Des responsables de l’armée israélienne ont reconnu, ce samedi, qu’aucune preuve n’existe montrant que le Hamas aurait détourné l’aide humanitaire livrée par l’ONU à Gaza. Cette déclaration fait suite à une enquête de l’USAID (agence gouvernementale américaine). Le New York Times et Haaretz ont relayé les témoignages les témoignages de deux officiers israéliens et plusieurs sources locales. Explications.
Des responsables militaires israéliens interrogés par le New York Times ont déclaré, dans un article paru ce samedi, que l’aide humanitaire initiale gérée par l’ONU était relativement fiable et peu vulnérable aux interférences des groupes palestiniens, notamment le Hamas. Cela s’explique, selon eux, par le fait que « l’ONU gérait sa propre chaîne d’approvisionnement et assurait la distribution directement à la population gazaouie ».
De son côté, le journal Haaretz rapporte, sur la base des témoignages de deux officiers supérieurs de l’armée israélienne et de deux sources proches du dossier, que le système de distribution de l’aide de l’ONU à Gaza était « hautement efficace » pour acheminer la nourriture aux civils à travers l’enclave.
L’armée israélienne « n’a jamais fourni de preuve »
Depuis près de deux ans, Israël accuse le Hamas de voler l’aide fournie par les Nations Unies et d’autres organisations internationales. Cette accusation a été utilisée comme principal argument pour restreindre l’entrée de nourriture à Gaza.
Mais l’armée israélienne « n’a jamais fourni de preuve » que le groupe palestinien avait systématiquement détourné l’aide des Nations Unies, principal fournisseur d’aide d’urgence à Gaza depuis le début du génocide, selon deux hauts responsables militaires israéliens.
Une analyse interne du gouvernement américain, révélée vendredi par Reuters, est parvenue à la même conclusion. Elle affirme « n’avoir trouvé aucune preuve de vol par le Hamas de fournitures humanitaires financées par les États-Unis », selon le rapport de l’USAID.
Une crise alimentaire forgée sur un mensonge
Israël a pourtant invoqué ce prétexte pour bloquer, entre mars et mai, l’entrée de toute aide alimentaire à Gaza. En mars, après la violation unilatérale du cessez-le-feu, le Premier ministre Benyamin Netanyahou déclarait : « Le Hamas prend actuellement le contrôle de toutes les fournitures et marchandises entrant à Gaza », affirmant alors qu’Israël allait empêcher leur acheminement.
Depuis fin mai, l’aide humanitaire est désormais acheminée par la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), une société privée américaine dirigée par un ancien agent de la CIA. Ce nouveau système, largement critiqué, a été rapidement suivi d’une série de violences meurtrières à proximité des sites de distribution.
La crise alimentaire à Gaza a viré à la catastrophe humanitaire. Ce samedi, le ministère de la Santé de Gaza a annoncé la mort de cinq Palestiniens supplémentaires — dont deux enfants — dus à la malnutrition, portant le bilan à 127 morts par famine depuis octobre 2023, dont 85 enfants.
Israël campe sur ses positions
Georgios Petropoulos, ancien représentant de l’ONU à Gaza, a salué la reconnaissance tardive par des responsables israéliens de l’efficacité du système d’aide onusien. « Pendant des mois, nous et d’autres organisations avons été traînés dans la boue par des accusations selon lesquelles le Hamas nous volait », a-t-il déclaré.
« Si l’ONU avait été prise au pied de la lettre il y a des mois, nous n’aurions pas perdu tout ce temps et les Gazaouis ne seraient pas en train de mourir de faim et d’être abattus alors qu’ils essayaient de nourrir leurs familles. »
Malgré les conclusions des enquêtes israéliennes et américaines, le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a maintenu la ligne officielle la semaine dernière : « Aucune famine n’est causée par Israël ». Il en a attribué la responsabilité au Hamas et au manque de coordination des Nations Unies.
