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vendredi 19 avril 2024

Approche coranique sur les fondements de l’identité

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Dans sa dernière chronique publiée par Mizane.info, Dawud Salman aborde la question de l’identité, de ses niveaux, de sa hiérarchie, de son sens et de ses fondements, selon une perspective coranique.

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Les concepts modernes, qui ne reposent pas sur la transcendance, ne peuvent donc pas se targuer d’être universels ou objectifs, puisqu’étant, selon leurs propres postulats, subjectifs, relatifs et temporels (voués au changement).

Par conséquent, imposer leur paradigme et filtrer toutes les autres doctrines et pratiques à « lumière » de leurs postulats (qui deviennent souvent sources de sophismes et de préjugés), pour restreindre la portée d’une doctrine ou d’une pratique qui ne découlent pas de leur paradigme, ou prétendre imposer un tri, entre ce qui serait acceptable ou inacceptable selon leur paradigme relatif, n’est ni sérieux ni souhaitable.

Le Qur’ân comme fondation existentielle

Ceci étant dit, pour chaque civilisation fondée sur une perspective spirituelle et un socle moral, il y a des éléments contingents, liés au temps et à l’espace, qui peuvent être critiqués, rejetés ou adaptés, à la lumière de leur propre perspective existentielle, qui elle aussi, inclut la logique et la rationalité.

Mais rattachés cette fois-ci à un cadre éthique plus efficient et objectif, – lui-même basé sur des principes métaphysiques universels -, et qui ne dépend donc pas de la subjectivité humaine et du nihilisme moderne.

L’identité religieuse (exotérique) transcende les barrières contingentes et superficielles de l’ethnie, de la géographie, de la classe sociale, du genre sexuel, de l’âge ou de la langue, donnant à l’humain le sens de son existence, en connaissant son origine et son lien avec le Créateur, ainsi que sa finalité : L’adorer et Le connaître.

En effet, la Transcendance est ce qui n’est pas tributaire (et conditionnée) par l’espace et le temps, et qui demeure ainsi universelle et atemporelle.

En somme, dans le cas de l’identité musulmane, c’est à la lumière des principes qurâniques qu’on devrait la définir.

Le Qur’ân contient tout un ensemble de nobles principes et de notions permettant de construire une identité digne, intégrant les différents degrés du réel (morale et éthique, psychologie, cosmologie, le sens de l’histoire, la position singulière de l’Humain dans le monde, économie vertueuse, spiritualité, principes et finalités politiques et sociales, écologie, alimentation, relations inter-communautaires et inter-espèces, …).

Ce ne sont pas des concepts étrangers qui doivent définir ce qu’est ou serait un vrai musulman.

Les quatre identités coraniques

Le Qur’ân établit aussi une hiérarchie par ordre d’importance fondée sur les principes métaphysiques et les finalités humaines. L’identité spirituelle est la plus importante qui soit, car elle lie les humains par les plus nobles vérités et vertus, celles qui élèvent l’âme humaine et vivifient l’esprit, la rendant digne.

L’identité religieuse (exotérique), qui transcende les barrières contingentes et superficielles de l’ethnie, de la géographie, de la classe sociale, du genre sexuel, de l’âge ou de la langue, donnant à l’humain le sens de son existence, en connaissant son origine et son lien avec le Créateur, ainsi que sa finalité : L’adorer et Le connaître, devant vivre dignement et en bonne intelligence ici-bas.

L’identité humaine, où en dépit des différences religieuses, ethniques et culturelles, tous partagent la même origine primordiale, se rattachant ainsi à la grande famille humaine (l’humanité), où le vivre-ensemble implique un socle commun de droits et de valeurs d’ordre universel (ne pas tuer, ne pas voler, ne pas trahir, etc.).

L’identité nationale ou culturelle selon les cas, où l’être humain n’a pas choisi de naître et n’a donc aucun mérite particulier, de même que ce n’est ni par elle ni pour elle que l’on vit ou qu’on élève l’âme.

Ceux qui adhèrent au « relativisme absolu » (…) rejettent le caractère universel et objectif de leur idéologie, mais prétendent qu’elle est supérieure aux autres et qu’elle a vocation à s’imposer à et pour tous. Or, si elle est, elle aussi, relative, elle ne peut ni se prévaloir d’une supériorité ou d’une excellence qu’elle ne possède pas, ni ne doit s’imposer à tous.

Elle ne doit cependant pas être négligée et fait partie de la diversité voulue par le Divin, et ce faisant, peut être intelligemment appréciée, tant que les pratiques survenues au fil du temps n’abrogent pas les principes théologiques, les vertus spirituelles et l’éthique.

Viennent ensuite, toutes les autres déclinaisons de l’identité (tendances politiques, préférences artistiques ou alimentaires, …) qui doivent être rattachées aux autres principes qui fondent la hiérarchie des identités « supérieures ».

L’incohérence des relativistes

En tant que musulman, toute critique du patrimoine islamique (qui contient des éléments extra-qurâniques et extra-prophétiques que l’on peut nuancer, critiquer ou abandonner) doit se faire à travers le Qur’ân et son cadre éthique.

Que ce soit pour certaines questions juridiques, sociétales, économiques ou politiques, et non pas à travers le prisme d’un paradigme totalement étranger, et qui change sans cesse au fil du temps, des alliances politiques et des humeurs passagères.

