Le Sénat de Berlin a décidé de faire du 15 mars, à partir de 2026, une journée officielle d’action et de commémoration contre l’islamophobie, qualifiée de « menace concrète », et prévoit l’adoption d’un cadre de prévention dédié.
Il s’agit d’une initiative propre à Berlin, sans portée nationale. La capitale allemande instaurera une journée internationale contre l’islamophobie à compter du 15 mars 2026. Le Sénat estime que l’islamophobie constitue « une menace concrète » pour les personnes concernées et annonce la préparation d’un document cadre dédié à la prévention de l’islamophobie.
Dialogue, manifestations et journées portes ouvertes
Adoptée par le parlement régional à l’initiative de la coalition CDU-SPD, cette décision s’inscrit dans la continuité de la résolution adoptée en 2022 par l’Assemblée générale des Nations unies, qui a proclamé le 15 mars Journée internationale de lutte contre l’islamophobie, en mémoire de l’attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en 2019, au cours duquel 51 personnes ont été assassinées.
Selon un communiqué officiel du Sénat daté du 10 décembre 2025, cette date permettra de renforcer les échanges avec les communautés de mosquées berlinoises, d’organiser des manifestations publiques ainsi que des journées portes ouvertes dans les mosquées. À l’échelle nationale, une journée contre le racisme antimusulman est déjà observée le 1ᵉʳ juillet, à l’initiative de la société civile.
Hausse record des agressions islamophobes en 2024
Cette journée a pour objectif de mieux visibiliser les discriminations et les violences dont les musulmans sont victimes à Berlin. Le Sénat prévoit de soutenir financièrement des associations afin de mener des actions de sensibilisation et d’organiser des événements accessibles au public.
Pour l’année 2024, les agressions islamophobes ont atteint un niveau record préoccupant en Allemagne, avec plus de 3 000 cas recensés, selon l’organisation de défense des droits CLAIM. Celle-ci a enregistré 3 080 incidents anti-musulmans en 2024, soit une augmentation de 60 % par rapport aux 1 926 cas signalés en 2023, ce qui équivaut à plus de huit faits par jour en moyenne.
Le rapport annuel souligne une aggravation notable de la violence des actes recensés, comprenant deux homicides, 198 agressions physiques — dont trois qualifiées de tentatives de meurtre —, 122 dégradations de biens, quatre incendies volontaires, ainsi que 259 autres infractions telles que des vols ou des faits d’extorsion.
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« Le racisme anti-musulman n’est pas un phénomène marginal »
« Le racisme anti-musulman n’est pas un phénomène marginal. Il s’étend de la rue aux salles de classe, des salles d’attente aux mairies. Il opère dans les administrations, sur le marché du logement, dans les sections de commentaires — et devient de plus en plus brutal », alertent les experts de CLAIM dans leur rapport.
Les femmes figurent parmi les principales cibles, représentant 71 % des victimes identifiées. Cette recrudescence du racisme islamophobe a coïncidé avec un regain de tensions au Moyen-Orient, précise le rapport. Des hausses comparables ont également été observées après certains attentats commis en Allemagne, lorsque le débat public tend à assimiler les musulmans à une menace sécuritaire, nourrissant ainsi suspicion et discriminations.
Enfin, CLAIM avertit que ces données sous-estiment probablement la réalité, de nombreux actes n’étant pas déclarés. Cette sous-déclaration s’expliquerait notamment par l’insuffisance des dispositifs de signalement, la défiance des victimes à l’égard des autorités, ainsi que le manque de formation des professionnels pour identifier le racisme anti-musulman.
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