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‘Abdarrahman Ibn ‘Awf, une générosité sans limite au service de Dieu

Suite des portraits des figures fondatrices de l’islam avec l’histoire d‘Abdarrahman Ibn ‘Awf. Ce compagnon, de la première heure, possédait une spiritualité profonde et une générosité sans limite qui fut l’une de ses principales qualités. Doté d’une impressionnante richesse, il prit en charge, durant toute sa vie, les besoins de la famille du Prophète ﷺ.

Il se nomme Abou Mouhammad, ‘Abdarrahman Ibn ‘Awf Ibn ‘Abd Al ‘Awf Ibn ‘Abd Al-Harith Ibn Zouhra Ibn Kilab Ibn Mourra. Il est né dix ans après l’année de l’éléphant. Il est l’une des huit premières personnes à se convertir à l’islam et l’un des dix compagnons assurés, par le Prophète ﷺ, d’entrer au paradis. 

Il se convertit dans les premières heures de l’Islam seulement deux jours après Abou Bakr As-Siddiq et avant que le Prophète ﷺ n’entre à la maison d’Al-Arqam. Il s’appelait initialement ‘Abd Al-Amr au temps de la Jahiliyya (ignorance pré-Islamique), mais dès sa conversion, le Prophète ﷺ le renomma ‘Abdarrahman (le serviteur du Tout-Miséricordieux).

Une invocation qui change l’existence

Comme beaucoup de ses coreligionnaires, parmi les premiers musulmans, ‘Abdarrahman n’échappa pas aux souffrances infligées par les mecquois Qoraichites. Il fut donc contraint de fuir en Abyssinie quand les persécutions devinrent insupportables. ‘Abdarrahman fut également de ceux qui participèrent à la hijra (émigration) de La Mecque vers Médine. En arrivant à Médine, il était totalement démuni, les négateurs s’étant emparés de l’ensemble de ses biens.

Dans un souci de cohésion fraternelle et sociale, le Prophète ﷺ demanda à chaque auxiliaire (médinois), dès les premières heures de son arrivée à Médine, de fraterniser avec un émigrant (mecquois).  Le Prophète ﷺ présenta ainsi ‘Abdarrahman  au compagnon médinois Sa’d ibn Rabî’. Selon les récits rapportés, Saʿd l’accueillit avec générosité et magnanimité : « Mon frère ! Je suis l’un des hommes les plus riches de Médine. J’ai deux vergers et deux épouses. Je te cèderai le verger que tu veux et divorcerai de la femme que tu aimerais épouser ».  

Mais homme de principe qu’il était, ‘Abdarrahman ne voulut point abuser de la générosité de son frère en Islam et lui répondit : « Que Dieu vous bénisse, ta famille et ta richesse ! Indique-moi seulement le chemin qui mène au marché. Je désire uniquement faire quelques achats et combler mes besoins ». Lorsque le Messager de Dieu ﷺ entendit les paroles d’Abdarrahman ibn ‘Awf, il en fut très satisfait et fit des invocations pour lui.

Image recontextualisée de la mosquée du Prophète ﷺ

‘Abdarrahman se donc rendit au marché où il conclut quelques affaires avec le peu d’argent qu’il possédait. Ses profits s’accumulèrent peu à peu jusqu’à ce qu’il soit capable financièrement de se marier. Suite à son mariage, le Messager de Dieu lui fit cette invocation : « Que Dieu te bénisse dans tes biens ». L’invocation du Prophète ﷺ fit de lui un prospère commerçant. « Les richesses de ce bas-monde vinrent alors à moi au point que je pensais que si je soulevais une pierre, je trouverais de l’or ou de l’argent en-dessous ! », témoigna lui-même ‘Abdarrahman Ibn ‘Awf. 

Une richesse au service de l’Islam

Malgré cette richesse accumulée, ‘Abdarrahman ne manqua pas d’être présent aux premières batailles des musulmans. Il fut notamment de ceux qui restèrent ferme, lors de la bataille d’Ouhoud, auprès du Prophète alors qu’une partie des compagnons s’étaient enfuis. Il sortit de cette bataille avec une vingtaine de blessures. Sa générosité ne manquait jamais de se manifester chaque fois que la communauté musulmane éprouvait des difficultés financières.