Ceux qui adhèrent au « relativisme absolu » (dans son acception philosophique qui veut que tout est relatif et que donc tout se vaut en quelque sorte, et ce, quel que soit le domaine, – mais leur postulat par contre est considéré paradoxalement parlant comme étant « absolu », ce qui est contradictoire)1, sont généralement dans la plus totale des incohérences.

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Ils rejettent le caractère universel et objectif de leur idéologie, mais prétendent qu’elle est supérieure aux autres et qu’elle a vocation à s’imposer à et pour tous. Or, si elle est, elle aussi, relative, elle ne peut ni se prévaloir d’une supériorité ou d’une excellence qu’elle ne possède pas, ni ne doit s’imposer à tous.

Sur le plan politique, en Occident, il y a d’une part le modèle relativiste anglo-saxon, qui, bien que reposant sur des illusions et des fondements flous et faibles, accepte l’altérité (religions, cultures et modes de vie), en l’intégrant dans un modèle économique et politique commun (on parle ici alors d’intégration, où la diversité est acceptée tant qu’elle reste soumise au pouvoir économique et à son idéologie libérale).

Et d’autre part, il y a le modèle « français », qui impose l’assimilation, c’est-à-dire, l’éradication de l’altérité dans la sphère publique (la laïcité, à l’origine, n’était pas aussi totalitaire, bien qu’elle s’imposa par la force et le sang).

Un modèle où les identités culturelles et religieuses doivent disparaître ou adhérer aveuglément à l’idéologie dominante et totalitaire, imposant son code civil, ses croyances, son mode de vie, son mode vestimentaire, etc., sans aucun respect pour les autres cultures, modes de vie ou pratiques religieuses.

Les effets pervers du libéralisme anglo-saxon

Ainsi, le modèle anglo-saxon se veut tout de même plus cohérent, puisqu’il respecte la diversité et les libertés (à condition qu’elles se soumettent au pouvoir économique), même si le libéralisme vient introduire un relativisme culturel où à peu près tout se vaut (vérités et déviances, dignité et décadence, vertus et vices, …).

Tandis que le modèle « français » restreint la liberté et l’éradique au profit de son système totalitaire, où seuls l’égarement, la décadence et les vices sont encouragés, tandis que la vérité, la vertu et la dignité ne sont plus tolérées (progressivement, la France éradique tout ce qui pourrait s’opposer à la recherche de la Vérité, de la sagesse, de la vertu et de la justice).

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D’un autre côté, le modèle anglo-saxon comporte un effet plus pervers, car cela peut mener à une forme de relativisme et de syncrétisme, conduisant à son tour, à une altération et à une réduction de l’identité (spirituelle, religieuse et culturelle) de l’individu, dans une approche superficielle et partielle de sa tradition spirituelle (se limiter à quelques aspects cultuels et culturels par exemple).

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Ce modèle fait croire à l’individu que cette situation est pleinement satisfaisante, alors qu’il y a aussi une finalité existentielle et une portée collective à sa présence ici-bas, n’étant pas lui-même qu’une individualité condamnée à l’individualisme.

Quant à l’impérialisme occidental, sa filiation historique pourrait débuter au moins à l’Empire romain, où sa mentalité impérialiste est déjà évidente. Lorsque le Christianisme fut adopté politiquement, cette même mentalité a changé de forme, mais pas de fond. Les missions impérialistes se sont perpétuées jusqu’à en dénaturer les doctrines religieuses pour les besoins politiques profanes.

Lorsque le christianisme est tombé en disgrâce sur le plan politique et identitaire, le laïcisme et l’irréligion (avec ses différentes formes : sionisme, nazisme, communisme, libéralisme, …) ont poursuivi l’impérialisme sous une nouvelle forme, encore plus dangereuse, car se coupant totalement du Sacré et de la conscience du Divin.

Ses méthodes furent encore plus barbares et plus destructrices, aussi bien pour les peuples que pour la nature et les autres espèces.

Dawud Salman

Notes :
1-A ne pas confondre avec le postulat qui affirme qu’il n’y a pas d’ethnie ou de culture qui soit, dans l’absolu, supérieure à une autre. Ce postulat est fondé et justifie l’existence et la nécessité de la diversité ethnico-culturelle, ce qui rejoint aussi la vision qurânique.

Sur ce point, l’anthropologue et ethnologue Claude Lévi-Strauss (1908-2009) a raison (contrairement à d’autres sujets où ses affirmations sont fort contestables) :

« Il [Lévi-Strauss] en vient à la conclusion que, pour en finir avec cet impérialisme, la meilleure solution est de défendre l’idée d’un « relativisme absolu » […] dans l’approche des civilisations : à ses yeux chaque civilisation vaut pour elle-même, leur diversité est la plus précieuse richesse de l’humanité, aucune sorte de hiérarchie n’est légitimement concevable entre elles.

Dans cette perspective, chaque fois qu’une civilisation disparaît c’est un trésor irremplaçable que l’on perd et l’uniformisation qu’entraîne la mondialisation apparaît, dès lors, comme un appauvrissement catastrophique de la culture humaine ». (Cité par Luc Ferry & Claude Capelier dans « La plus belle histoire de la philosophie », Ed. Points, 2015, p. 279).

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