« Une publication non réglementaire et inacceptable » dénonce le rectorat. Contrevenant au respect de la vie privée, le directeur d’une école de La Courneuve a affiché, le 6 juin dernier, les raisons de l’absence de huit professeurs durant l’Aïd Al-Adha 2025. « Une banalisation inquiétante des discours islamophobes » s’insurge, dans un communiqué, l’intersyndicale éducation 93. Explications.
Huit enseignants de l’établissement Angela Davis, à La Courneuve, ont découvert la raison de leur absence placardée sur la porte de l’école, le vendredi 6 juin, au mépris du principe de laïcité. « Les parents d’élèves étaient extrêmement choqués. Indiquer les absences, c’est normal. Mais indiquer un motif, d’autant plus pour une fête religieuse, ça c’est une faute grave », s’insurge Catherine Da Silva, syndicaliste à la FSU-SNUipp93. L’auteur de l’affichage a été convoqué par le rectorat.
Une « mise en danger » des enseignants affichés
Sur l’affiche, on pouvait lire : « Vendredi 6 juin : absents ». Une simple liste, à première vue, répertoriant huit professeurs absents et les classes fermées. Mais en rouge et en lettres capitales en bas de la feuille apparaissait la mention « FÊTE RELIGIEUSE », suivie d’une référence au « Débarquement de Normandie de 1944 ». Une juxtaposition qui a indigné parents et syndicats.
Cette liste a été publiée la veille de l’Aïd-el-Kébir, fête annuelle musulmane, visant donc directement les personnels absents ce jour-là pour raisons religieuses. Rédigée par le directeur, elle déroge à l’obligation de réserve et de respect de la vie privée des agents placés sous son autorité.
« Indiquer les absences, c’est normal. Mais indiquer un motif, d’autant plus pour une fête religieuse, ça c’est une faute grave. » Onze jours après les faits, Marie-Hélène Plard, co-secrétaire départementale du SNUipp-FSU, ne décolère pas. Tout comme les syndicats du premier degré de Seine-Saint-Denis, qui ont publié un communiqué dénonçant une « mise en danger » des enseignants concernés.
Un acte volontaire discriminatoire
« Cette pratique constitue une atteinte grave à la vie privée et à la protection des agents. En exposant le motif de leur absence, pourtant parfaitement légal et autorisé par la hiérarchie, ces collègues ont été mis et mises en danger », écrit le syndicat dans son communiqué.
En effet, l’absence des enseignants pour des fêtes religieuses est parfaitement encadrée par la loi. Une circulaire du 10 février 2012 rappelle que « les chefs de service peuvent accorder aux agents qui désirent participer aux cérémonies célébrées à l’occasion des principales fêtes propres à leur confession, les autorisations d’absence nécessaires ».
Face à l’indignation des professeurs et des familles, la direction académique a ordonné le retrait immédiat de l’affiche. « Mais depuis, plus rien. Sauf qu’entre-temps, les langues se sont déliées sur cette direction et son approche très personnelle de la laïcité », déplore Catherine Da Silva. « Il semble difficile de ne pas voir dans ce procédé un caractère intentionnel et discriminatoire », estime Gilles Poux (PCF), maire de La Courneuve, dans un courrier adressé aux enseignants.
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Le directeur se met en arrêt maladie
« L’émotion est vive, tant chez les personnels que parmi les familles, choqués de voir ainsi des agents stigmatisés. Dans un contexte national marqué par une recrudescence de l’islamophobie, il est urgent de réaffirmer les principes de respect, d’égalité et de non-discrimination », souligne l’intersyndicale de Seine-Saint-Denis, dans un communiqué publié vendredi.
Depuis, le directeur est en arrêt maladie. « Aujourd’hui, on se demande comment on protège les collègues face à un directeur qui minimise les faits. Comment peut-il rester sur l’école ? On demande à minima la protection fonctionnelle », conclut Catherine Da Silva.
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