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‘Abd Allah Ibn Mas’ud, gardien du Livre de Dieu

« Que celui qui souhaite réciter le Coran exactement comme il a été descendu, qu’il le récite comme le récite Ibn Umm ‘Abd » a déclaré le Prophète à propos d’Abd Allah Ibn Mas’ud. Compagnon de la première heure, illustre exégète du Coran et parmi les premiers transmetteurs de la tradition prophétique, Ibn Mas’ud fut instruit à l’école de la maison prophétique. Portrait.

Abd Allah Ibn Mas’ud est né une quinzaine d’année avant les premières révélations coraniques (en l’an 594 G). Son nom complet est Abu ‘Abd al-Rahman ‘Abd Allah Ibn Mas’ud Ibn Ghafil Ibn Habib al-Hudhali. Il aurait été la sixième personne à s’être convertie à l’Islam. Il fut notamment l’un des premiers transmetteurs de la tradition prophétique et un exégète renommé du Coran.

Né à la Mecque, la lignée d’Ibn Mas’ud remonte à la tribu arabe des Banu Hudhayl. Les gens l’appelaient également Ibn Umm ’Abd ce qui signifie « le fils de la mère d’un serviteur« . Dans son enfance il fut un berger et gardait les mouton d’Uqbah Ibn Muʿayt, un des chefs Quraïchites, dans les pistes montagneuses de La Mecque.

Rencontre avec le Prophète ﷺ et Abu Bakr

Un jour alors qu’il veillait sur le troupeau, le jeune ʿAbd Allah aperçut deux hommes aux allures vertueuses se diriger vers lui. Manifestement, ils semblaient très fatigués. Ils avaient tellement soif que leurs lèvres et leurs gorges étaient bien sèches. Ils s’approchèrent de lui, le saluèrent et lui dirent : « Jeune homme, peux-tu traire une de ces brebis pour nous afin que l’on puisse étancher notre soif et reprendre quelques forces ? », « je n’y suis pas autorisé », répliqua le jeune berger, avant de poursuivre : « les brebis ne m’appartiennent pas, ma responsabilité ne se limite qu’à leur garde ».

Les deux hommes n’ont alors pas cherché à argumenter avec lui, malgré leur forte soif ; ils furent ravis de cette franchise spontanée. Ces deux hommes étaient le Prophète ﷺ et son compagnon Abu Bakr Siddiq. Le Prophète demanda ensuite à ‘Abd Allah : « As-tu une brebis qui ne donne pas de lait, non encore saillie par le mâle ? ». Le berger acquiesça et lui apporta la brebis. Le Prophète la prit, essuya le pis puis invoqua Dieu, si bien que le lait afflua dans le pis.

Alors, Abu Bakr alla apporter une pierre en forme de creux. Le Prophète y tira du lait puis donna à boire à Abu Bakr et à ‘Abd Allah. Le jeune garçon fut impressionné par le Prophète ﷺ et son compagnon. Très vite, il s’attacha à eux. Enclin vers la droiture, la spiritualité et rejetant les idoles païennes de son peuple, ‘Abd Allah ne tarda pas à embrasser l’islam. Il serait la sixième personne à se convertir. Il se proposa directement d’être au service personnel du Prophète ﷺ qui accepta.

Depuis ce jour-là le jeune berger ʿAbd Allah Ibn Masʿud renonça à la garde des brebis pour se dévouer au service de l’envoyé de Dieu. Il fut instruit à « l’école » du Prophète ﷺ. Il se joignait à lui lors de ses déplacements de même qu’au cours de ses expéditions. Dans la maison du Prophète, une éducation unique lui fut dispensée. Il vivait sous sa guidance et adopta ses manières et le suivit dans toute chose.

