Arrêtés de manière illégale par les Israéliens, la Flotille de la liberté pour la Palestine qui transportait des vivres et des médicaments a brisé le silence complice des chancelleries occidentales et arabes devant l’extermination annoncée et entamée du peuple palestinien.
La Flotille de la liberté pour la Palestine a réappris au monde comment faire de la politique.
La politique est l’art de transformer le réel dans le sens des principes fondamentaux qui en régissent le cours. Ici, il s’agit moins de transformer que de corriger et réparer les violences destructrices du sionisme, son entreprise de destruction physique d’un peuple, le peuple palestinien.
Après lui avoir pris sa terre, ses eaux, son avenir, tout ceci ne suffisait pas : il fallait, pour Netanyahu et la société coloniale qui le soutient, finir l’entreprise criminelle commencée il y a un siècle et demi en allant cette fois jusqu’au bout, l’extermination des palestiniens, seule façon de garantir aux sionistes la mainmise sur leur spoliation.
« Là où est le danger, là aussi croît ce qui sauve »
Face à l’horreur et l’indicible, la tentation fut grande de désespérer, de détourner le visage ou de se contenter de maudire tous ceux qui soutiennent ce crime contre l’humanité. Justement. « Là où est le danger, là aussi croît ce qui sauve », écrivait le poète allemand Hölderlin. Ou dans la bouche d’un Ibn Khaldoun, « les temps difficiles créent les Hommes forts ». Aujourd’hui ces mêmes temps ont créé des femmes fortes et héroïques.
En s’invitant au cœur de l’enfer gazaoui, les passagers de Flotille de la liberté pour la Palestine sont venus bousculer ce consensus de la honte, ce consentement de la lâcheté. Et sont parvenus à délivrer leur message : rappeler au monde qu’un collectif d’être humains peut marquer de son empreinte le sol de cette terre et l’âme des Hommes. Cette empreinte n’est pas figée mais elle doit, telle une chaîne de solidarité, se maintenir et enfanter d’autres actes, encore et encore.
Un sursaut de la conscience humaine
C’est là le sens intime de la transformation opérée par la Flotille de la liberté. Nous libérer du fatalisme factice, de l’impuissance programmée, du désespoir calculé. Non ! Tout est possible, rien n’est perdu, et chaque crime de ce régime totalitaire et de ses supplétifs sera payé tôt ou tard.
Cette promesse, nul n’est en mesure de l’éteindre. Le phare de la liberté l’a déposé au dessus de nos têtes, sur le fronton intouchable du ciel, au cœur de nos consciences. Et a ravivé à jamais la flamme blessée de notre commune et humaine aspiration à la vérité.
De cet enseignement, une autre conclusion sera tirée. La Palestine sera le Vietnam des Israéliens. La terre sacrée de Jérusalem, le cimetière vivant de Gaza joueront pour nos actuels décideurs politiques, ces apôtres cyniques de la mort, le même rôle que l’opinion publique internationale a joué aux Etats-Unis durant Nixon. Et produiront les mêmes conséquences. Le réveil de la conscience internationale des peuples opprimés, la chute des gouvernements honnis, la fin de l’oppression par la résistance des justes.
Le sort des lâches
La victoire se construit toujours dans l’esprit avant de s’imposer magistralement au monde. La Palestine sera le symbole éternel de cette équation des braves. Quand la lâcheté atteindra un niveau si fort qu’il en étouffera les suppôts du crime, lorsque le prix à payer de la collaboration sera si élevé qu’il en deviendra insoutenable, la révolte grondera, la justice se relèvera, et les criminels fuiront et se terreront comme des taupes aux quatre coins du monde. La terre leur sera si exigüe qu’ils n’oseront relever la tête, ni prononcer un mot, à peine une respiration. Le bal des hypocrites sonnera son propre glas. Le tribunal lèvera enfin sa séance et des enfants rois en formeront les juges.
La montée des contestations internationales se traduira tôt ou tard par une pression politique, et donc militaire. Il n’appartient qu’à l’opinion publique internationale et à des politiques courageux de reproduire le geste lumineux de la Flotille de la liberté, de s’inspirer du courage et de la détermination de Rima Hassan, de l’humanisme réel et non abstrait de Greta Thunberg et de la force d’âme des quelques Français qui ont rejoint ce navire de la bravoure.
Pour toute cette force d’esprit que vous nous avez communiqué, définitivement merci.