La capitale de l’Indonésie, premier pays musulman au monde, ne sera plus Djakarta mais Nusantara. Les détails de cette décision à lire sur Mizane.info.
Le 17 août, le président indonésien Joko Widodo a célébré la Fête de l’indépendance à Nusantara, future capitale du pays. La cérémonie s’est déroulée en version « transition » : le vice-président Mar’uf Amin était à Djakarta. Seulement 1 300 invités, contre 8 000 prévus, ont assisté à l’événement à Bornéo, où la capitale doit être déplacée. Les dignitaires étrangers avaient été informés qu’ils n’y participeraient pas. Le décret de transfert de la capitale de l’Indonésie a donc été reporté indéfiniment en raison de retards dans les travaux. Bien que le palais présidentiel soit construit, les infrastructures et l’aéroport ne sont pas encore prêts.
Djakarta, c’est fini !
Nusantara, signifiant « nation archipel », sera donc la future capitale de l’Indonésie, située sur l’île de Bornéo. Ce projet vise à rééquilibrer le développement du pays, comme Brasilia au Brésil ou Astana au Kazakhstan, en déplaçant la capitale de Jakarta, une métropole de 11 millions d’habitants qui s’enfonce dans la mer. Nusantara, choisie pour être une capitale zéro carbone d’ici 2045, occupe un site largement inhabité, composé de concessions forestières et d’anciennes mines de charbon. Prévue pour accueillir 1,9 million d’habitants en 2045, la ville doit être financée à 80 % par le secteur privé, mais les investisseurs internationaux se montrent réticents malgré les efforts du président Joko Widodo, surnommé « M. Infrastruktur ».
L’État indonésien a déjà dépensé 42 trillions de roupies (2,44 milliards d’euros) pour le projet de la nouvelle capitale Nusantara, autant que l’année précédente. Lors d’un conseil des ministres tenu à Nusantara le 12 août, le président Joko Widodo a défendu ce projet ambitieux, affirmant qu’il offre une occasion rare de construire une capitale à partir de zéro. Il a néanmoins annoncé que le déménagement des 10 000 premiers fonctionnaires prévu en septembre serait retardé. Il a rappelé que la réalisation complète de la nouvelle capitale prendra entre dix et vingt ans.
« La nouvelle capitale Nusantara est une toile sur laquelle nous pouvons dessiner l’avenir, a expliqué Joko Widodo lors du premier conseil des ministres qui s’est tenu à Nusantara le 12 août. Il n’est pas donné à tous les pays la possibilité ou la capacité de construire une nouvelle capitale à partir de zéro » a-t-il ajouté.
La cuisine politique indonésienne
Le président indonésien Joko Widodo souhaite que le transfert de la capitale vers Nusantara soit achevé sous son successeur, Prabowo Subianto, qui a été élu en février avec 58,6 % des voix, un record. Pour s’assurer de cette continuité, Widodo a soutenu Subianto lors des élections, à condition que ce dernier choisisse son fils aîné, Gibran Rakabuming Raka, comme vice-président. Subianto, ancien rival de Widodo, s’est engagé à poursuivre ce projet ambitieux, bénéficiant de la popularité de Widodo pour remporter les élections.
Prabowo Subianto, présent aux côtés du président à Nusantara pour les cérémonies, s’est engagé à accélérer la construction de la nouvelle capitale. Mais il doit aussi honorer une promesse électorale majeure : un programme de gratuité des repas dans les cantines scolaires, avec un budget prévu de 4,12 milliards d’euros pour 2025, presque équivalent aux dépenses déjà engagées pour Nusantara.
Pour parer aux aléas, « M. Infrastruktur » semble faire feu de tout bois pour cimenter son influence : on lui prête l’ambition de prendre le contrôle d’un des premiers partis politiques indonésiens, le Golkar. Et de soutenir, pour les élections municipales de novembre, la candidature d’un autre de ses fils au poste de gouverneur de Djakarta – et éviter ainsi que la capitale, si elle passait dans l’opposition, ne fasse de l’obstruction.