Le premier, après le Messager, à faire entendre le Coran à la Mecque

‘Abd Allah fut notamment l’un des plus illustres récitateurs du Coran parmi les compagnons et le comprenait encore mieux que tous. Le Prophète ﷺ conseillait souvent à ses compagnons d’écouter et de réciter la récitation d’Ibn Mas’ud. Dans une tradition, on rapporte qu’un jour, le Prophète appela ‘Abd Allah et lui demanda de réciter devant lui. Le compagnon, étonné, déclara : « Je dois te faire une récitation, alors que c’est sur toi que le Coran est descendu, ô Messager de Dieu ? », « c’est que j’aime l’entendre de quelqu’un d’autre », lui répondit le Messager.

« Abdallah Ibn Mas’ud est le premier, après le Messager à faire entendre le Coran à la Mecque » souligne le compagnon Zubayr Ibn Al-’Awwam qui rapporte, à ce sujet, le récit suivant : « Un jour, les compagnons du Messager se sont dit : « Par Dieu, les Qouraych n’ont pas encore entendu le Coran se réciter à eux… Y a-t-il quelqu’un qui va le leur faire entendre ? », ‘Abd Allah Ibn Mas’ud dit alors : « Moi, je le ferai. » Ils ont dit : « On craint pour toi leur réaction. On veut plutôt quelqu’un qui peut être défendu par son clan … » Il a dit : « Laissez-moi. Dieu va me protéger d’eux ».

« Après quoi, Ibn Mas’ud s’en alla en plein jour à la station d’Ibrahim, où il récita : { Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux / Le Tout Miséricordieux ! / Il enseigna le Coran * ayant créé l’homme / Il lui enseigna à s’exprimer clairement / Le soleil et la lune au calcul obéissent / la pousse végétale et l’arbre se prosternent } (S.55, v.1 à 6). Les notables qui étaient assis tout près dans leur cercle se sont levés et se sont mis à le frapper, pendant que lui récitait… Quand il est retourné à ses compagnons, ces derniers ont dit : « Voilà ce que nous avons craint pour toi. » Il leur a alors dit : « Si vous voulez, je recommencerai cela demain ».

« Récitez comme Ibn Umm ‘Abd ! »

Rien ne peut illustrer l’attachement d’Ibn Mas’ud, au Livre de Dieu, mieux que le récit de l’homme qui interpella un jour ʿUmar Ibn Al-Khattab, alors calife, au moment où il se trouvait dans la plaine d’Arafat : « Ô Amir al-Muminîn (Commandeur des Croyants) ! je reviens de Kufa [en Irak] où un homme est en train de retranscrire le Coran en se basant sur sa mémoire », lui dit l’homme. ʿUmar se fâcha et entreprit les cents pas autour de son chameau : « Quelle est l’identité de cet homme ? demanda ʿUmar. — ʿAbd Allah Ibn Masʿud, répondit l’homme ».

Alors la colère de Umar s’estompa et il retrouva son calme : « Malheur à« toi, dit-il à l’homme, par Dieu, je ne connais aucun homme qui ne soit aussi doué dans cette matière que lui. Une nuit le Messager de Dieu ﷺ était en train de s’entretenir avec Abu Bakr, et moi-même, au sujet de la situation des musulmans. Lorsque le Prophète décida de partir, nous l’avons aussi raccompagné. Nous avions traversé la mosquée où se trouvait un homme debout en pleine prière que nous n’avions [au départ] pas reconnu.

Lire également : Abu Dharr Al-Ghifari, l’homme du désert 

Le Prophète s’était alors arrêté afin de l’écouter puis il se retourna et [nous] dit : « Quiconque désir réciter le Coran dans le même style qu’au moment de sa révélation alors qu’il le récite dans le même style de Ibn Umm ʿAbd”. Après sa prière ʿAbd Allah s’était assis et commença à faire ses invocations, puis le Prophète ﷺ dit alors : « Implore et tu seras exaucé, implore et tu seras exaucé ».  

ʿUmar poursuivit : « Je me suis dit que je devais absolument voir ʿAbd Allah Ibn Masʿud pour lui annoncer l’heureuse nouvelle que venait de prononcer le Prophète à son sujet, je voulais lui dire que ses invocations étaient exaucées. C’est ce que j’allais faire mais je me suis rendu compte que Abu Bakr m’avait devancé et lui avait annoncé la nouvelle. Par Dieu, je n’ai jamais encore réussi à devancer Abu Bakr lorsqu’il s’agit de réaliser une bonne action ». Abu Musa Al-Ach’ary décrivait ‘Abd Allah en ce termes : « Ne m’interrogez sur aucune chose aussi longtemps que ce savant est parmi vous ».

