Le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) organisait, samedi 4 octobre, un colloque consacré à « l’islam des terroirs et des territoires ». Les participants ont plaidé pour une structuration du culte musulman issue de la base, favorisant à une plus grande départementalisation, et dénoncé la « main mise » des préfectures. Focus.
Le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) organisait, ce samedi, à l’Institut français de civilisation musulmane (IFCM) de Lyon, un colloque sur « l’islam des terroirs et des territoires ». Imams, aumôniers, responsables religieux, universitaires, chercheurs, cadres associatifs et acteurs de la société civile : près de 150 personnes étaient présentes.
Renforcer la cohésion et consolider les structures locales
Le CMR, co-dirigé par le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, a d’abord plaidé pour une gestion de l’islam de France « du bas vers le haut », en encourageant la départementalisation du culte. Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne, estime lui aussi que « le département est la bonne échelle pour se regrouper, travailler ensemble ».
« Ce colloque, placé sous le signe du dialogue et de la réflexion partagée, a permis de mettre en lumière la richesse et la vitalité de l’islam territorial, enraciné dans les réalités concrètes des communautés », a indiqué le CMR dans un communiqué. Les échanges ont aussi mis en avant « une volonté claire de s’organiser sans attendre, de renforcer la cohésion et de consolider les structures locales pour répondre aux besoins spirituels, sociaux et citoyens des fidèles ».

Un climat islamophobe délétère qui se dégrade
« Les divisions internes dans notre communauté fragilisent parfois la cohésion de nos institutions et brouillent notre parole collective. C’est pourquoi il est vital de nous organiser et de structurer notre présence institutionnelle de manière rigoureuse », a-t-il ajouté. Pour lui, la formation des imams et des cadres religieux en France reste « un enjeu majeur, surtout après la fermeture de l’IESH ».
« Il est urgent que les musulmans s’organisent car le contexte dans lequel nous vivons n’arrête pas de se dégrader », plaide vigoureusement Kamel Kabtane, inquiet face à l’extrême droitisation de la société, la stigmatisation récurrente des fidèles et la fermeture d’écoles musulmanes ou d’instituts de formation.
Les débats ont également fait remonter « une certaine inquiétude » face à la montée de l’islamophobie et aux effets du rapport sur “l’entrisme des frères musulmans”. « D’ici quelques années, il n’y aura plus d’imams dans les mosquées », redoute Kamel Kabtane. À la tribune, le chercheur Haoues Seniguer a dénoncé « une politique du soupçon étendue à tous les musulmans. Depuis la vague d’attentats de 2015, être légaliste ne suffit plus ».

« Un laboratoire de l’islam de France »
En parallèle, le mécontentement monte chez plusieurs acteurs locaux contre la trop grande influence des préfectures dans la gestion des Assises territoriales de l’islam de France (ATIF). Pour l’occasion, Azzedine Gaci a présenté l’expérience lyonnaise comme « un laboratoire de l’islam de France », notamment sur la question des carrés musulmans.
Sous l’impulsion du CMR, une organisation régionale du culte musulman est en train de voir le jour : le Conseil de coordination des institutions musulmanes de la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Ce colloque, premier du genre, a marqué le début d’une dynamique appelée à se poursuivre », souligne le communiqué du CMR, qui souhaite prolonger la réflexion par d’autres initiatives « destinées à nourrir un islam de France enraciné, apaisé et ouvert sur la société ».