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mercredi 24 avril 2024

Yusuf Abd al-Hakim Carrara : posons-nous les bonnes questions sur le coronavirus !

Dans une tribune exclusive que publie Mizane.info, Yusuf Abd al-Hakim Carrara nous propose une lecture spirituelle et traditionnelle de la grande crise consécutive au coronavirus. L’Homme va-t-il tirer des enseignements salutaires de cette épidémie, du confinement, et de la folie de son mode de vie ? Ou se laissera-t-il mourir spirituellement conformément aux signes des Temps annoncés par toutes les grandes traditions spirituelles ? Yusuf Abd al-Hakim Carrara est vice-président de la Communauté Religieuse Islamique (CO.RE.IS.) italienne. Article traduit en français par des membres de l’Institut des Hautes Etudes Islamiques à partir d’une version italienne publiée sur le site Sacrum et Polis.

La situation à laquelle le monde se trouve actuellement confronté, suite à la propagation de la pandémie du coronavirus, risque de changer profondément les conditions concernant notre santé, mais aussi la vie elle-même dans son ensemble.

Sans pouvoir ni vouloir entrer dans le champ plus strictement médico-scientifique, ces conditions pourraient et devraient, cependant, amener à considérer d’autres aspects qui touchent l’être humain dans son intégralité, et qui ne peuvent manquer de conduire à une réflexion sur sa nature et son destin, dans une perspective que nous qualifions ici de « sacrée » et « principielle » par rapport à la société et au quotidien.

À mesure que la situation évolue, il est facile de voir combien la gravité liée à l’urgence sanitaire se répercute au-delà, multipliant les situations critiques dans tous les domaines ; les effets et les dommages sont susceptibles de devenir presque plus dangereux que la cause même qui les a engendrés.

Le monde ainsi conçu et construit s’est rendu compte qu’il est faible et vulnérable, et peut même être attaqué par un organisme microscopique.

De nombreuses certitudes vacillent ; pour beaucoup qui faisaient confiance à un avenir toujours meilleur, c’est un choc, et la quête d’une existence paisible, déjà souvent affectée par d’autres événements dramatiques, entre en crise.

Les événements planétaires semblent se produire et s’accumuler avec une accélération rarement observée.

Nous citons volontiers à cet égard les propos du pape François lorsqu’il affirme que, plus qu’une « époque de changement », nous assistons à un « changement d’époque ».

Cette observation semble rappeler à certains égards les considérations sur la « fin d’un monde » que l’on trouve dans l’œuvre de René Guénon, et sur le principe traditionnel des cycles cosmiques qui se succèdent au cours de la manifestation plus extérieure du Principe qui les crée.

L’humanité, dans la conception traditionnelle, ne se développe pas suivant une évolution linéaire et constante, mais à travers des cycles avec un début et une fin, au sein d’une Création qui se renouvelle à chaque instant, pour reprendre l’expression de certains maîtres musulmans, de sorte qu’au lieu de parler de la « fin du monde », il est plus juste de parler de la fin d’un monde.

En effet, s’il faut d’emblée laisser de côté – et sur certains sujets il est important de le préciser – les hypothèses catastrophistes et les millénarismes pseudo-apocalyptiques, nous ne pouvons éluder la situation sanitaire difficile qui s’est manifestée, en la décrivant de manière superficielle comme une simple anomalie accidentelle et unique en son genre.

L’homme religieux doit toujours être capable de saisir, au-dessus de la surface des choses directement visible, les « signes des temps » propres à telle ou telle phase de l’Histoire, ainsi que le niveau métahistorique.

La succession de plus en plus rapide d’événements qui modifient progressivement nos conditions d’existence n’a jamais été aussi manifeste.

Depuis le début du nouveau millénaire, en moins de vingt ans, nous avons eu plus de chocs planétaires que pendant toute la période (55 ans) qui va de la fin de la seconde guerre mondiale à l’an 2000.

En 2001, avec l’attaque des Twin Towers, le terrorisme s’est dressé contre nos idéaux de sécurité et de liberté absolue de mouvement, idéaux qui ont désormais définitivement disparu après de nouveaux événements et les guerres de riposte qui ont suivi.

Lorsque se produisent des événements comme ceux dont nous tirons ici matière à réflexions, le masque tombe, le rideau se déchire, et les prétendues certitudes s’effondrent, parce que nous n’avons plus les anticorps permettant de nous en prémunir, et de comprendre les choses telles qu’elles sont.