Premières frictions politiques

‘Abd Allah Ibn Masʿud n’était pas seulement un spécialiste du Coran. Il a aussi participé à la bataille de Badr où il a tué Abu Jahl. Le Prophète ﷺ fut si heureux de la mort d’Abu Jahl qu’il offrit l’épée de ce dernier à Ibn Mas’ud. Selon Ibn Al-Abbas, il fut aussi l’un des rares compagnons du Prophète à ne pas l’avoir abandonné lors de la bataille d’Uhud. Durant le califat d’Abu Bakr, Ibn Mas’ud participa aux batailles contre les tribus récalcitrantes à verser la Zakat. Il participa notamment à la conquête de la Syrie sous le règne d’Umar.

Il vécut en Syrie pendant un certain temps et fut chargé de la magistrature et de l’enseignement du Coran. En l’an 21 de l’hégire, ‘Abd Allah fut contraint, par un ordre du calife ‘Umar, de se rendre à Kufa, en compagne d’Ammar Ibn Yassir, afin de superviser le trésor public et le système judiciaire de la ville. Dans une lettre envoyée aux habitants de Kufa, ‘Umar déclara : « Je vous envoie ‘Ammar Ibn Yasir en tant qu’émir et Ibn Mas’ud en tant qu’enseignant et vizir. Ce sont parmi les honorables, des compagnons de Mohammad ayant combattu à Badr »

A la mort d’Umar, Ibn Mas’ud se rendit à Médine et prêta serment d’allégeance à ‘Uthman Ibn ‘Affan qui le maintint à son poste à Kufa. Il retourna donc en Irak et appela les gens à prêter allégeance au nouveau calife. La politique du nouvel émir des croyants suscita toutefois la critique de nombreux compagnons, dont ‘Abd Allah Ibn Mas’ud, qui lui reprochèrent de ne pas suivre la tradition du Prophète ﷺ et de ses successeurs.

Ils critiquèrent notamment la nomination de gouverneurs descendants de ceux qui ont combattu le Prophète (Banu Umayya) et l’éviction des compagnons en poste précédemment. ‘Abd Allah fut lui-même démis de ses fonctions au Trésor public à la faveur de Marwan Ibn al Hakam que le Prophète ﷺ avait banni. Il déclara, à cet effet, aux habitants de Kufa, qui voulurent le garder : « Je dois obéir (au calife). Il va y avoir des troubles, alors je ne veux pas être le premier qui ouvrira leurs portes ». 

Le retour ultime vers Médine

Autre friction, lorsqu’Uthman ordonna à Zayd Ibn Thabit de rassembler le Coran afin d’en fournir la version officielle, il ordonna à Ibn Mas’ud de rendre sa version du Coran (ce qu’on a nommé Mushaf de Ibn Mas’ud) afin qu’elle soit détruite avec les autres versions non officielles. Selon certains récits, Ibn Mas’ud a d’abord refusé de soumettre ses versions, mais il fut finalement contraint de les rendre.  

Durant son voyage de retour vers Médine, ‘Abd Allah Ibn Mas’ud et un certain nombre de compagnons passèrent dans le désert et, par coïncidence, remarquèrent le corps d’Abu Dharr, décédé peu de temps avant. Ils l’enveloppèrent alors puis ‘Abd Allah exécuta la prière mortuaire sur lui, à Rabatha, en périphérie de Médine où Abu dharr avait été expulsé. 

En l’an 32 de l’hégire, alors en route vers la Mecque pour le pèlerinage, ‘Abd Allah fut ratttrapé par la maladie. En une nuit, il retourna auprès de son Créateur. La prière mortuaire fut conduite par Zubayr Ibn Al-Awwam et il fut enterré dans le cimetière d’Al-Baqi, à Médine. 

Ibrahim Madras

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