Quand le Prophète ﷺ décida d’envoyer une expédition à Tabouk, la dernière bataille de sa vie, il manquait certes de moyens financiers et matériels mais aussi d’hommes face aux forces byzantines. Le peu d’équipements militaires et de montures disponibles réduisait l’effectif des troupes musulmanes. L’armée fut d’ailleurs désignée sous le nom de « l’armée de la difficulté ».

Durant les préparatifs, le Prophète lança un appel au don et le premier à y répondre fut ‘Abdarrahman ibn ‘Awf. A lui seul, il donna une grosse quantité d’or à tel point que ‘Omar confia au Messager de Dieu : « Je crains qu’Ibn ‘Awf n’ait commis un péché. Il n’a rien laissé à sa famille. » Le Prophète ﷺ convoqua alors Ibn ‘Awf et lui demanda s’il avait laissé quelque chose à sa famille, ce à quoi il répondit : « Ce que Dieu et son Messager ont promis comme subsistance, comme bien et comme récompense ».

Montagne d’Ouhoud

L’armée musulmane se mit alors en route pour Tabouk. C’est pendant ce voyage qu’Abdarrahman eut le plus grand honneur dont personne d’autre avant lui n’avait pu bénéficier. A l’heure de la prière, les musulmans le choisirent comme imam en l’absence du Prophète ﷺ. La première rakaat (génuflexion) était presque achevée lorsque le Prophète les rejoignit dans les rangs des prieurs. Existe-t-il plus grand honneur pour quelqu’un que de guider la prière en ayant derrière lui la meilleure des créatures, l’imam des Prophètes : Mohammad ﷺ ? 

Son dévouement aux mères des Croyants

Après la mort du Prophète ﷺ, ‘Abdarrahman décida de prendre en charge personnellement sa famille (les Mères des Croyants). Il allait partout où elles allaient et il effectua même le Hajj avec elles pour s’assurer qu’elles ne manquent de rien. Après avoir vendu un morceau de terre pour quarante mille dinars, il distribua la totalité de la somme aux Banou Zahra (la tribu d’origine de la mère du Prophète, Amina), aux pauvres parmi les musulmans et aux femmes du Prophète.  

Quand Aïsha reçut une partie de cet argent, elle demanda d’où il provenait. On lui répondit que c’était un don d’Abdarrahman Ibn ‘Awf. Aïsha déclara alors : « Le Messager de Dieu ﷺ a dit :  » seuls les patients prendront soin de vous après moi. ». L’invocation du Prophète ﷺ dans laquelle il demanda la bénédiction pour les biens d’Abdarrahman n’a cessé de le couvrir au point qu’il devienne le plus riche et fortuné des compagnons.

En effet, son commerce se mit à prospérer sans commune mesure. Un jour, une caravane d’Abdarrahman, composée de sept cents montures, arriva à Médine. Cette année-là, il y eut une famine. A peine était-elle rentrée dans Médine que la terre trembla et on entendit un fracas et un vacarme. L’épouse du Prophète, Aïsha demanda : « Quel est donc ce bruit ? ».

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Quand on lui répondit que c’était le sérail d’Abdarrahman ibn ‘Awf qui avait fait irruption dans la ville en transportant du blé, de la farine et des aliments, elle s’écria : « Que Dieu le bénisse dans ce qu’Il lui a donné dans ce bas-monde. Et la récompense de l’au-delà est plus grande. J’ai certes entendu le Messager de Dieu dire : « ‘Abdarrahman Ibn ‘Awf entrera au Paradis en rampant ».  

A peine eut-il vent de cette bonne nouvelle qu’Abdarrahman courut à toute allure chez l’épouse du Prophète et lui dit : « Mère, tu as vraiment entendu cela du Messager de Dieu ? ». Après son acquiescement, il sauta alors de joie et déclara : « Si je pouvais, j’y entrerais debout. Je te prends à témoin Mère que la totalité de cette caravane avec tout ce qu’elle comporte sera donné en aumône dans le sentier de Dieu ». Puis, il se mit à distribuer toute sa marchandise aux habitants de Médine.  

La proximité d’Abdarrahman avec les califes « bien-guidés »

En août 634, le calife Abou Bakr, au seuil de son décès, fit venir spécifiquement ‘Abdarrahman Ibn ‘Awf et ‘Othman Ibn ‘Affan pour les informer qu’il avait désigné ‘Omar ibn al-Khattab comme successeur au commandement de la communauté musulmane. Preuve de sa stature et de son importance parmi les grands compagnons du Prophète ﷺ.

