. Par ailleurs, une fois encore, cette formule n’a aucune valeur juridique.

Procédés sans états d’âme

Autrement dit, entre crimes de guerre et terrorisme, il faut choisir. Soit les deux belligérants sont en guerre, auquel cas leurs populations respectives méritent un hommage. Soit, les deux protagonistes sont des terroristes, auquel cas, le terrorisme perd de son sens et de sa portée et s’annule comme qui dirait. Evidemment, l’analogie est trompeuse et purement formelle. Dans les faits, aucune comparaison ne peut-être établi entre une puissance coloniale occupante armée par la 1ere puissance militaire mondiale et une population résistant comme elle le peut pour sa liberté.

Au final, que reste t’il vraiment de ces procédés rhétoriques dont la classe politique nous a que trop accoutumé ? Rien d’autre que des positions honteuses déterminées par une soumission politique sans états d’âmes, sans considération aucune des intérêts de la nation française, de l’avenir de la France ou de son honneur.

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