Téhéran conditionne toute négociation sur son programme nucléaire à la cessation des attaques israéliennes. Washington annoncera son entrée en guerre ou non dans les deux semaines.
Une semaine après le lancement de sa campagne militaire, Israël affirme avoir visé des dizaines d’infrastructures militaires dans la nuit : usines de missiles, centre de recherche lié au nucléaire à Téhéran, et bases dans l’ouest et le centre du pays. Les forces de défense israéliennes indiquent avoir aussi détruit des batteries SAM dans le sud-ouest pour assurer leur supériorité aérienne. Selon l’agence Fars, un bâtiment de cinq étages à Téhéran, abritant une boulangerie et un salon de coiffure, a été touché, causant au moins cinq blessés.
Riposte iranienne et nouvelles frappes
Tôt vendredi, l’Iran a lancé des missiles sur Be’er Sheva, dans le sud d’Israël. Les médias israéliens rapportent des impacts à Tel-Aviv, dans le Néguev et à Haïfa, à la suite d’attaques ultérieures. Un responsable militaire israélien a précisé que « vingt missiles » avaient été tirés, avec au moins deux blessés recensés.
Position de la Maison-Blanche
Le directeur général de l’AIEA met en garde contre les frappes sur des installations nucléaires, prônant une « retenue maximale ». De son côté, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a prévenu devant le Conseil de sécurité que ce conflit « pourrait déclencher un incendie incontrôlable », exhortant toutes les parties à « donner une chance à la paix ».
La Maison-Blanche a indiqué jeudi que le président Trump déciderait dans les deux prochaines semaines du rôle des États-Unis dans ce conflit.
Réaction militaire et stratégique iranienne
D’après Fars, l’Iran a utilisé « des missiles longue portée et ultra-lourds » ainsi que des drones contre des objectifs militaires, industriels et des centres de commandement. L’opération a impliqué environ une vingtaine de missiles. Face à la crainte de frappes visant des infrastructures énergétiques en Iran ou dans le Golfe, le Qatar a mené des discussions de crise avec les principaux acteurs du secteur énergétique, selon des sources diplomatiques et des acteurs industriels.
Conditions iraniennes pour les négociations
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araqchi, a pour sa part affirmé qu’« il n’y avait aucune possibilité de négociations avec les États-Unis tant que l’agression israélienne ne cessera pas ». Arrivé à Genève, il a rencontré ses homologues européens dans l’espoir de relancer la diplomatie.
De leur côté, les Européens entendront qu’« les États-Unis restent ouverts à des discussions directes », même si les diplomates jugent les espoirs limités. Un haut responsable iranien a indiqué que l’Iran accepterait de discuter de limitations de l’enrichissement d’uranium, mais rejetterait toute proposition d’« enrichissement zéro », « surtout maintenant sous les frappes israéliennes ».
Selon l’Agence de presse des militants des droits de l’homme (HRA), les frappes israéliennes ont causé 639 morts en Iran, parmi lesquels des officiers supérieurs et des chercheurs nucléaires. En Israël, les autorités déplorent 24 civils tués par des missiles iraniens, un bilan largement sous-estimé en raison de la politique israélienne de dissimulation des pertes.
Escalade diplomatique et sanctions
Le président Trump, alternant menaces contre Téhéran et appels à la reprise des négociations nucléaires, a dépêché son envoyé Steve Witkoff pour discuter avec Araqchi depuis la semaine dernière. L’administration américaine a aussi annoncé vendredi de nouvelles sanctions contre des entités iraniennes afin de perturber leurs efforts en technologie à double usage.
Les médias officiels iraniens rapportent des rassemblements dans plusieurs villes, présentés comme des manifestations de « solidarité et de résistance ».