En 2008, c’est le choc économique et financier, avec la plus grande crise de ce type depuis 1929, qui nous met à nouveau au pied du mur. A présent, en 2020, ce sont notre santé et nos relations sociales qui sont en mises en danger.

Cette nouvelle crise vient s’ajouter au phénomène historique, actuellement en cours, de migration de populations entières vers le « riche Occident », et aux bouleversements naturels et climatiques auxquels nous assistons quotidiennement.

Dans ces conditions, la perception que quelque chose change rapidement est plus qu’une simple impression.

Bien sûr, l’Histoire nous a enseigné et nous a habitués à des changements et des bouleversements constants ; cependant, comme René Guénon l’enseigne, l’Histoire ne se répète jamais égale à elle-même, car les possibilités de manifestation se succèdent sans cesse, et chaque événement ou phénomène a une correspondance temporelle précise qui lui est propre, liée à un moment cyclique donné.

Une observation que l’on pourrait faire est que, par le passé, les événements négatifs étaient vécus dans une perspective eschatologique et à la lumière de la foi.

L’homme croyait effectivement à des signes et des actes surnaturels, au sens vrai du terme.

Tout un chacun reconnaissait en son for intérieur le caractère sacré de la terre, qui était perçu en communion avec l’homme et le ciel, ce ciel qui, d’après les traditions extrêmes-orientales, réalise l’unité et fait le lien entre la dimension inférieure, horizontale, et la dimension supérieure, verticale.

De nos jours, tout est conçu d’un point de vue matérialiste et mécaniste qui nous rend incapable d’une conscience supérieure ; il semble ne plus y avoir de lumière ni de perspective.

La amâna, le dépôt sacré dont parle la tradition islamique, patrimoine spirituel confié par Dieu à l’homme qui n’en est que l’administrateur vicaire (khalîfa) sur terre, était encore présent dans les consciences lors des époques précédentes ; ce dépôt de confiance semble aujourd’hui avoir été « retiré », voire « disparu », les hommes l’ont remplacé par un progrès social, économique, technologique et scientifique indéniable, mais qui n’élimine pas pour autant les incertitudes, les peurs et les questions ultimes de l’être humain ; au contraire, il devient même une partie du problème.

Nous n’entendons pas attaquer la science, celle-ci peut et doit coexister avec la foi, puisqu’elles appartiennent toutes deux à des domaines différents, chacune intervenant sur son plan propre.

Cependant, on assiste souvent à une substitution pseudo-religieuse par laquelle le monde moderne, ne pouvant ontologiquement se passer d’une référence à quelque chose de plus élevé, « crée » de nouveaux mythes et de nouveaux récits censés nous conduire vers un avenir plus radieux, cette fois hic et nunc.

Cependant, lorsque se produisent des événements comme ceux dont nous tirons ici matière à réflexions, le masque tombe, le rideau se déchire, et les prétendues certitudes s’effondrent, parce que nous n’avons plus les anticorps permettant de nous en prémunir, et de comprendre les choses telles qu’elles sont.

Si l’on cherche une « explication des choses » d’un point de vue purement quantitatif et matériel, inhérent à la potentialité indistincte et donc inintelligible, on tombe inévitablement dans une approche réductionniste, dépourvue de toute valeur explicative. Si l’on souhaite, en revanche, examiner les choses en tenant compte de leur nature réelle, on doit d’abord considérer leur côté essentiel, qualitatif ; cela revient à dire que la compréhension de la nature de la réalité doit aller du haut vers le bas, et non l’inverse.

En premier lieu, l’inéluctabilité de la mort, que notre société montre pourtant abondamment, en l’anesthésiant dans une virtualité médiatique, est bannie et mise de côté.

La vie que nous vivons, par conséquent, n’est plus conçue, suivant toutes les religions, comme un simple passage, comme une des possibilités d’existence de l’être en vue du salut et d’une connaissance supérieure ; elle est devenue le but ultime de toute chose.

Individuellement, l’homme a peur, cela fait partie de sa nature, c’est une des caractéristiques de l’âme.

Mais ici c’est la perspective eschatologique qui fait défaut, la signification de la mort nous échappe, et nous cédons alors à la panique et à la terreur, bien au-delà d’un sentiment justifié d’inquiétude.

