L’islam politique est fortement plébiscité. Telle est la conclusion du 7e sondage du Baromètre Arabe dans six des neuf pays concernés par l’enquête. Un regain de soutien après un net recul durant une décennie suite aux révolutions populaires, en 2011, dans le monde arabe. Le zoom de la rédaction.
Le Baromètre Arabe (Arab Barometer) est un réseau d’études et de recherche qui s’intéresse à la situation sociale, politique et économique des « citoyens » dans le monde arabe. Il mène des sondages d’opinion réguliers dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) depuis 2006. Dans son dernier sondage, publié le lundi 8 mai 2023, une nouvelle tendance se dégage : La majorité des pays étudiés manifestent une nette préférence pour un rôle plus important de l’islam dans la politique.
Une religiosité à la hausse après une décennie de déclin
En déclin global dans les sociétés des pays de la région MENA (Afrique du Nord et Moyen-Orient), les indicateurs sociologiques de la religiosité repartent à la hausse pour la première fois, depuis le début de la décennie dernière, selon le sondage.
Cela ne concerne pas seulement la religiosité mais aussi le fait que la religion devrait avoir une place plus prédominante dans la sphère politique. Ce qui indique le souhait d’un retour de l’islam politique dans la gestion du pouvoir dans la région. Les enquêteurs expliquent :
« C’est la première fois que le soutien à l’islam politique a augmenté de manière significative depuis les soulèvements arabes de 2011. »
En effet, malgré le succès électoral des mouvements islamiques après 2011 dans une partie du MENA, l’islam politique n’a pas été largement soutenu. Entre 2012 et 2014, plusieurs enquêtes indiquaient qu’une majorité de citoyens dans les pays étudiés n’était pas en faveur d’un droit de regard des religieux sur les décisions gouvernementales.
Depuis 2018, le soutien à un islam politique est en hausse. En 2021/2022, plus de la moitié des neufs pays, où les citoyens ont été interrogés, ont plébiscités le retour d’une orientation religieuse dans les affaires politiques de leurs pays.
Les chiffres avancés sont plutôt explicites : 77 % en Mauritanie, 62 % au Soudan, 57 % en Libye et 54 % en Irak. Seuls la Tunisie (23 %), le Liban (22 %) et l’Égypte (20 %) descendent sous la barre des quatre personnes sur dix souhaitant que des leaders religieux aient une influence politique.
Une tendance fragile et instable
Même si, dans l’ensemble, les résultats du Baromètre mettent en lumière un soutien significatif à l’islam politique, cela ne signifie pas nécessairement que cette tendance deviendra une force politique majeure dans les prochaines années. Comme le soulignent les enquêteurs :
« Comme pour la hausse de la religiosité observée au cours des cinq dernières années, il est possible que cette tendance s’inverse à l’avenir. »
En effet, tout dépendra des évolutions politiques et économiques en place. Les désillusions, qui ont suivi le « printemps arabe » en 2011 et les multiples conflits armés, dans la région, ne permettent pas toujours d’indiquer une tendance stable et durable .