Académicien et universitaire reconnu pour son expertise des penseurs musulmans médiévaux tels qu’Avicenne et Ibn Taymiyya, l’islamologue belge Yahya Michot s’en est allé. Erudit et acteur de terrain, le professeur Jean Yahya Michot est décédé ce mardi 1er avril 2025 aux États-Unis. Hommage.
C’est par l’intermédiaire d’un communiqué de la Ligue des Musulmans de Belgique (LMB) que l’information fut divulgué. Le professeur et universitaire émérite Yahya Michot est décédé, ce mardi, à l’âge de 73 ans aux États-Unis. Reconnu pour son expertise de l’Islam médiéval (notamment du penseur damascène Ibn Taymiyya), il a occupé une place centrale dans la représentation des musulmans en Belgique et a apporté une contribution majeure aux études islamiques à l’échelle mondiale.
Parcours de Yahya Michot
Né le 3 juillet 1952 à Thuin, en Belgique, Yahya Michot a suivi un parcours en philosophie à l’Université catholique de Louvain (UCLouvain). En 1981, il y soutient une thèse de doctorat intitulée « La destinée de l’homme selon Avicenne ». Il devient ensuite assistant, puis chef de travaux à l’Institut supérieur de philosophie de l’UCLouvain.
De 1995 à 1998, Yahya Michot prend la présidence du Conseil supérieur des musulmans de Belgique (CSMB). En 1998, il rejoint l’Université d’Oxford au Royaume-Uni, où il enseigne la théologie islamique et la langue arabe jusqu’en 2008.
Il poursuit ensuite sa carrière au Hartford Seminary, aux États-Unis, en tant que professeur d’études islamiques et de relations islamo-chrétiennes. Il y assume également la fonction de co-éditeur de la revue The Muslim World.
Spécialiste du savant damascène Ibn Taymiyya
Expert en islam médiéval, Yahya Michot s’est distingué par ses recherches approfondies sur Avicenne et Ibn Taymiyya, ce dernier étant l’un des théologiens les plus influents de Damas. Il a notamment réalisé des traductions annotées d’ouvrages majeurs d’Ibn Taymiyya, parmi lesquels « Lettre à un roi croisé », publié aux éditions Tawhid, « Les saints du Mont Liban » paru chez Al-Bouraq, ainsi que « Etudes taymiyennes » chez le même éditeur.
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Ces dernières années, Yahya Michot a voyagé à travers le monde, partageant ses connaissances et collaborant avec de nombreuses institutions académiques. Après avoir pris sa retraite du Hartford Seminary en avril 2018, il posa définitivement ses valises à Istanbul, en Turquie.
Hommages et héritages
Suite à l’annonce de son décès, plusieurs personnalités musulmanes lui ont rendu hommage. Ce fut notamment le cas de l’historien et professeur, Daoud Riffi :
« [Yahya Michot] fut un grand amoureux d’Ibn Taymiyya et d’une grande rigueur universitaire, tout en étant un des pionniers de l’édition islamique francophone, par ses choix éditoriaux en marge, bien souvent, du monde académique. »
L’imam Noureddine Aoussat souligne, de son côté, l’héritage du professeur Yahya Michot qui « a influencé et instruit toute une génération par sa grande érudition et son intégrité ». Le conférencier et enseignant, Mustafa Kastit, proche de l’érudit belge, décrit surtout un « chercheur passionné et infatigable (…) ».
« Son décès constitue pour nous, musulmans d’Europe et d’Occident, une immense perte. Car nous perdons un frère mais également un éminent chercheur universitaire », souligne t-il.
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