La condition qui s’est installée, par conséquent, fait apparaître de manière encore plus flagrante la situation d’éloignement où nous sommes par rapport au sacré.

Autres faits emblématiques : on est contraint de réguler les cérémonies funéraires pour procéder au plus vite à la sépulture des défunts ; la pratique rituelle, dans les églises et dans tous les lieux de culte, est réduite ou suspendue, ce qui accentue d’autant plus le décalage entre le monde matériel auquel nous nous agrippons, et le monde spirituel auquel nous ne semblons plus faire référence.

Les mesures entreprises à juste titre face à une urgence si forte semblent cependant, là aussi, faire tomber de façon emblématique les derniers voiles, comme si l’homme n’était presque plus dans les conditions de mériter ce rattachement supérieur au monde de l’Esprit.

Ce qui se dévoile, c’est l’indifférence à l’égard des rites et des prières, vécus généralement comme des entraves inutiles, plutôt que comme d’authentiques moments d’ouverture et d’influence spirituelle dont on peut bénéficier communautairement.

Privée de cette dimension, l’affirmation d’un « individualisme absolu » et autosuffisant peut devenir un danger évident.

Il est important de souligner néanmoins, à l’opposé d’une telle attitude, que l’abstention des rites collectifs au profit d’une prière accomplie chez soi peut également représenter, dans les conditions actuelles, un « sacrifice » qui permet précisément de maintenir encore vif le « feu sacré ».

Ce sacrifice va de pair avec le devoir civique évoqué continuellement ces derniers jours, mais sa qualité est encore plus élevée.

Quoi qu’il en soit, il convient toujours de savoir saisir la présence d’une miséricorde supérieure qui permet de maintenir encore un lien vers une espérance renouvelée.

Une autre difficulté que nous rencontrons est que nous ne savons pas ou plus donner à la vie sa juste valeur, et définir en conséquence l’ordre des priorités.

Dans toutes les grandes traditions spirituelles, la vie a une valeur sacrée, et doit donc être traitée avec les égards que Dieu Lui-même nous recommande.

Lorsque la vie devient de plus en plus virtuelle, menée à travers des actions parfois inutiles et superficielles, dans une fausse quiétude qui aliène délibérément ce qui nous déplaît au détriment d’une connaissance plus profonde des choses, pour exalter l’individu sans cesse plus « libre » de tout, alors cette vie-là se retrouve soudainement secouée et bouleversée par la conscience dramatique de notre propre faiblesse face à une réalité inconnue, la conscience d’être en définitive nulle face à la Réalité, une Réalité que nous ne saisissons plus.

En bref, la vie comme telle est idolâtrée, elle n’est plus considérée comme un instrument pour progresser spirituellement, en tant qu’hommes et femmes créés « à Son image » ou « selon Sa forme ».

La recherche spasmodique d’une vie toujours plus longue privilégie l’option du « combien » plutôt que du « comment » l’on vit.

Une illusion vraiment déplaisante que l’on constate, en effet, est celle qui se fonde précisément sur une approche purement quantitative de la réalité.

Nous voulons parler de la méthode caractéristique de certaines sciences pour interpréter le réel, à laquelle échappe tout le côté qualitatif, c’est-à-dire essentiel, des choses.

Si l’on cherche une « explication des choses » d’un point de vue purement quantitatif et matériel, inhérent à la potentialité indistincte et donc inintelligible, on tombe inévitablement dans une approche réductionniste, dépourvue de toute valeur explicative.

Si l’on souhaite, en revanche, examiner les choses en tenant compte de leur nature réelle, on doit d’abord considérer leur côté essentiel, qualitatif ; cela revient à dire que la compréhension de la nature de la réalité doit aller du haut vers le bas, et non l’inverse.

Il semble que, pour apprendre, l’homme soi-disant « évolué » doit forcément faire l’expérience des choses à travers des signes qui se manifestent dans toute leur force (…) Il ne s’agit pas de changer le monde mais de changer soi-même, de se réorienter, de prendre acte des événements de ce monde, et de les considérer comme de nouvelles possibilités de connaissance et d’apprentissage pour notre bénéfice spirituel.

