Une délégation de parlementaires et élus français de gauche a dénoncé dimanche une « punition collective » après l’annulation de leurs visas par Israël, deux jours avant leur départ. Prévu du 20 au 24 avril, leur déplacement, notamment dans les Territoires palestiniens, avait été organisé à l’initiative du Consulat français à Jérusalem. Zoom.
Une trentaine d’élus de gauche, conviés par le Consulat français à Jérusalem et soutenus par l’Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises, se sont vus refuser l’accès en Israël. Leur visite prévue cette semaine s’inscrivait dans le cadre de projets de coopération avec les réfugiés palestiniens.
Annulation pour troubles « aux intérêts d’Israël »
Ce dimanche 20 avril, soit à deux jours du départ prévu, les autorités israéliennes ont annulé les visas d’entré de 27 élus français, pourtant validés plusieurs semaines auparavant. Cette décision s’appuie sur une loi israélienne qui interdit l’entrée aux personnes jugées contraires aux intérêts de l’État, selon le ministère israélien de l’Intérieur. La délégation française explique dans un communiqué :
« Invités par le Consulat français à Jérusalem, nos missions depuis 35 ans permettent de renforcer les coopérations internationales et la culture de la paix. Pour la première fois, à deux jours de notre départ, les autorités israéliennes ont annulé nos visas d’entrée alors qu’ils avaient été approuvés il y a un mois. »
Pour François Ruffin, député de la Somme, cette situation est totalement inédite : « Ça fait 35 ans qu’ils organisent des délégations de cette nature. En 35 ans, il n’y a pas eu un refus de cette manière-là ».
"La France devrait taper beaucoup plus du poing sur la table par rapport à ce que fait Israël": Éric Coquerel (LFI) réagit à la délégation d'élus français interdite en Israël pic.twitter.com/xqlJho0T0Z
— Jacques Renardiere (@JRenardiere) April 21, 2025
« La France est humiliée »
Philippe Rio, maire communiste de Grigny, comptait se rendre au camp de réfugiés de Aïda en Cisjordanie pour y rencontrer des apprenants du français. Il se dit déçu, tandis qu’Ali Rabeh, maire de Trappes, parle d’un profond dégoût : « On n’est pas des touristes. Nous sommes des maires et des députés qui allaient contribuer à une mission de paix. »
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Selon ce dernier, cette décision est une réaction aux déclarations récentes d’Emmanuel Macron concernant la reconnaissance d’un État palestinien : « Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, d’extrême droite, doit comprendre qu’il y a des limites. On ne peut pas altérer de cette façon les relations internationales avec un grand pays comme la France sans conséquences. »
Les élus demandent une réponse ferme de la part de l’État français : « Empêcher délibérément des élus et parlementaires ne peut rester sans conséquences. Nous demandons que cette situation soit clarifiée, que notre délégation soit reçue par le président de la République et qu’il mette tout en œuvre auprès des autorités israéliennes pour nous autoriser à un nouveau déplacement dans les meilleurs délais », déclarent-ils dans un communiqué collectif.
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