Malgré sa richesse et ses commerces, ‘Abdarrahman continua d’assister aux nombreuses batailles au sein de l’armée musulmane. Il fut notamment témoin de la grande bataille d’al-Qadisiyyah, contre les perses, qui eu lieu en l’an 15 de l’hégire. Il participa également à la bataille de Jalula l’année suivante. Sous le califat d’Omar, ‘Abdarrahman ne prit aucune responsabilité. Il poursuivit principalement un rôle d’enseignant, de conseiller et assuma la direction du convoi des pèlerins lors du Hajj annuel.

La générosité d’Abdarrahman ne faiblit pas avec le temps. Il continua à donner tant secrètement qu’ouvertement. Plus tard, après la conquête de Jérusalem, ‘Abdarrahman Ibn ‘Awf fut notamment impliqué dans la rédaction de « l’alliance d’Omar », un pacte de paix ratifiée entre le calife et les habitants chrétiens de Jérusalem.

Peu avant la mort du calife Omar, en 644, ‘Abdarrahman fut l’une des six personnes choisies pour former le conseil de consultation (choura) destiné à élire le prochain Commandeur des Croyants. Le groupe était composé de Sa’d Ibn Abi Waqqas, Zoubayr ibn al-‘Awwam, Talha ibn ‘Oubayd Allah, ‘Ali ibn Abi Talib et ‘Othman ibn ‘Affan. 

Son rôle dans l’élection d’Othman Ibn ‘Affan

‘Abdarrahman déclara, en amont, qu’il ne souhaitait pas lui-même devenir calife, mais qu’il voulait bien aider à choisir le futur émir des croyants. Le conseil de consultation accepta sa requête et ‘Abdarrahman prit son rôle très à cœur. Au terme des trois jours de la consultation, deux candidats étaient ex-aequo : ‘Ali et ‘Othman.

‘Abdarrahman Ibn ‘Awf se proposa comme arbitre aux deux hommes qui acceptèrent son arbitrage. Il les convoqua et leur demanda s’ils s’engageaient à suivre la sunna des deux premiers califes Abu Bakr et ‘Umar. ‘Othman se montra plus affirmatif que ‘Ali qui joua la carte de l’humilité.

Ce fut donc ‘Othman que choisit ‘Abdarrahman Ibn ‘Awf. Une décision qu’il allait regretter quelques années plus tard, au moment où les germes de la Grande fitna éclatèrent avec des décisions politiques contestables de ‘Othman. ‘Abdarrahman Ibn ‘Awf ne manqua pas dans ces circonstances de rappeler à ‘Othman ibn ‘Affan son serment.

‘Abdarrahman Ibn ‘Awf meurt à Médine en l’an 32 de l’Hégire (653) à l’âge de 75 ans. Juste avant de mourir, il offrit à tous ceux qui étaient présents à la bataille de Badr et aux mères des croyants une somme de quatre cents dinars en or. Le calife ‘Othman ibn ‘Affan présida la prière funéraire sur ‘Abdarrahman. Il fut enterré au cimetière d’Al-Baqi à Médine.  

Tombe d’Abdarrahman Ibn ‘Awf au cimetière d’Al-Baqi, Médine

« Tu es en sécurité parmi les habitants du ciel et de la terre »

Contrairement à ce que l’on peut croire, ‘Abdarrahman considérait son impressionnante richesse comme source d’inquiétude et d’angoisse au point où il confia : « J’ai tellement accumulé de l’argent dans l’ici-bas que je crains d’être séparé de mes frères dans l’Au-delà ».

Lorsque son patrimoine augmentait, la générosité d’Abarrahman augmentait proportionnellement. Toutefois, cette richesse n’affecta pas son cœur. Il resta humble, compatissant, croyant et très généreux. Quand il était parmi les démunis, les gens ne pouvaient pas le distinguer d’eux.

L’imam et calife ‘Ali Ibn Abi Talib rapporta que le Prophète ﷺ disait de lui : « Toi [Ibn ‘Awf], tu es en sécurité parmi les habitants du ciel comme parmi ceux de la terre ». ‘Abdarrahman Ibn Awf faisait, sans nul doute, partie de : {Ceux qui dépensent leurs biens dans le sentier d’Allah sans faire suivre leurs largesses ni d’un rappel ni d’un tort, auront leur récompense auprès de leur Seigneur. Nulle crainte pour eux, et ils ne seront point affligés} S.2 – V.62

Ibrahim Madras

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