Ainsi, lorsqu’elle est appliquée au domaine humain, c’est-à-dire au domaine le plus proprement qualitatif du monde, l’approche quantitative ne produit qu’une série de visions déformées de la réalité, simplistes et conjecturales, précisément parce qu’elles considèrent comme assimilables, sinon exactement identiques, des faits qui ne sont comparables que dans une moindre mesure et sous certains rapports.

C’est ainsi qu’opère la suggestion des statistiques et des analyses des chiffres qui martèlent en permanence l’opinion publique, par le biais de bulletins d’information qui se succèdent les uns après les autres, pour satisfaire l’angoisse de devoir rester informé en continu, et pour donner l’impression d’un prétendu « contrôle sur les choses » et d’une possibilité de prévision d’un « futur probable ».

Aligner des chiffres et des calculs crée l’illusion d’une exactitude et d’une « pseudo-mathématique », qui ne sont en réalité que des représentations dépourvues de science et d’utilité, sans rapport avec la réalité extérieure, et qui distraient et détournent en fait de la sollicitude à l’instant eschatologique.

L’affrontement quotidien de deux « parties » opposées, se référant pourtant aux mêmes chiffres et statistiques, entre ceux qui considèrent le virus comme très grave et potentiellement explosif pour notre vie, et ceux qui minimisent ou nient sa pertinence, prouvent qu’on est loin de comprendre réellement la maladie.

« Mais, en fait, sans même s’en apercevoir et en vertu d’idées préconçues, on tire indifféremment de ces chiffres à peu près tout ce qu’on veut, tellement ils sont dépourvus de signification par eux-mêmes ; la preuve en est que les mêmes statistiques, entre les mains de plusieurs savants pourtant adonnés à la même « spécialité », donnent souvent lieu, suivant leurs théories respectives, à des conclusions tout à fait différentes, pour ne pas dire même parfois diamétralement opposées. »1

Les débats télévisés, dans lesquels experts, virologues et scientifiques divers ont été interpellés comme des sortes d’oracles, ont montré toute la confusion et l’ambiguïté de positions fondées sur une approche aussi réductrice, qui est, au fond, incapable de rendre compte de la signification profondément spirituelle que les choses et les événements possèdent pour le regard humain.

Une approche bien plus intéressante du danger de cette maladie serait la vision authentiquement eschatologique, qui traite et comprend la « crise » comme une « révélation », c’est-à-dire comme une nouvelle possibilité de connaissance et de dévoilement.

C’est là d’ailleurs l’un des sens du terme « apocalypse », qui renvoie justement à l’idée de découvrir, d’ôter le voile. Et en effet, on pourrait peut-être utilement chercher à découvrir que la maladie d’aujourd’hui, comme d’ailleurs la peste du passé, ne doit pas être interprétée comme une catastrophe qui annihile la réalité des choses, leur vérité et leur stabilité.

Dans cette perspective, la maladie serait plutôt l’événement qui révèle au grand jour les mensonges et les illusions à l’œuvre jusqu’à présent, dans la conception de l’être humain, dans les rapports sociaux, dans la gestion de la vie et du monde, dont la réalité authentique est voilée au regard négligent de l’homme lui-même, trop occupé et saisi qu’il est par les mille questions de la « vie ordinaire ».

Ainsi la maladie, à l’instar du déséquilibre et de l’insécurité inhérente à toute crise, pourrait-elle être interprétée comme ce « vide » apparent et non ordinaire, mais qui peut être en mesure de dévoiler à notre conscience intérieure cette autre petitesse qui rend aride, anonyme et stérile, à cause de sa « chute », l’âme humaine, ainsi que ses rapports, et sa façon d’habiter le réel.

Ce que l’on a vu apparaître également ces derniers temps, c’est la suggestion, la réaction irrationnelle qui se manifeste sous la forme de véritables ondes psychiques collectives, proies faciles aux manipulations en tous genres.

Cette réaction peut se produire face à l’impondérable, mais ce qui est frappant, c’est la difficulté qui se manifeste non seulement au sein de l’opinion publique, mais aussi souvent chez ceux qui devraient gouverner et informer sur les événements avec lucidité et sagesse.

L’information médiatique et la conduite politique risquent parfois de véhiculer et de provoquer des impulsions et des influences qui deviennent ensuite difficilement contrôlables, soit par manque de sensibilité soit par excès d’empathie visant le partage « populaire » des souffrances et des difficultés.

