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jeudi 28 mars 2024

Aïd 2019 : après le fiasco de l’annonce, le CFCM joue son avenir

CFCM

Une nouvelle fois, l’annonce de la fin du Ramadan 2019 et de l’aïd al fitr a brillé par son absence de règles. Mais le Conseil français du culte musulman ne pourra plus repousser bien longtemps l’heure du choix.

L’annonce de l’Aïd al fitr (fête de la rupture du jeûne, ndlr) marquant la fin du ramadan 2019 n’a donc pas fait exception à la règle de l’absence de règle. Une nouvelle fois, le Conseil français du culte musulman réuni à la Mosquée de Paris a fait des annonces sur le commencement et la fin du jeûne du mois de Ramadan de manière arbitraire, sans s’appuyer sur aucune règle les justifiant.

L’Arabie saoudite, arbitre du CFCM

En réalité, les aficionados connaissent bien la musique. Dans les faits, les institutionnels du culte musulman en France attendent systématiquement de voir quelle sera l’annonce faite par l’Arabie saoudite (et l’Afrique du Nord dont sont originaires une masse considérable de fidèles) et dans la foulée par un nombre conséquent de pays musulmans qui attribuent une légitimité religieuse au royaume de la famille Saoud en raison des Lieux saints qui s’y trouvent.

Ce modus operandi consacre d’office le corpus d’oulémas tenus d’une poigne sanglante de fer par les Saouds comme la référence de l’islam en France.

Pour ce qui est de la règle de l’annonce, une seule possibilité existe. Une consultation interne de tous les acteurs institutionnels locaux, régionaux et nationaux sur le choix de la méthode (calcul ou observation) à l’intérieur et à l’extérieur du CFCM, suivi d’un vote à la majorité qualifiée. Le plus important est de déterminer une règle et de s’y fixer.

Est-il réellement besoin de gloser sur le caractère éthiquement scandaleux et religieusement illégitime de s’appuyer sur la décision des autorités saoudiennes actuellement engouffrées dans une guerre infanticide au Yémen et déterminées à purifier par le fil sinistre de l’épée la moindre racine de contestation saoudienne ?

Pire encore, quand chacun sait que ces mêmes autorités n’ont-elles-mêmes aucune règle (dans tous les domaines d’ailleurs, serait-on tentés de penser) ?

Affirmant s’appuyer sur l’observation lunaire, Riyad a en effet annoncé l’aïd ce mardi 4 juin quand aucune partie du Machrek ne pouvait observer la nouvelle lune, de l’avis même des scientifiques.

A l’infamie du ralliement aveugle aux autorités saoudiennes le disputent donc le ridicule manifeste de l’incohérence.

Un mépris sans cesse grandissant

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La maire de Paris Anne Hidalgo invitée au repas de rupture du jeûne à la Mosquée de Paris.

Paralysé par ses boulets internes, son immobilisme, la non représentativité, la paresse et l’incompétence gérontocratique d’une partie de ses cadres ainsi que par sa pauvreté générale (financière, intellectuelle), le CFCM ne pourra pourtant plus poursuivre ainsi.

La concurrence fait rage au sein des instances revendiquant une part du makrout institutionnel de l’islam de France (Les Musulmans, l’AMIF).

Indépendamment de cette concurrence, les fidèles se rient de lui et le mépris qu’ils nourrissent à l’égard du CFCM augmentent d’année en année.

Le seul élément susceptible de justifier le millième d’une once de légitimité du CFCM, le caractère fédérateur d’une annonce nationale du ramadan et de l’Aïd pour les musulmans en France, a définitivement volé en éclats.

Il ne reste donc plus rien au Conseil français du culte musulman. Seule l’absence d’alternative structurée d’ampleur nationale lui permet encore d’exister.

Malgré les efforts de certains dirigeants isolés, et sauf à imaginer un coup de balai interne que l’inertie du CFCM n’autorisera pas, les mêmes causes produiront indéfiniment les mêmes effets.

Un vote et une consultation pour sortir de la crise

Pour ce qui est de la règle de l’annonce, une seule possibilité existe. Une consultation interne de tous les acteurs institutionnels locaux, régionaux et nationaux sur le choix de la méthode (calcul ou observation) à l’intérieur et à l’extérieur du CFCM, suivi d’un vote à la majorité qualifiée. Le plus important n’est plus le choix de la règle.

Certes, le calcul a incontestablement plus d’avantages. Outre sa légitimité religieuse, il permet une meilleure structuration sociale de la pratique de l’aïd, déterminée à l’avance, même s’il produira dans les faits un passage quasiment fixe à 29 jours de jeûne.

Mais une observation dérivée d’une instance scientifique appuyée sur une observation déterminée par des outils fiables (lunette de pointe) est toute aussi acceptable.

Aujourd’hui, le plus important est de déterminer une règle et de s’y fixer, sans tenir compte des considérations politiques ou psychologiques des fidèles et des annonces étrangères.

Si le CFCM renonce à établir cette règle, il perdra le seul avantage qui lui reste auprès des fidèles.

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