Tout en dénonçant ces erreurs qui peuvent survenir dans l’âme de chaque homme ou femme, nous ne pouvons, en tant qu’hommes de foi, manquer d’indiquer les antidotes qu’il conviendrait de mettre en œuvre pour notre bien.

La question que nous devrions nous poser est la suivante : que devons-nous et pouvons-nous apprendre de moments comme celui-ci ?

Les réponses d’ordre anthropologique et sociologique ont déjà commencé à se faire entendre dans les différents débats médiatiques.

Nous ne croyons pas qu’on puisse opposer une réponse rationnelle aux angoisses irrationnelles, ni d’ailleurs qu’il faille nécessairement en trouver une pour tous les problèmes.

De façon réaliste, on pense qu’une fois cette épreuve passée, grâce à Dieu, pour beaucoup, tout « apparemment » redeviendra comme avant ; toutefois, nous ne pensons pas qu’il en sera réellement ainsi.

Des événements d’une telle ampleur laissent des marques visibles et invisibles, et, lentement mais sûrement, ils changeront notre existence comme cela s’est produit avec les chocs précédents.

Nous tous qui croyons avoir des réponses à presque tout, nous devrions recommencer à apprendre, et ces retraits et repos forcés par rapport aux contingences pourraient être vécus comme l’occasion d’une quarantaine non seulement physique mais aussi intérieure, afin de se recentrer sur l’essentiel : il ne s’agit pas tant de prendre ses distances par rapport aux excès de la vie mondaine que de revoir, repenser notre liberté individuelle, jusqu’à présent mise au-dessus de tout et érigée en valeur absolue et non négociable.

Nous devrions réapprendre à subordonner nos choix individuels au profit d’un bien supérieur et d’un intérêt commun qui a plus que jamais besoin d’être privilégié.

Une « quarantaine de notre ego » donc, dans le sens authentique du mot « quarantaine », synonyme, dans toutes les traditions, de purification et de réintégration dans l’intimité avec le Divin, sous Sa protection contre les influences du « monde subtil » invisible, et non cette pseudo-quarantaine entendue à présent comme une stérilisation et un éloignement d’un mal qui est invisible seulement à nos yeux.

Un moment qui puisse préparer un nouvel espace ouvert à la dimension communautaire, signe d’une fraternité partagée plus profonde.

Nous voudrions faire remarquer, soit dit en passant, que la difficulté et le danger de la situation sont tels parce que tout cela arrive à présent ici, dans notre monde occidental moderne ; c’est nous à présent qui sommes directement attaqués.

Pourtant, ce genre d’urgences est, depuis des décennies, le lot dramatique de régions entières du monde ; c’est notre myopie euro-centriste qui nous les fait voir marginalement.

Il semble que, pour apprendre, l’homme soi-disant « évolué » doit forcément faire l’expérience des choses à travers des signes qui se manifestent dans toute leur force.

Il s’agit probablement, non seulement de savoir saisir ces signes des temps, mais aussi de s’y préparer, et, si possible, de savoir les prévenir dans notre cœur, centre spirituel de l’homme.

Cette préparation passe par un nécessaire changement de mentalité, qui rétablira les choses dans leur ordre originel, même si celles-ci semblent, sur le plan macrocosmique, aller dans des directions communément admises.

Il ne s’agit pas de changer le monde mais de changer soi-même, de se réorienter, de prendre acte des événements de ce monde, et de les considérer comme de nouvelles possibilités de connaissance et d’apprentissage pour notre bénéfice spirituel.

Une telle réponse ne peut qu’être recherchée par des hommes et des femmes de bonne volonté, conformément aux principes de leur foi et à travers leur mise en acte dans la vie de tous les jours.

La tradition islamique invite à « s’agripper à la corde de Dieu », ce qui n’est pas sans rappeler cet Axe vertical qui relie la Terre au Ciel, le rayon qui nous unit au Centre, révélant le sens véritable de cette existence, ou, plus exactement, rendant possible l’existence même.

Aborder la réalité dans son authentique vérité : c’est la seule perspective qui s’avère utile, croyons-nous, pour surmonter les épreuves qui nous sont données en cette vie, en ce monde et pour l’Autre.

Yusuf Abd al-Hakim Carrara

Notes :

1-René Guénon, Le règne de la quantité et les signes des temps, chap. X « L’illusion des statistiques », Gallimard, Paris, 1972, pp. 75-76.

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